Le pic des Spijeoles (3065 m) est un 3000 classique du Luchonnais qui se distingue par son panorama extraordinaire sur tous les géants des Pyrénées Centrales. Un peu en retrait par rapport à la crête frontière, il représente un belvédère de choix pour admirer le Perdiguère (3222 m), le pic des Gourgs Blancs (3123 m), le Pic Lézat (3107 m) ou le Grand Quayrat (3060 m). Son ascension en absence de neige n’est pas très difficile, mais l’aller-retour à la journée depuis les Granges d’Astau est long. Plusieurs lieux propices au bivouac ainsi que le refuge du Portillon permettent de faire étape et de profiter du cadre extraordinaire de la haute montagne. Nous avons gravi le pic des Spijeoles pendant l’été 2023. Il s’agissait de la première étape d’une boucle de 3 jours dans le massif. Voici tout ce qu’il faut savoir pour se lancer à l’assaut de ce sommet emblématique des Pyrénées. Itinéraires, variantes, conseils, découvrez toutes les informations utiles dans ce topo dédié au pic des Spijeoles.
Randonnée pic des Spijeoles : les caractéristiques
Quel que soit l’itinéraire choisi, la route est longue pour atteindre le pic des Spijeoles. Deux vallées permettent d’atteindre ce prestigieux sommet des Pyrénées : celle des Isclots et celle d’Oô. C’est par la seconde, en empruntant la voie normale, que nous sommes montés. Depuis le parking des Granges d’Astau (1169 m), nous sommes passés par le lac d’Oô (1502 m), le refuge d’Espingo (1967 m), le lac Saussat (1921 m) puis avons bifurqué au point 2099 m sur la carte IGN juste avant la Coume de l’Abesque. À partir de là, le sentier qui était une autoroute jusqu’à présent, se réduit et la pente augmente sévèrement. Une bifurcation au col du lac Glacé (2780 m) mène alors dans une combe qui permet d’atteindre soit le pic Gourdon (3034 m) soit le pic des Spijeoles.
Voici les caractéristiques de la randonnée au pic des Spijeoles depuis le parking des Granges d’Astau :
Distance (A/R) | 20 km | Altitude min | 1169 m |
Dénivelé + | 2100 m | Altitude max | 3065 m |
Dénivelé – | 2100 m | Temps (A/R) | 10 h |
Alternative par le refuge du Portillon
Avant de monter au pic des Spijeoles ou pendant la redescente il est possible de faire étape au refuge du Portillon. Pour cela deux options :
- Par le chemin des mineurs (sentier exposé avec passages délicats)
- Par le Tusse de Montarqué (2877 m) et le col du Pluviomètre (plus facile mais plus de dénivelé)
Après l’ascension au pic des Spijeoles, nous avons bivouaqué près du col du lac Glacé. Le lendemain, nous avons rejoint le refuge du Portillon avant de partir pour la ligne de crête qui mène au pic de Perdiguère. Entre le lac Glacé et le refuge, nous sommes passés par le passage des mineurs. Cet itinéraire n’est à envisager que par temps sec et en absence de neige. Ce sentier creusé dans la roche est assez vertigineux et un grand dévers rendrait toute chute mortelle. Avec de la prudence et sans crainte du vertige, il ne présente que peu de risque.
Carte itinéraires pic des Spijeoles
Nous avons retracé les différents itinéraires qui permettent d’atteindre le pic des Spijeoles depuis les granges d’Astau. La carte interactive a été tracée manuellement. Nous n’avons donc pas de fichier GPX précis à vous communiquer parce que nous n’enregistrons pas nos tracés. Cela dit, il est difficile de se perdre tant le sentier est bien cairné quel que soit l’itinéraire choisi. En bleu, le tracé de notre parcours par la voie normale. En vert, l’accès au pic des Spijeoles depuis le refuge du Portillon par le Tusse de Montarqué et le col du pluviomètre. En orange, le passage des mineurs, plus court mais plus exposé.
Notre randonnée au pic des Spijeoles par la voie normale
Nous sommes partis des Granges d’Astau avec nos sacs bien chargés pour une itinérance de 3 jours dans le Luchonnais. Le pic des Spijeoles représentait l’objectif de cette première journée. Pour l’atteindre, nous avons emprunté la voie normale. Comme cette journée impliquait 2100 m de dénivelé positif, nous sommes partis du parking avec les premières lueurs du jour. Cela permet également de se soustraire à la très forte fréquentation qui se masse en direction du lac d’Oô.
