Nous y sommes. Trois ans de voyage au long cours interrompus en quelques minutes. Le rêve d’une traversée de l’Asie d’est en ouest par les terres tombe à l’eau. La décision n’a vraiment pas été facile à prendre. Il a fallu être réactif et faire un choix crucial. Dans ce nouvel article, je vous raconte pourquoi et comment nous avons entrepris ce retour de voyage anticipé à cause du Coronavirus le 19 mars 2020.

Scénario de notre retour de voyage anticipé

48 heures avant d’embarquer pour Paris depuis Bangkok, nous étions encore sur le plateau des Boloven, au Laos. En selle sur un scooter, nous voguions au grès de nos envies et découvrions les ethnies qui peuplent cette région magnifique. Nous étions encore à mille lieues de nous douter que deux jours plus tard, nous aurions fait 14 heures de bus et la même chose d’avion pour rentrer à Paris.
Pourtant, j’écris bel et bien ces mots depuis Toulouse, en France. Dans le salon de la maison familiale, la cheminée crépite en cette fraîche et humide journée d’avril. Et cela fait déjà un mois que nous avons brisé notre engagement de voyage sans avion. Il aura fallu un peu de temps avant de reprendre du service sur le blog. Entre le choc culturel du retour, les sollicitations professionnelles du moment et le manque de motivation, pas facile de se remettre à écrire sur le blog.
Le retour au bercail de cette façon est un mélange de tristesse et de déception. L’amertume de l’échec face à notre promesse envers la planète de rejoindre la France sans avion n’est pas facile à accepter. Cependant, nous sommes tout de même soulagés d’être sains et saufs. Persuadés d’avoir pris la bonne décision, ce retour de voyage à cause du Coronavirus donne donc naissance à de nouveaux projets. On vous raconte tout sur le pourquoi du comment de notre retour en France, en urgence, à cause de la crise du Coronavirus.

Village ethnique du plateau des Boloven au Laos avant le retour de voyage anticipé à cause du Coronavirus

Quelques jours avant de prendre la décision fatidique, nous étions dans ce village ethnique du plateau des Boloven

Le voyage et la pandémie du Coronavirus

Voyager pendant une pandémie mondiale n’est pas une mince affaire. Mais outre l’aspect pratique, il y a une question éthique non négligeable. Nous sommes tous les deux jeunes et en bonne santé avec une forte probabilité de n’être que légèrement affecté par le Covid-19.
Nous pouvons également n’être que porteurs sains et tout de même transmettre le virus. Contaminer nos hôtes dans les hôtels et restaurants, les locaux croisés pendant nos visites ou encore les autres voyageurs. Pour ne pas prendre de risque et limiter la propagation du virus, il est primordial de se confiner et de bouger le moins possible. Éviter les contacts avec les autres et mettre en place des gestes barrières. Nous avions donc deux options : rester confiné au Laos ou rentrer en France tant qu’il en était encore temps.

Pourquoi ce retour de voyage précipité ?

Au début de la pandémie, tous les voyageurs se posaient les mêmes questions :

  • Est-ce que ça va se propager partout dans le monde ?
  • Le covid-19 est-il vraiment grave ? Est-ce que ça ne touche vraiment que les personnes âgées ou immunodéprimées ?
  • Sommes-nous en danger au Laos si nous tombons malades ? 
  • Combien de temps va durer la fermeture des frontières ? 
  • Mon assurance prendra-t-elle en charge les frais médicaux si je suis contaminé ?

Face à toutes ces interrogations sans réponse, il fallait prendre une décision. Est-ce qu’on se sentait de rester plusieurs mois, peut-être même un an bloqué au Laos ? Pas vraiment, surtout quand la défiance des locaux a commencé. Quand les premiers Laos ont commencé à se cacher le visage ou partir en courant à proximité d’Occidentaux, nous avons vraiment été déstabilisés. Les témoignages d’amis et de connaissances dans d’autres pays d’Asie du Sud Est n’étaient pas non plus rassurants. Le 18 mars au soir, nous décidions alors que nous allions partir. Ce que nous ne voulions pas, c’était de rester par égoïsme et être contraints par la suite de prendre un vol de rapatriement.

