Après avoir passé une nuit bien fraîche au sommet du col de la Bonette (plus haute route bitumée d’Europe), nous avons franchi les portes du parc national du Mercantour. Un territoire sauvage et préservé que nous rêvions de visiter depuis longtemps. Pour notre première randonnée dans le massif, nous sommes accompagnés par Maïté et Hamza, deux amis qui voyagent eux aussi à bord de leur camping-car Hymer. Nous avons choisi de nous rendre au lac de Vens et de passer une nuit dans le refuge éponyme.

Cette grande première dans le Mercantour est marquée par le début de l’automne et la transformation du paysage qui l’accompagne. Les cerfs brament toute la journée, les mélèzes commencent à arborer des couleurs flamboyantes et les nuits se rafraîchissent. Si vous souhaitez faire une randonnée au lac de Vens et en découvrir le très joli refuge, vous êtes au bon endroit. Dans cet article, vous trouverez le topo complet de la rando et le récit de notre aventure agrémenté d’une carte et de photos. On espère que vous aimez les paysages sauvages, les lacs de montagne et les nuits autour d’un poêle.

Le lac de Vens à proximité du refuge de Vens
Le grand lac de Vens et son panorama splendide sur les contreforts des Alpes

Lacs de Vens dans le Mercantour

Les lacs de Vens sont situés dans la zone coeur du parc national du Mercantour. Il s’agit des lacs les plus au nord de l’aire protégée. Si vous ne le saviez pas encore, cela implique une réglementation stricte. Celle-ci ne permet pas de dormir dans son véhicule à l’intérieur des limites du parc. En randonnée, le bivouac est réglementé (la tente peut être montée uniquement entre 19h et 9h).C’est pour cela que nous avons dormi au col de la Bonette.

C’était également l’occasion de profiter du panorama extraordinaire qu’offre cette route. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut rouler à 2800 m d’altitude, et c’était assez étrange de se retrouver là-haut derrière le pare-brise de notre Jolly. Nous avons plutôt l’habitude de franchir des cols aussi haut à pied, avec notre sac sur le dos.

Si vous passez dans le coin, on ne peut que vous recommander d’emprunter cette route extraordinaire. Elle vous permettra également de rejoindre la haute vallée de l’Ubaye, qui abrite elle aussi de magnifiques randonnées.

Randonnée au lac de Vens

Plusieurs itinéraires sont possibles pour explorer le secteur des lacs de Vens et atteindre le refuge. Nous avions dans l’idée de faire une boucle et de monter au col du Fer après la nuit dans le refuge. Pour cela, le plus judicieux était de partir du lieu-dit Le Pra et de grimper par le plateau de Morgon. Une fois à la cabane forestière de Tortisse, nous pourrions bifurquer en direction des lacs de Vens. Si toutes nos sorties en montagnes ne se passent pas toujours comme prévu, celle-ci s’est déroulée sans encombre.

Cette randonnée est relativement facile et ne présente pas vraiment de difficultés en l’absence de neige et par beau temps. Le sentier est balisé et bien marqué, il n’y a donc pas de problème d’orientation. Voici les statistiques de cette boucle au départ du Pra par les lacs de Vens, le refuge de Vens et le col du Fer :

Distance24 kmAltitude min1640 m
Dénivelé positif1100 mAltitude max2591 m
Dénivelé négatif1100 mTemps de marche (A/R)7 h

Vous pouvez retrouver le tracé de notre parcours sur cette carte :

Voir en plein écran

Se rendre au départ de la randonnée pour le lac de Vens

Le parking du départ de notre itinéraire pour atteindre le lac de Vens se trouve juste en dessous du hameau du Pra. Nous arrivions de Jausiers et avons donc franchi le col de la Bonette. Nous sommes descendus par la M64 pour nous garer le long de la Tinée. Si vous arrivez du sud, vous n’aurez qu’à remonter la rivière en suivant la M64 depuis Saint-Étienne de Tinée. Si des stigmates de la tempête Alex datant d’octobre 2020 sont encore visibles, cette vallée a été relativement épargnée. Surtout quand on compare à celles de la Vésubie et de la Roya.