Montée jusqu’à Espingo
Le sentier qui part des Granges d’Astau est une véritable autoroute. On aperçoit d’ailleurs notre objectif du jour qui se teinte de rouge avec l’arrivée du soleil au-dessus de l’horizon. Les lacets se succèdent et il ne nous faudra que 50 minutes pour arriver au lac d’Oô. Nous sommes plutôt en forme malgré quelques semaines sans arpenter la montagne. On laisse l’auberge du lac d’Oô et on reste en rive droite du lac (sur la gauche en montant) pour poursuivre en direction du refuge d’Espingo. Les violents orages de la veille confèrent à la cascade une fière allure.
Le sentier se remet rapidement à grimper en lacets. On se fait dépasser par une randonneuse qui n’a qu’un petit sac. Il n’y a pas vraiment de difficulté, nous suivons le GR10 jusqu’à sa bifurcation à proximité du col d’Espingo. Nous sommes partis depuis un peu plus de 2h lorsque nous atteignons le col (1967 m). Nous profitons du refuge pour une pause bien méritée au soleil qui illumine tout juste la bâtisse en pierres. Le refuge d’Espingo offre une très belle vue sur les 3000 du Luchonnais dont le pic des Spijeoles.
Bifurcation Coume de l’Abesque
On ne s’éternise pas, la montée vers le pic des Spijeoles est encore longue. En chemin, on salue le troupeau de chevaux et de mules qui pâture tranquillement au bord du sentier. Il faut redescendre un peu pour atteindre le lac de Saussat (1921 m) avant de reprendre la montée. La bifurcation vers la voie normale des Spijeoles se trouve juste avant la petite passerelle, au point d’altitude 2099 m sur la carte IGN.
La coume de l’Abesque est propice à une nouvelle pause. Le soleil commence à cogner sacrément fort. On remplit nos camelbacks, se rafraîchit avec le ruisseau et on grignote avant de nous lancer dans la première réelle difficulté du jour.
Un cairn au bord du large sentier marque la bifurcation. Nous nous retrouvons sur ce qui ressemble plus à un chemin de brebis. Sur la carte IGN, c’est même un itinéraire ski de randonnée. Étrange parce que la pente atteint par endroit 50°. C’est très raide et la chaleur ne facilite pas la montée.
Col du lac glacé
Vers le point d’altitude 2348 m, nous passons près d’un ruisseau qui coule encore (mi-juillet). Nouvelle petite pause fraîcheur et ça repart. Une longue section d’éboulis nous attend. Chaque ressaut s’accompagne de l’espoir d’atteindre le col du lac Glacé mais il ne faut pas trop se faire d’illusions, il culmine tout de même à 2780m. Un gros rocher procure un peu d’ombre, l’endroit idéal pour se ravitailler et reprendre des forces avant d’atteindre le col. Une pause salvatrice tant la chaleur et le poids des sacs tirent sur nos organismes.
Lac Glacé du Port d’Oô
L’arrivée au col est un grand moment de soulagement. Nous savons que le plus dur est désormais derrière nous. On redescend légèrement à la recherche d’un spot de bivouac pour le soir. Nous souhaitions avoir la vue sur le lac sans trop s’éloigner d’un point d’eau. J’avais lu sur un forum datant de 2006 qu’il y avait quelques jolis murets de pierre sous le pic Gourdon. L’information est toujours d’actualité. À seulement 50 m des petits laquets pour avoir de l’eau, deux emplacements permettent de planter la tente. C’était vraiment idéal pour nous qui prévoyons de grimper au pic des Spijeoles et de revenir passer la nuit ici.
Il est 14h et cela fait 7h que nous avons quitté les Granges d’Astau. On profite de la quiétude du spot pour faire une sieste sur le patch d’herbe qui nous servira d’emplacement de bivouac. Ce petit somme nous aura fait le plus grand bien.