Dernier repas au Laos avant le retour de voyage anticipé à cause de la crise du Coronavirus

La décision a été prise la veille, c’est notre dernier repas au Laos.

Retour en France pendant la crise du Coronavirus

Pour rejoindre notre mère patrie, il nous aura fallu passer par un véritable parcours du combattant. Ce retour de voyage anticipé s’est avéré être un véritable calvaire. En 48 heures, je n’ai pas réussi à fermer l’oeil. Il aura fallu attendre d’arriver à Paris pour que je retrouve le sommeil. Voici le récit de nos péripéties. 

Trouver un vol

La recherche d’un billet d’avion, du jour pour le surlendemain, a été un casse-tête. Quelle compagnie assure encore ses vols ? Est-ce qu’ils acceptent les voyageurs français ? Car oui, à ce moment-là, le nombre de malades commençait à flamber en France et un passeport français n’était pas nécessairement le bienvenu. Nous avons finalement opté pour un vol avec la compagnie russe Aeroflot. Au départ de Bangkok, nous gagnerions Paris après une courte escale à Moscou. À priori, la compagnie assurait toujours cette liaison, mais le risque de voir le vol annulé était tout de même bel et bien présent.
Le prix des billets était raisonnable par rapport à ce que nous voyions pour d’autres pays. Nous nous en sommes tiré pour 385€ chacun si mes souvenirs sont bons.

Souvenir d'Asie avant le retour de voyage anticipé à cause du coronavirus

Il nous reste heureusement les photos pour nous replonger dans nos derniers moments en Asie avant le retour.

Se rendre du Laos à la Thaïlande

Nos billets d’avion en poche, nous disposions de tout juste 24h pour gagner l’aéroport de la capitale thaïlandaise. Heureusement, un bus quotidien part de Paksé à destination de Bangkok. Nous avons alors pris nos billets pour le soir même. Il ne fallait absolument pas louper ce bus ou qu’il soit annulé sous peine de manquer notre avion. Un retard de plus de 4h pouvait également nous être fatal. Quand on connait la ponctualité des transports en commun en Asie, l’état des routes et la difficulté à passer les frontières terrestres, nous aurions besoin d’un miracle !
Ça a commencé par un retard de presque une heure du mini van supposé nous amener à la frontière Laos-Thaïlande. À l’intérieur de ce dernier, une dizaine de backpackers, entassés avec leurs valises. La majorité d’entre eux se rendaient à Bangkok pour une raison bien précise : faire la fête sur Kao San Road et profiter de l’absence de touristes du moment pour se loger à moindre coût. L’une d’entre elles m’a gratifié d’éternuements et de postillons pendant la petite heure de trajet.
Le passage de la frontière s’est déroulé sans accroc. Cette fois, nous n’avons pas joué les cow-boys et avons donné le $ nécessaire pour ne pas rester coincé 4h. C’est pourtant totalement contre nos principes et avions jusqu’à présent lutté contre cette corruption ridicule.

Les enfants du Laos et leur accueil chaleureux nous manquent déjà.

Bus de nuit pour Bangkok

Nos premiers pas en Thaïlande avaient vraiment une saveur étrange. La tristesse, l’appréhension et le stress se mélangeaient quand nous attendions notre bus de nuit. Avant-dernière ligne droite avant l’aéroport et notre retour de voyage. Nous embarquons enfin. À la gare routière, il n’y a rien à manger d’intéressant. Des chips et des gâteaux secs immondes sont les seules denrées à disposition. Bien que n’ayant rien avalé depuis le matin même, nous décidons de faire l’impasse et d’attendre la pause pendant le trajet. Si pause il y a.
À 1h30 du matin, alors qu’Ania dormait paisiblement, nous ne nous étions toujours pas arrêtés pour manger. Je suivais péniblement le trajet sur Mapps.me et commençais à désespérer. Finalement, vers 2h, nous nous arrêtons enfin ! Nous sommes dans un boui-boui ouvert 24/24 et avons même un repas offert via notre ticket de bus. Ce sera soupe pour tout le monde. J’ai quand même trouvé quelques victuailles qui nous ont permis de tenir jusqu’au petit déjeuner.

