En sortant de l’école d’architecture, tout content d’avoir terminé ses cinq années d’études minimum, il y a généralement deux cas de figure. D’abord, il y a ceux qui vont travailler en agence d’architecture. Parce que c’est une évidence pour eux et qu’à vrai dire c’est tout ce pourquoi on nous prépare. À côté, il y a ceux qui sont arrivés jusque-là parce que les études et le milieu les intéressent. Ils n’adhèrent pas nécessairement au travail en agence, qu’importe la raison. Et bien c’est mon cas, et après des premières années post études très variées en expériences, je vous raconte ma réalité de jeune diplômée en architecture, celle de l’auto-entreprenariat. Être architecte indépendant et junior, est-ce que c’est possible ? Dans quelles conditions ? À quoi est-ce que cela correspond d’être auto-entrepreneur dans l’architecture ?
Le grand saut dans le bain du monde du travail
Comme pour beaucoup de formations, le gap entre les études et le travail est immense en architecture. Sur les cinq années amenant au grade de master, les stages obligatoires ne représentent que 3,5 mois. Si on s’en tient à cela, il est évident que nous sommes loin d’avoir vu grand-chose du monde de l’architecture. Bien sûr, on peut multiplier les stages et expériences professionnelles, c’est d’ailleurs une excellente idée, seulement il faut pouvoir le faire.
Financièrement c’est loin d’être évident. Sachez en tout cas, s’il y a des étudiants parmi vous, que se contenter des seuls stages obligatoires vous désavantagera à la sortie de l’école. La concurrence est rude dès le départ. Une partie des études en alternance serait l’idéal pour mieux apprendre les métiers de l’architecture, mais c’est un autre sujet.
J’ai donc, comme tous, été catapultée dans le monde du travail en ayant l’impression d’être totalement novice en la matière. Et cette expérience n’était qu’un stage de fin d’études, que j’avais décidé de prolonger pour justement en découvrir davantage. Cela dit, ayant choisi une toute petite structure, je me suis vue confier des tâches auxquelles je n’étais pas prête et que, dans une grande agence d’architecture, on ne vous donne pas avant des années.
Cela a rendu l’expérience très enrichissante et intéressante. Lorsque la plupart des architectes juniors répètent les mêmes tâches quotidiennement au sein d’une agence, j’avais la chance de mener des projets avec indépendance, rencontrer des clients et bureaux d’études, etc. J’y ai donc appris beaucoup en peu de temps, mais peut-être y ai-je laissé quelques plumes. Quoi qu’il en soit, une fois mon stage terminé et validé, je déclinais leur proposition de collaboration en freelance et m’envolais pour l’Australie.
Pourquoi je me suis lancée en tant qu’auto entrepreneur freelance en architecture?
Après plus d’un an coupée de la France et de l’architecture, bien occupée à crapahuter au pays des kangourous, j’étais bien certaine d’une chose. Rentrer et postuler à des agences d’architecture était la dernière chose dont j’avais envie. D’abord, il y avait cette liberté à laquelle j’avais goûté, par le voyage, que je ne voulais plus quitter.
La liberté de choisir mon ratio travail/temps libre, celle de ma situation géographique, et celle de ne répondre qu’à moi-même. Ensuite, il y a mon goût pour la nature et celui d’être dehors, je ne pouvais m’imaginer être enfermée dans des bureaux. Enfin, il y a mon éthique, ma vision de l’architecte et de l’impact de construire, que je ne retrouve généralement pas au sein d’une agence d’architecture classique.
Tout cela m’a conduite, fin 2018, à créer mon statut d’auto-entrepreneur en architecture. Pour plus de précisions sur les démarches à effectuer ou le type de missions auxquelles je réponds, je vous invite à consulter l’article sur mon parcours de dessinateur freelance et nomade digital. Cette solution répondait à mon mode de vie itinérant et m’a permis il faut le dire d’arrêter les petits boulots alimentaires pas toujours plaisants ! L’architecture était quand même un milieu que j’aimais, et je découvrais qu’il était possible d’être freelance avec un diplôme d’architecte.
Retour sur mon expérience en tant que dessinateur en architecture freelance
Si j’ai créé ma micro-entreprise en 2018, ayant déjà l’idée du statut d’auto-entrepreneur en tête, c’est en mai 2019 que j’ai réellement lancé mon activité. Un an plus tard, le bilan n’est pas tout à fait clair, puisqu’est intervenue la crise du covid-19 seulement 9 mois après avoir démarré sérieusement mon affaire. Je reviens donc sur les premiers mois, avant que la situation mondiale ne dégénère. Avec un peu de recul maintenant, et malgré avoir lu beaucoup à ce propos, je peux vous raconter les difficultés auxquelles, j’ai été confrontée. De nombreux freelances sont également sujets à ce type de situation.
Les premières missions en freelance
Oui j’ai accepté des missions qui ne me réjouissaient pas plus que ça, d’autres où je ne me sentais pas des plus à l’aise. À ce sujet, je dirais qu’il faut savoir juger ses limites. Il ne faut surtout pas tout accepter, mais attendre la mission parfaite n’est pas non plus la solution.