Pic des Spijeoles voie normale
Sur les coups de 16h30, nous repartons bien reposés, prêts à en découdre avec l’univers minéral du pic des Spijeoles. On retourne au col du lac Glacé et on vire à gauche, droit dans la pente d’une combe. Les cairns sont nombreux et ils sont assez rapprochés pour ne pas trop dévier. On reste au milieu de la combe jusqu’à 2900, où le sentier bifurque vers la droite. Il prend la direction d’une brèche, par laquelle il faut passer pour poursuivre l’ascension. La petite cheminée (II) implique de poser les mains, mais c’est plutôt facile et évident. Les personnes sujettes au vertige ne seront néanmoins pas forcément à l’aise. S’en suit un interminable éboulis où les résidus morainiques ne sont pas toujours très stables. La pente reste assez clémente, donc pas vraiment de danger dans ce passage.
Après une ultime petite cheminée (II), c’est le sommet et son panorama magnifique. On voit beaucoup des géants du coin, notamment le Perdiguère (3222 m) que nous grimperons le lendemain. Gourgs-Blancs (3129 m), Mont Perdu (3555 m), Vignemale (3298 m) et pic de Néouvielle (3091 m) sont bien visibles.
À l’aplomb immédiat du sommet, les lacs des Isclots (2400 m) et du Milieu (2510 m) nous donneront tellement envie qu’ils seront au programme de la semaine suivante.
Bivouac au lac Glacé du Port d’Oô
Le vent se lève au sommet. Il est glacial. Nous commençons a avoir faim et ne nous attardons pas. Retour par le même itinéraire. Arrivés au lac glacé du Port d’Oô, nous montons la tente puis préparons à manger. La fraîcheur s’installe, ce qui est plutôt agréable après une journée de canicule intense. Au menu du soir, un plat de pâtes au pesto maison. Exténués, nous partons nous coucher dès notre portion engloutie, avant même que l’obscurité n’envahisse le ciel et la vallée.
Le lendemain matin, départ de bonne heure. Une nouvelle longue journée de marche nous attend. Direction le refuge du Portillon par le sentier des mineurs puis le pic de Perdiguère par les crêtes.
Randonnée pic des Spijeoles le bilan
Le panorama du pic des Spijeoles est vraiment magnifique. Ce sommet emblématique du Luchonnais dispose d’un point de vue exceptionnel qui vaut largement les efforts de la montée. L’aller-retour depuis les Granges d’Astau à la journée doit cependant être long. Nous aimons vraiment prendre le temps et passer une ou plusieurs nuits dehors lors de ces ascensions. On vous recommande donc d’emporter le matériel de bivouac pour profiter du cadre extraordinaire de ce monde minéral.
Le pic des Spijeoles reste un sommet de haute montagne. Il est nécessaire d’être correctement équipé pour s’attaquer à son ascension. Si des névés persistent, crampons et piolet seront plus que recommandés pour éviter une glissade dont les conséquences seraient terribles. Comme tous les sommets au-delà de 3000 m d’altitude, le pic des Spijeoles implique prudence et un pied montagnard. Les cheminées et les éboulis fatiguent l’organisme et demandent de rester concentrés jusqu’au bout.
Une fois n’est pas coutume, on rappelle quelques règles fondamentales :
- La tente doit être installée après 19h et retirée avant 9h
- On ne laisse aucun déchet
- Respecter les autres randonneurs (pas de musique, pas de cris, chuchoter pour ne pas déranger ceux qui dorment…)
- Respecter la faune et la flore (ne pas déranger les animaux, ne pas les nourrir, ne pas détruire les fleurs avec les bâtons)
- Éviter de se baigner dans les lacs surtout si vous portez de la crème solaire, du parfum, du déodorant ou du maquillage
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Ben & Ania sont deux aventuriers amoureux de la nature et passionnés par ce vaste monde qui nous entoure. Quand ils ne sont pas sur les sentiers de randonnées, par monts et par vaux, ils créent du contenu pour les entreprises qui font appel à leurs talents. En travaillant à distance, ils peuvent se permettre de voyager en continu. Pour ça, ils ont choisi Jolly-Jumper, un camping-car Hymer B534 de 1990. Découvrez leurs univers faits de sommets enneigés, de treks loin de la 4G et de feux de camps bien arrosés. Pour ne rien louper, suivez leurs aventures sur ce blog ou via leurs réseaux sociaux !