Arrivée à Bangkok

Sur les coups de 5h30, après 14h de trajet, nous sommes enfin à Bangkok. La fourmilière se réveille. À l’arrivée à la gare routière, des centaines de chauffeurs de taxi encerclent les bus. C’est un véritable enfer. Nous prenons nos sacs à dos le plus vite possible et nous extirpons de ce calvaire. Ne faisant pas confiance aux chauffeurs de taxi locaux, nous optons pour un Grab (application comme Uber pour l’Asie du Sud Est). Après de longues minutes à tourner pour trouver notre chauffeur, nous sommes enfin en route pour l’aéroport.
Notre vol n’était prévu que pour 12h30, nous étions donc miraculeusement en avance. Par chance, Clément & Louise, bons amis de mon petit frère étaient là pour leur vol de retour également. Après près de 4 mois d’aventure en Asie, ils devaient également interrompre leur tour du monde. C’était vraiment rassurant et chouette de pouvoir passer cette longue attente en bonne compagnie.

Arrivée à l'aéroport de Bangkok pour le retour

Arrivée à l’aéroport de Bangkok, dernière étape de notre retour de voyage.

Vol Bangkok-Moscou

Nous avons stressé jusqu’à la dernière minute. L’enregistrement des bagages a été long et nous avions peur de nous voir refuser la possibilité d’embarquer. Heureusement, aucun problème. Même ma batterie de secours dont les chiffres sont effacés a pu embarquer avec nous. C’était sans compter sur la bienveillance et l’amabilité de nos amis du personnel russe.
Le vol s’est déroulé sans encombre. Par contre, notre escale à Moscou était littéralement chaotique.

Escale en Russie

Nous avons à plusieurs reprises été contraints de faire la queue avec énormément d’autres voyageurs. Serrés comme des sardines en boîtes, aucune mesure de sécurité ou gestes barrières n’étaient appliqués. Pourtant, à ce moment-là, l’épidémie se propageait déjà partout dans le monde. Nous avions nos masques et tentions de ne pas nous exposer du mieux que l’on pouvait.
Le terminal de l’aéroport de Moscou où nous devions embarquer était minuscule. Là aussi, des centaines de voyageurs de 4 vols différents attendaient, groupés. Pour rejoindre notre avion, nous avons été entassés dans des navettes. J’ai été envoyé, un peu contraint, dans la première navette, peinant à me hisser à l’intérieur. Ania attendait toujours dans la file et nous étions séparés. Connaissant son appréhension pour les transports quand on est aussi serré, je me faisais du souci. Le trajet en navette a été interminable. J’avais l’impression que nous étions envoyés au goulag. Finalement, nous arrivions bel et bien à notre avion. Un vieux modèle qui respirait la compagnie low coast et n’était vraiment pas rassurant.
Ces 4 heures de vol furent les plus longues de toute ma vie. Impossible de fermer l’œil, mon voisin prenait 1,5 siège et cela ne semblait pas le déranger outre mesure de me déborder dessus. Il nous a demandé de nous lever en catastrophe au milieu de notre repas parce qu’il devait aller aux toilettes en urgence… Ce vol Moscou – Paris, nous nous en souviendrons probablement toute notre vie, en espérant cette fois qu’il s’agisse bien du dernier.