On en profite pour vous encourager à soutenir les petits commerces de ces vallées. Lorsque vous allez randonner, n’hésitez pas à vous arrêter pour goûter aux produits locaux et découvrir l’artisanat du coin. Ces petits gestes sont très utiles pour soutenir ces gens qui vivent un cauchemar depuis début octobre 2020. Les amateurs de fromage trouveront largement de quoi être séduits dans le Mercantour !

Sur le parking, nous avons la bonne surprise d’entendre pas moins de 5 cerfs bramer. Il sont cachés dans les forêts de mélèzes environantes et nous n’aurons pas la chance de les apercevoir. Mais cette ambiance donne le ton, la randonnée promet d’être formidable.

Vallée de la tinée depuis le sentier du refuge des lacs de vens

Montée au plateau de Morgon

Les premiers kilomètres de cette randonnée en direction du lac de Vens sont bien raides. Le sentier serpente dans la forêt. Nous avalons 500 m de dénivelé positif en seulement 3,5 km de marche. Notre petite équipe monte chacun à son rythme avec un dénominateur commun : un grand sourire sur chaque visage. Se retrouver entre amis en montagne dans un cadre aussi agréable est l’une de nos plus grandes sources de bonheur.

En chemin, alors que nous sommes encore dans le sous-bois, nous croisons une harde de chamois. Ce sont les premiers que nous arrivons à observer de près depuis que nous sommes dans les Alpes.

Une pause est alors de rigueur pour sortir le téléobjectif et les photographier. L’observation des animaux sauvages en montagne est l’une de nos grandes passions. Les parcs nationaux sont des réserves de biodiversité absolument incroyables et celui du Mercantour n’échappe pas à la règle. Nous aurons l’occasion de vous en parler plus amplement dans notre article consacré à la Vallée des Merveilles.

Nous laissons la harde de chamois tranquille après une dizaine de minutes à les contempler et les photographier. La route vers le refuge de Vens est encore longue.

Maison forestière de Tortisse

En sortant de la forêt, on arrive sur une très jolie clairière. Pour la première fois depuis le départ, nous sommes en milieu ouvert. Le cadre est très apaisant et propice pour une nouvelle pause. Un vautour fauve nous survole avant de s’en aller au loin. Les cabanes de l’ONF se fondent parfaitement dans le décor. On ne traine pas trop parce que les journées ont déjà bien raccourci et il serait préférable d’arriver au refuge avant la nuit.

Il nous faut alors basculer derrière la Crête de la Côte pour rejoindre les lacs de Vens. Après les ultimes 200m de dénivelé positif, nous arrivons enfin sur l’arête. En descendant, nous aurons bientôt un premier point de vue sur les lacs de Vens.

Lac et refuge de Vens

Les lacs de Vens sont au nombre de 4 et ils sont reliés par un ruisseau. Leur couleur varie entre le bleu et le vert selon la nature du substrat et la profondeur. À notre arrivée, le soleil éclaire encore un peu cette zone malgré l’encaissement de la vallée. Nous avons droit à des lacs bien colorés et choisissons de rester sur le sentier à flanc de montagne pour être en hauteur. Cela offre un joli point de vue sur la succession de lacs d’un côté et le refuge de l’autre. Celui qui nous intéresse particulièrement ici est le lac de Vens supérieur puisqu’il est surplombé par le refuge.

Nous savions que le refuge de Vens n’était plus gardé à cette saison et que la partie ouverte en hiver était équipée d’un poêle à bois. Nous ne savions en revanche pas s’il resterait un peu de stock sur place, ou s’il fallait en monter. Du coup, en longeant le lac de Vens supérieur, nous avons trouvé un tronc déraciné. Le morceau d’arbre est long d’environ 2m. Hamza et moi nous chargeons de le porter sur le kilomètre de marche qu’il nous reste à parcourir avant d’arriver au refuge. Si jamais il n’y a plus de bois, nous aurions de quoi faire. S’il y en a déjà, nous aurons rapporté largement de quoi compenser notre utilisation.

Refuge de Vens

Après ces dernières minutes un peu pénibles, nous atteignons le refuge. Sur la petite colline qui le sépare du lac, j’aperçois deux têtes se détacher. Il s’agit d’animaux, que j’identifie à l’aide du téléobjectif. Deux mouflons, une mère et son petit, sont en balade de fin de journée. C’est ma première rencontre avec cette espèce qui vient compléter ma liste des animaux sauvages de montagnes rencontrés en randonnée.

