Le refuge du Portillon, également appelé refuge Jean Arlaud en l’honneur du pyréneiste décédé aux Gourgs Blancs, est un point de passage nécessaire pour s’attaquer aux nombreux 3000 du Luchonnais. C’est en effet le départ d’ascensions mythiques comme le Pic Perdiguère (3222 m), le pic Lézat (3107 m), le Pic du Seil de la Baque (3074 m), le pic des Gourgs Blancs (3129 m) ou encore le pic des Spijeoles (3065 m). Le refuge du Portillon est niché à 2571 m d’altitude au bord du lac éponyme. Il est situé au niveau du barrage, qui est soit dit en passant, l’ouvrage hydroélectrique le plus haut des Pyrénées. Si comme nous vous souhaitez vous frotter aux 3000 du Luchonnais, vous aurez tout intérêt à dormir au refuge du Portillon. En dortoir ou en bivouac, itinéraire, gardiennage, modalités de réservation, voici tout ce qu’il faut savoir de ce haut lieu du Pyréneisme !
refuge du Portillon ou refuge Jean Arlaud
Le refuge du Portillon est un refuge géré par la FFCAM. Il est généralement gardé entre le 15 mai et le 15 octobre. Les dates de la période de gardiennage peuvent varier d’une année sur l’autre en fonction des conditions d’enneigement. L’établissement dispose de 80 couchages lorsque le gardien est présent, et de 30 couchages en hiver. Comme dans tous les refuges gardés, il est possible de se restaurer, et d’opter pour un séjour en demi-pension.
N’oubliez pas qu’il faut réserver la nuitée, et que les refuges de montagne n’acceptent pas le paiement en CB pour des raisons de logistique évidentes. Pour réserver, rendez-vous sur le site officiel du refuge et vérifiez la disponibilité aux dates souhaitées.
Accès au refuge du Portillon
Le refuge du Portillon (2571 m) se mérite. Pour y accéder, il faudra partir du grand parking des Granges d’Astau (1125 m). Le sentier pour monter au refuge du Portillon passe par :
- Le lac d’Oô (1500 m)
- Le refuge d’Espingo (1967 m)
- Le lac Saussat (1921 m)
Du parking, il faut 11 km et 1550 m de dénivelé positif pour atteindre le refuge. Voici toutes les statistiques de cette randonnée jusqu’au refuge du Portillon :
Distance (A/R) | 22 km | Altitude min | 1125 m |
Dénivelé + | 1550 m | Altitude max | 2571 m |
Dénivelé – | 1550 m | Temps (A+R sans les pauses) | 9h |
Voici la carte avec le tracé de l’itinéraire classique pour rejoindre le refuge :
Notre randonnée au refuge du Portillon
Notre visite au refuge du Portillon s’inscrivait dans le cadre d’une boucle de 3 jours à l’assaut de quelques 3000 du Luchonnais. Au programme de ce trip, les emblématiques Spijeoles, Pointe de Litérole et Perdiguère. Comme souvent, nous avons privilégié le bivouac sous tente pour nous adapter aux conditions sur le moment. Cela nous a permis de changer notre itinéraire à la dernière minute avec la prévision d’un orage le deuxième soir.
Ce que nous recherchons en montagne, c’est avant tout l’isolement en altitude. On évite donc généralement les nuits en refuge pendant la saison estivale. Avec un sommeil très sensible, nous ne passons généralement pas de bonnes nuits en dortoir malgré les boules quiess. Un orage violent change considérablement la donne. Nous avons subi plusieurs fois le tonnerre à proximité de la tente et souhaitons éviter tant que possible de renouveler l’expérience vécue dans la vallée du Marcadau. Ainsi, le deuxième soir de ce périple, nous avons bivouaqué à proximité du refuge du Portillon. Des orages étant prévus pour la fin de journée, nous aurions la possibilité de nous abriter.
Départ des Granges d’Astau pour les Spijeoles
Ce n’est donc que le deuxième jour que nous avons atteint le refuge du Portillon. Avant cela, une grosse journée de marche nous attendait. Direction le pic des Spijeoles (3065 m) au départ des Granges d’Astau (1125 m). Ce sommet et son ascension feront l’objet d’un topo complet.
Après avoir avalé les 2000 m de dénivelé positif et bien profité du panorama extraordinaire, nous sommes redescendus bivouaquer à proximité du lac glacé du Port d’Oô. La nuit fut calme et nous étions seuls au monde pour profiter de la vue spectaculaire sur le Perdiguère, notre objectif du lendemain.