Pour vous donner un exemple concret, j’ai par exemple au tout début accepté une mission pour des plans d’installations Telecom. A priori, un secteur qui ne m’est pas familier. Seulement le client recherchait avant tout quelqu’un qui connaisse bien le logiciel Autocad. Alors après avoir discuté avec lui, il a pu rapidement me briefer et il s’est avéré qu’il n’y avait rien de très compliqué. Il m’a même recontacté ultérieurement pour d’autres missions.
Tout l’enjeu du freelance débutant est donc de trouver un bon compromis. Celui qui permet de booster son profil et gagner en popularité, mais sans s’égarer et risquer de ne pas bien répondre à la demande.
Tarif dessinateur freelance : proposer le prix juste
S’il y a une chose que je trouve encore aujourd’hui parfois compliquée, c’est l’estimation juste de son travail en termes de prix. En tant que freelance, il faut savoir rapidement proposer un prix au client par rapport à son projet. Très souvent, on vous demande un devis sans vous communiquer d’informations concrètes. Vous n’avez que quelques bribes à propos de la mission. Et si vous avez le malheur d’en demander davantage, un autre auto-entrepreneur vous aura doublé.
Lorsque l’on démarre, on peut avoir tendance à brader son travail. On n’a pas vraiment confiance en soi, peu d’expérience et pour se démarquer de la concurrence on peut se dire qu’un tarif alléchant pourra amener des clients. Bien sûr, il y a toujours ceux qui cherchent à payer le moins possible, mais est-ce vraiment avec ces personnes que vous souhaitez travailler ?
Adapter son tarif aux conditions
Un freelance passe du temps à faire de la prospection, il n’a pas la sécurité de l’emploi, il paye des charges, et tout ça, il faut en prendre compte dans sa tarification. Il ne faut donc surtout pas se baser sur le taux horaire d’un salarié. En plus de cela, il faut apprendre à évaluer le temps de travail. Pour cela, je ne suis pas vraiment fan des sites pour freelances qui fonctionnent avec le système de dépôt public de projet auquel il faut répondre immédiatement avec une proposition tarifaire.
J’essaie toujours de récolter un maximum d’informations sur les besoins du client afin d’établir un devis juste. Cela montre que je suis intéressée et impliquée pour bien répondre à sa demande. Bien sûr, certains choisiront d’accepter directement une proposition qui leur convient et c’est le jeu de la concurrence entre freelances. Votre tarif d’architecte indépendant ou dessinateur freelance doit vous permettre de vivre en tenant compte de toutes les contraintes du métier. Il faut alors considérer tous les éléments de la mission mais également votre comptabilité, prospection et le temps que vous passez à communiquer avec le client avant de démarrer.
Le privilège de pouvoir continuer à voyager tout en travaillant
Une des plus grandes satisfactions à exercer le métier de dessinateur en freelance est celle d’avoir pu combiner projet professionnel et personnel, entre autres le voyage au long cours. Vous êtes d’ailleurs beaucoup à nous contacter à ce propos. Pouvoir travailler tout en explorant le monde, forcément cela en fait rêver plus d’un ! Et même si ce n’est pas toujours évident de gérer l’équilibre entre travail et voyage, si les décalages horaires compliquent les contacts, nous sommes fiers et heureux d’avoir réussi notre pari.
Pour nous, passer nos journées dans un bureau et avoir une routine métro-boulot-dodo est juste impossible, c’est la dépression assurée. Être freelance et faire du télétravail nous permet d’être libres de notre situation géographique et la gestion de notre temps de travail nous appartient, et ça, ça n’a pas de prix.
Des moments compliqués dans la vie d’autoentrepreneur
Si nous sommes globalement contents et fiers de nos activités aujourd’hui, il n’empêche qu’il y a eu, pour chacun de nous deux, des périodes de doute et d’incertitude. Au lancement de son activité, on se demande si cela va fonctionner. Est-ce que les clients vont se montrer ? Va t-on trouver suffisamment de missions ? Puis au quotidien, il y a des moments où l’on n’est pas sûr de soi. Le doute s’installe et on ne peut compter sur personne. On est son propre maître. Il faudra assumer ses décisions seul. Il y a des semaines sans mission, sans rentrée d’argent, et on ne peut compter sur aucun chômage. Ou bien il y a ce projet parfait qui tombe au moment où vous n’aurez pas de réseau pendant 5 jours…
Être dessinateur auto-entrepreneur, c’est déjà gérer beaucoup de problématiques, et si vous rajoutez à cela toute l’organisation et les imprévus du voyage, vous voyez le bazar. Alors oui, être un nomade digital ça peut être génial, mais non, on ne se contente pas de sortir l’ordi en sirotant une noix de coco sur la plage, sachez-le.
Le covid-19 : reflet des limites du freelancing
Si vous avez lu notre article à propos de notre retour de voyage à cause du Covid-19, vous savez que nous avons dû mettre fin à nos pérégrinations à cause du Coronavirus. Cette période difficile, qui n’est absolument pas révolue, a sérieusement mis à mal notre quotidien, comme pour la plupart d’entre nous. Si Ben a pu continuer son activité à peu près sereinement, pour ma part c’est une tout autre histoire. En effet, lorsqu’on vous dit qu’être freelance, c’est ne pas avoir la sécurité de l’emploi, vous avez là un bon exemple.