Mouflons au bord du lac de Vens
Les mouflons sauvages du parc national du Mercantour au bord du lac de Vens.

Il n’y a personne et nous pouvons prendre tranquillement nos quartiers. La présence des mouflons à proximité le laissait supposer. Après un rapide tour du propriétaire et l’allumage du poêle, il est déjà l’heure de l’apéro. Comme nous partions pour une randonnée d’une seule nuit et que nous n’avions pas besoin de transporter notre nouvelle tente, je me suis permis de porter une bouteille de vin. Un petit verre avec une soupe bien chaude ne nous fera pas de mal, bien au contraire.

Dormir au refuge de Vens

Le refuge de Vens est gardé en période estivale, entre le 2ème week-end de juin et le 3ème week-end de septembre. Si vous comptez y passer la nuit entre ces dates, il faudra réserver au préalable sur le site du refuge. Vous y trouverez également les tarifs et conditions de réservation. En dehors de la saison de gardiennage, une partie du refuge reste ouverte aux randonneurs.

La salle commune pour cuisiner, manger et se réchauffer est disponible, ainsi qu’un dortoir. Ce dernier se compose de 26 lits équipés de matelas et de couvertures. Il n’y a pas l’eau courante dans le refuge en hiver, pour la simple et bonne raison que les températures hivernales entraineraient le gel de l’eau dans les canalisations. Il est donc strictement interdit de vider de l’eau dans les éviers. Pensez à emporter un peu d’argent en liquide puisqu’une petite participation financière est à déposer généralement dans une urne, enveloppe ou sous la porte.

Notre nuit au refuge de Vens

Alors que nous commencions à préparer le repas, un couple nous a rejoints au refuge. Puis c’est un autre randonneur solitaire qui est arrivé à son tour. Nous serons donc 7 à passer la nuit ici. Les nuits en refuge, de notre point de vue, sont propices aux rencontres et à la convivialité. Ce n’était pas vraiment le cas ce soir-là. Le couple arrivé après nous n’était pas des plus avenants. Nos bonjours n’ont pas reçu de réponse de la part du Monsieur, qui n’était à priori pas sourd ni muet. Tant pis, nous étions très bien tous les quatre.

Après un bon repas nous lançons une partie de dés. Nous avons pris soin de mettre une serviette sur la table pour éviter de faire du bruit. Il est 21h quand ceux qui partagent le dortoir avec nous décident d’aller se coucher. Nous avons mis fin à notre partie de dés pour ne pas les déranger. Installés à notre table, nous continuons à discuter, à voix basse quand un bruit sourd en provenance du plafond nous interrompt. C’est une personne qui cogne avec son poing sur le sol du dortoir au-dessus. Il n’est que 21h30 et nous chuchotions, bonjour l’ambiance !

Voie lactée sur le lac de Vens

Pour ne pas trop écourter la soirée, on décide de sortir voir ce que dit le ciel nocturne. Comme souvent en altitude, nous sommes gâtés. La lune n’est pas encore levée, et il n’y a presque aucune pollution lumineuse. Les conditions sont parfaites pour observer les étoiles filantes traverser les cieux.

La Voie lactée se met en place et descend dans l’axe du lac de Vens. Impossible de résister à la tentation de sortir le trépied. Hamza se porte volontaire pour jouer le cobaye avec la lampe frontale. Le résultat n’est pas à la hauteur de mes attentes, mais on s’en contentera pour cette fois.

Lorsque le froid se fait trop intense pour photographier le ciel, nous rentrons pour rejoindre le dortoir. Il s’avère que le Monsieur qui n’a pas dit bonjour, est également celui qui a tapé au sol pour nous faire comprendre son mécontentement. C’est également lui qui ronfle déjà comme un tracteur.

Nuit au refuge de Vens

Et il ne s’est pas arrêté de toute la nuit. Nous avons commis l’erreur de ne pas emporter de boules quies. Le type qui nous a demandé du silence alors que nous chuchotions, dans un refuge de montagne à 21h30 a ronflé jusqu’au matin. J’avoue que je n’ai pas pu garder mon calme toute la nuit et que quelques réflexions sont parties. Même sa compagne l’a réveillé à plusieurs reprises pour essayer de le faire taire. Nous avons surnommé ce Monsieur « le cerf », pour souligner à quel point ses ronflements étaient forts et gênants.