Refuge du Portillon par le sentier des mineurs
Depuis le lac Glacé du Port d’Oô, il est possible d’accéder au refuge du Portillon par deux accès. Le premier, le plus facile, mais également le plus long, consiste à contourner le lac par l’Ouest et à rejoindre le col des Gourgs Blancs (2877 m). De là, il faut passer par le col du Pluviomètre puis le Tusse de Montarqué (2889 m) avant de descendre au refuge.
Avec la journée qui nous attendait et le pic de Perdiguère en ligne de mire, nous avons opté pour la deuxième option : le sentier des mineurs. Ce raccourci est une petite sente à flanc de rocher. Comme son nom l’indique, elle a été tracée par les mineurs qui exploitaient la vallée quelques décennies en arrière. Engagé et particulièrement vertigineux, le sentier des mineurs est à proscrire par temps humide. Si des névés subsistent en début de saison, les crampons et le piolet seront indispensables.
Si vous êtes sujet au vertige et pas forcément à l’aise sur les sentiers étroits, on ne vous recommande pas cet itinéraire. Préférez le tour par le col des Gourgs Blancs et le Tusse de Montarqué.
Arrivée au refuge du Portillon
Après un départ matinal du lac Glacé du Port d’Oô, nous arrivons au refuge du Portillon sur les coups de 9h. Il nous a fallu environ 1h30 pour suivre le sentier des mineurs et traverser la haute vallée de la Neste d’Oô. Les environs du refuge étaient particulièrement calme. Les alpinistes sont déjà partis, et ceux qui montent à la journée ne sont pas encore arrivés. On fait une petite pause au bord du lac avant de traverser le barrage. Une longue journée en haute montagne nous attend, et nous ne reviendrons au refuge qu’en fin d’après-midi.
Randonnées depuis le refuge du Portillon
Le refuge du Portillon est un excellent camp de base pour gravir de nombreux sommets mythiques du Luchonnais. Lézat, Perdiguère, Pointe de Litéreole, Crabioules, Seil de la Baque, Gourgs Blancs, Spijeoles et bien d’autres, ce n’est pas les idées d’ascensions qui manquent dans le coin. Les possibilités d’itinéraires sont nombreuses, surtout qu’il est possible de partir vers l’Est en remontant le vallon de Litérole, mais également vers l’Ouest en direction du col des Gourgs Blancs par le Tusse de Montarqué et le col du pluviomètre.
Bivouac au refuge du Portillon
À l’issue de l’ascension du Perdiguère par les crêtes (qui fera également l’objet d’un article spécifique très prochainement), nous sommes revenus au refuge du Portillon. Contrairement au matin même, il y a beaucoup de monde au bord du lac et autour du refuge. Après une journée durant laquelle nous avons croisé seulement 5 personnes, c’est assez déstabilisant. Pour nous récompenser de cette grosse journée, on s’offre une bière. C’est bon pour la récup et pour le moral. Nous échangeons quelques mots sympathiques avec les gardiens qui gardent le sourire en toutes circonstances.
La météo annonçait l’arrivée de l’orage autour de 18h. Nous avons donc monté la tente en vitesse afin de ne pas avoir à le faire sous la pluie. Nous nous sommes installés dans l’un des murets de pierre au bord du lac du Portillon. Dans les heures qui ont suivi notre installation, une quinzaine de tentes se sont montées, certaines à moins d’un mètre de la notre. Finalement, l’orage prévu n’est pas tombé. Cela fait partie du jeu, nous avons misé sur la sécurité en bivouaquant à proximité du refuge pour nous abriter.
Après un repas vite mangé, la fatigue commence à prendre le dessus. On se met au lit bien avant le coucher du soleil avec l’espoir de récupérer en prévision de la longue journée de descente du lendemain.
lE coMPORTeMENT EN BIVOUAC
C’était sans compter sur les dérangements de nos voisins. Un groupe s’est installé vraiment très près de nous. Les sardines de l’une de leurs tentes étaient collées aux notres. Il y a beaucoup d’endroits où bivouaquer à proximité du refuge du Portillon. Tout le monde s’est entassé autour de nous alors qu’il y a beaucoup d’espace en dessous du refuge. Depuis mon duvet, je pouvais entendre respirer le voisin à l’intérieur de sa tente. Ils ont poussé nos bâtons qui étaient rangé le long de notre tente pour planter leurs sardines, pour vous dire à quel point leur proximité m’était dérangeante. Ce n’est clairement pas ce que nous recherchons en montagne.
Cette soirée de bivouac au refuge du Portillon a été le théâtre de comportements vraiment surprenants. Un groupe avait monté des chaises de camping à 2571 m d’altitude. Ils ont passé la soirée à jouer et crier, jusque tard dans la nuit. Un manque de respect total pour nous et tous les autres randonneurs qui avaient prévus de partir très tôt le lendemain matin.