La file d’attente pour l’enregistrement des bagages de notre vol de retour en France à Bangkok

Retour de voyage : l’arrivée en France

Nous sommes arrivés à l’aéroport Paris Charles de Gaulle assez tardivement, autour de minuit. Là-bas, rien ni personne. La majorité des autres voyageurs avaient quelqu’un qui les attendait. Nous ne voulions prendre aucun risque vis-à-vis de nos proches et avons donc décidé de nous débrouiller.
Nous pensions réserver une chambre au Formule 1 le plus proche en arrivant. Malheureusement tout était complet. Après 15 minutes d’appel surtaxé à la compagnie qui gère les réservations dans les hôtels environnants, nous avions finalement une chambre dans l’hôtel Ibis de Charles de Gaulle. Pour nous y rendre, il fallait prendre une navette dont nous ne trouvions pas le point de départ. Après une heure à déambuler dans le Terminal C, un agent d’entretien nous indiquait finalement la direction du départ des navettes.
Nous étions littéralement rincés et une bonne nuit de sommeil nous attendait.
Nous voulions nous isoler pour une durée de 15 jours afin de nous assurer de ne pas être des sources potentielles de contamination. Pour cela, nous avions un logement à disposition à Toulouse. Il ne restait plus qu’à rejoindre la capitale du Sud- Ouest.

Tableau affichage des vols de retour crise du coronavirus

Nos craintes étaient justifiées, à Bangkok, les vols s’annulaient les uns après les autres

Paris – Toulouse en période de confinement

Le matin, il nous fallait réfléchir à comment rejoindre le sud. L’option du train a très vite été impossible parce qu’il n’y avait plus de place dans le seul TGV journalier. Il était hors de question de dépenser encore 70€ pour une chambre d’hôtel de banlieue parisienne. Notre meilleure option était la location de voiture. Après quelques refus, car nous n’avions pas de réservation et il n’y avait plus de voitures disponibles, nous trouvions finalement un véhicule à ramener à l’aéroport de Toulouse.
Nous y serions récupérés par mon père puis nous prendrions ma voiture et quelques provisions préparées par maman pour notre isolement. Après 7h de route, nous arrivions enfin. Ce parcours du combattant prenait fin, et ce n’était pas trop tôt.
Si vous devez rentrer en France pendant cette période difficile, la location de voiture est vraiment une bonne option. En plus de ne pas exposer les autres et vous protéger d’une potentielle contamination, c’est financièrement très similaire aux transports en commun quand il faut traverser la France.

La raclette : lot de consolation du retour de voyage anticipé

La raclette : lot de consolation du retour de voyage anticipé

Retour de voyage : le bilan

Toutes ces péripéties, ce sont des problèmes de gens riches à la situation plus que confortable. Si nous sommes heureux d’avoir pu rentrer sains et saufs, nous nous estimons vraiment chanceux. Nous pensons très forts à tous les gens que l’on a pu rencontrer au cours de ces derniers mois. Ces communautés qui vivent dans des pays où il n’y aucune prise en charge médicale et où le virus risque d’être ravageur. Nous espérons qu’ils pourront faire face à cet épisode sans précédent pour nos générations. Ce long trajet de retour de voyage nous a donné de quoi réfléchir et relativiser. 
En ce qui concerne nos projets personnels, nous allons commencer par poser nos sacs à dos le temps que la situation s’apaise. Nous n’avons aucune idée de comment sera la vie dans quelques semaines alors il est impossible d’établir un quelconque plan. Ce qui est sûr, c’est que nous allons continuer sur notre lancée pour nos projets professionnels. Nous allons également poursuivre du mieux que l’on peut notre démarche de respect de l’environnement et apporter notre pierre à l’édifice de la grande bataille contre le réchauffement climatique autant que possible.
Enfin, nous allons poursuivre ce blog de voyage avec les quelques articles que nous avons en retard sur le Cambodge et le Laos, et adapterons le contenu à la suite de nos aventures. 
Nous tenions également à remercier chaleureusement notre assurance et partenaire Chapka, qui au vue des circonstances exceptionnelles nous a remboursé nos billets d’avion de retour de voyage. Nous étions couverts avec un Cap Aventure et nous ne pouvons que recommander cette couverture pour tous ceux qui voudraient entreprendre un tour du monde quand cela sera de nouveau possible.
À très vite ici, sur Facebook ou sur Instagram !

Retour de voyage au coin du feu

Bien au chaud, au coin du feu, on s’estime vraiment chanceux de pouvoir être ici aujourd’hui

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