Je n’ai pendant plus de deux mois, eu presque aucune rentrée d’argent. Heureusement, il y a eu les aides de l’État dédiées aux auto-entrepreneurs, une vraie chance dans cette situation. Le confinement n’a pour autant pas été une période d’inactivité. Entre le démarchage habituel, les recherches d’emploi et de longues réflexions quant à la suite, le cerveau a fusé dans tous les sens. Je crois que pour beaucoup, cette période a permis de prendre du recul sur sa situation et a pu faire naître de nouveaux projets. Avec notre retour brutal en France en prime, c’était l’occasion de repenser mon activité.
L’expérience des entretiens d’embauche en vue d’un contrat salarial en agence
Eh bien oui, aux grands maux les grands moyens. Étrangement, alors que les chantiers se sont arrêtés en France et qu’une crise économique éclate, les architectes continuent de travailler, et même de recruter ! A deux reprises donc, j’ai brisé ma routine de confinée pour me rendre à un entretien d’embauche auprès d’agences d’architecture. En pleine crise sanitaire, je ne comprends pas bien pourquoi un entretien en visioconférence n’aurait pas suffi.
Après des dizaines de candidatures envoyées, j’étais contente qu’on puisse s’intéresser à mon profil. En discussion, cela n’a pourtant pas été évident. Avoir été dessinateur freelance en architecture pendant 1 an ½ ne valait pour ainsi dire pas grand-chose. Gérer son petit business tout en parcourant le monde non plus. Je savais bien que travailler en agence n’avait rien à voir, mais je ne pensais pas avoir autant de mal à faire valoir mon expérience en freelance. Sachez-le, car si votre but est d’intégrer une agence à long terme, mieux vaut ne pas partir comme moi sans un minimum d’expérience en agence au préalable. Pour ma part, ces entretiens m’ont fait voir à quel point être freelance me convenait. J’ai eu un peu de mal à me projeter chez eux.
Au-delà du mode de vie plus contraignant qu’engendre le salariat, j’apporte beaucoup d’importance à l’environnement de travail. Peut-être donc n’ai-je simplement pas ressenti que je pourrais me faire une place auprès de ces agences. Je ne ferme donc pas totalement la porte au salariat, mais envisage pour le moment de continuer mon activité en tant qu’indépendant.
Continuer d’exercer en tant qu’auto entrepreneur
Bien que la crise du covid ait fortement impacté mon travail, je ne perds pas espoir. Il semblerait que l’activité reprenne peu à peu et le mois de septembre devrait être synonyme de nouvelles opportunités.
En attendant que les choses rentrent dans l’ordre, je réfléchis à la direction que je veux prendre. Tout en restant focalisée sur mon activité de dessinatrice en architecture, je développe une partie plus ciblée sur l’illustration. Pour l’instant j’utilise des techniques classiques comme l’aquarelle ou le dessin au stylo. Mais j’aimerais me former au numérique, dont je n’ai que les bases. Pour ceux qui désirent jeter un œil de ce côté-là, je les invite à aller voir mon compte instagram dédié à ce nouveau projet.
Je tente de diversifier mon activité et propose également mes services d’illustrateur en plus de ceux de dessinatrice en architecture freelance. N’hésitez pas à consulter ma page de services d’illustrateur et à me contacter pour toute question relative à un type de projet ou l’autre.
Voilà, comme vous pouvez le constater, il est possible d’être titulaire du diplôme d’architecte et auto entrepreneur malgré un statut de junior. Ce n’est pas rose tous les jours et il y a des périodes très difficiles. Mais le statut d’indépendant et la liberté qu’il procure n’ont pas de prix.
Et de votre côté, quelles idées sont nées du confinement ? Vous êtes plutôt salariat ou freelance dans l’âme ? J’attends vos réactions avec impatience en commentaire. A bientôt !
Bonsoir, tes articles sont vraiment interessants, surtout pour moi. Au fait, je travaille dans une agence d’architecture à Paris et je ne me vois pas salariée sur le long terme. De plus je projette de partir vivre au Canada pour quelques années et ensuite revenir à mon pays natal la Tunisie. En ce moment je suis un peu perdue par rapport à mon avenir professionnel, je commencais à voir les possibilités de travailler a distance et je suis tombée sur votre blog et votre expérience m’intéresse beaucoup ! Est-ce qu’on pourrait en parler en privé ?
Bonjour Emna, je t’ai envoyé un petit mail rapide, n’hésite pas à me poser toutes les questions que tu as en tête !
Bonsoir Ania, merci pour tes partages d’expériences. Je suis architecte de formation et nomade avec ma petite famille. J’hésite à monter mon auto entreprise… Au plaisir de partager sur le sujet.
Bonsoir Charline ! Merci pour ton commentaire ! Ah super, tu travailles déjà en mobile ? Et où êtes-vous en ce moment ? N’hésites pas à m’écrire via notre rubrique Contact si tu veux qu’on discute ! A bientôt.