Règles de bivouac
On le rappelle une nouvelle fois, la montagne et les refuges ne sont pas des campings. Le bivouac est autorisé, mais ces comportements qui troublent à la fois la faune et les autres usagers contribuent à l’augmentation des interdictions et des restrictions. La plupart des gens qui ne respectent pas les codes de la montagne sont des touristes estivaux. Ils ne fréquentent ces lieux que quelques fois par an à la belle saison. Ils ne se rendent pas compte des torts qu’ils causent.
Lors d’un bivouac, il faut se faire le plus discret possible et veiller à ne rien laisser derrière vous. Les tentes doivent être démontées avant 9h, ce qui n’était pas le cas quand nous sommes passés au bord des lacs de Saussat et d’Espingo. Déroger à ces quelques règles pourtant simples risque de fortement pénaliser ceux qui pratiquent la haute montagne toute l’année dans le respect. Pour ceux qui ne sont pas encore familiers avec les bons gestes, nous avons écrit un article qui explique toutes les règles à respecter pour bivouaquer dans les Pyrénées.
Randonnée refuge de Portillon : le bilan
Notre expérience au refuge du Portillon a été légèrement ternie par les comportements de certains usagers qui confondent la montagne avec leur salon. C’est à l’image de ces dernières années, les lieux relativement facile d’accès sont pris d’assaut et souffrent de la surfréquentation. C’est dommage parce qu’il s’agit d’un carrefour très intéressant pour les amateurs de haute montagne que nous sommes. Fort heureusement, cette affluence tend à baisser avant le mois de juillet et après le mois d’août. Si nous sommes en forme cet hiver, nous essayerons d’aller faire un tour du côté du refuge du Portillon. Nous ne devrions pas trop être embêtés par les touristes bruyants.
Le but de cet article n’est pas de passer pour les rabats-joie de service. Nous souhaitons que tous les usagers de la montagne puissent trouver ce qu’ils recherchent dans cet environnement exceptionnel. Les règles du bon sens et le civisme sont alors de rigueur. Malheureusement, le constat global tend à démontrer que ce sont plutôt les incivilités et l’irrespect des règles qui priment ces dernières années. Pour éviter de subir d’importantes restrictions, nous devons tous faire en sorte d’avoir un comportement exemplaire. C’est également plus agréable si nous nous respectons les uns les autres non ?
Vous avez des questions par rapport à cette randonnée au refuge du Portillon ? N’hésitez pas à faire part de toutes vos remarques en commentaires de cet article. Vous pouvez également vous abonner à notre compte Instagram pour suivre nos aventures.
Ben & Ania sont deux aventuriers amoureux de la nature et passionnés par ce vaste monde qui nous entoure. Quand ils ne sont pas sur les sentiers de randonnées, par monts et par vaux, ils créent du contenu pour les entreprises qui font appel à leurs talents. En travaillant à distance, ils peuvent se permettre de voyager en continu. Pour ça, ils ont choisi Jolly-Jumper, un camping-car Hymer B534 de 1990. Découvrez leurs univers faits de sommets enneigés, de treks loin de la 4G et de feux de camps bien arrosés. Pour ne rien louper, suivez leurs aventures sur ce blog ou via leurs réseaux sociaux !
Totalement d’accord avec vous. De plus en plus, je réprimande ses comportements. Le même jour aux alentours du Vignemale, des gamins à 10h00 en train de gonfler un canoë pour le mettre sur le lac du Barrage d’Ossoue, plus à 11h une tente debout et en soirée au dessus du lac d’Estom, une tente posée à 16h. À chaque fois, j’ai détourné pour aller leur rappeler les règles, quitte à passer pour un con !
Merci pour votre retour qui malheureusement confirme le constat fait pas bon nombre de montagnards. Vous ne passez pas pour un con et vous avez beaucoup de mérite et de patience pour aller rappeler à tous ces gens les règles à suivre. Ces lieux étant situé dans l’enceinte du parc national, les règles y sont pourtant bien stipulées sur les panneaux qui bordent les sentiers… Il y a une part de mauvaise foi de la part des touristes qui les enfreignent.
Bonsoir, je viens de lire votre article….et je fais les mêmes constatations soit: surpopulation de » gens » qui n’ont rien à faire en Montagne, incivilités, augmentation des déchets non redescendus en vallée, dégradation d’abris, de cabanes, inconscience face au milieu, mise en danger des secouristes de + en + souvent dérangés par irresponsabilité…..
C’est vraiment triste que ce constat soit général. La pédagogie ne semble pas fonctionner sur certains individus qui interprètent les règles de savoir-vivre et de respect de l’environnement comme des privations de libertés. De plus en plus de restrictions sont alors mises en place, pénalisant fortement ceux qui fréquentent et respectent ces milieux depuis de nombreuses années.