Nous avons commis l’erreur de ne pas emporter de boules quies, certes. Mais quand on ronfle comme un motoculteur, est-ce qu’on a vraiment le droit de râler contre des gens qui discutent dans la salle commune du refuge ? Est-ce qu’on ne doit pas prévenir du désagrément à venir et se faire tout petit ? Question de bon sens me direz-vous.

Lac de Vens au petit matin
Lac de Vens avant l’arrivée du soleil.

Boucle par le col du Fer

Après cette très longue nuit où les heures de sommeil se comptent aisément sur les doigts d’une main, nous avons un peu trainé au refuge pour profiter de la douceur de la matinée. Un bon petit déjeuner pris face au superbe lac de Vens nous aura permis de démarrer sous de meilleurs auspices. Le programme de la journée est très simple. Nous commencerons par monter au col du Fer avant de redescendre jusqu’à la maison forestière de Tortisse. De là, nous reprendrons le sentier de la veille pour revenir sur le parking du départ où nous attendent nos véhicules.

Les sauterelles sont encore de sortie malgré la chute des températures. Et certaines ne perdent pas de temps.

Col du Fer

Depuis le lac de Vens et le refuge, le sentier qui mène au col du Fer est bien visible. Il serpente à flanc de montagne. Nous nous mettons en route en milieu de matinée alors que le soleil nous réchauffe. La nuit a été froide et la gelée est encore présente sur les pentes ombragées.

Je prends les devants et commence à grimper. Il n’y a que 200 m de dénivelé positif pour accéder au Collet de Tortisse (2591 m) qui est légèrement plus haut que le col du Fer (2581 m). Sur le chemin, un amas rocheux attire mon attention. Un gros caillou percé offre un point de vue assez sympathique sur les lacs de Vens en contrebas. J’en profite pour y attendre mes compagnons de marche. Une fois ce rocher percé atteint, le col n’est plus très loin.

En arrivant au Collet de Tortisse, nous avons la bonne surprise de croiser une harde de chamois. Ils ont été effrayés par un randonneur qui arrive dans l’autre sens. Malheureusement, le temps que je sorte le téléobjectif, ils sont déjà trop loin. Nous poursuivons jusqu’au col du Fer, où il est possible d’avoir un pied en France et l’autre en Italie. La vue sur le versant italien est magnifique. Par contre, il faut affronter un fort vent du nord qui rafraîchit sacrément l’atmosphère. On enfile donc tous une couche de plus pour entamer la descente.

Descente vers la maison forestière de Tortisse

En continuant notre boucle, nous obtenons un très beau point de vue sur les formations géologiques intrigantes du fond de la vallée. A 2361 m on passe à côté d’un petit lac sans nom. La végétation fait peu à peu son retour à mesure que l’altitude diminue. Il est midi passé et le moment est propice pour faire une pause déjeuner. On s’installe donc au bord du ruisseau, le torrent de Tortisse pour nous ravitailler.

Après un repas au soleil, nous poursuivons cette boucle des lacs de Vens en direction du parking. Impossible de ne pas reprendre de photos des cabanes avant de nous enfoncer dans la forêt. Une légère montée nous attend avant de retrouver le dénivelé négatif important du final. Les cerfs sont toujours là et leur brame raisonne dans la vallée. Impossible de les apercevoir à cette heure-ci, ils sont cachés dans les mélézins.

Fin de la boucle lac de Vens et col du Fer

La fin de cette randonnée se déroule dans le sous-bois que nous avions monté la veille. La descente est assez courte et il n’y a pas lieu de s’étaler dessus. En arrivant au parking, nous avions tout de même les jambes bien chaudes après ces 1100m de dénivelé négatif d’une traite. On aura bien mérité la bière de la récup’.

Plateau de Tortisse

Bilan randonnée lac de Vens

Il est donc l’heure de dresser le bilan de cette randonnée au lac de Vens. En commençant par le cadre qui est vraiment beau et sauvage. Ce premier aperçu du parc national du Mercantour nous a donné envie d’en voir davantage. Il est d’ailleurs déjà prévu de faire un trek de 4 jours dans la vallée des Merveilles. Les couleurs d’automne arrivent et avec elle la chute des températures en montagne. Nous avons été agréablement surpris par la faible fréquentation du coin. Les lacs de Vens sont pourtant réputés, mais il semblerait qu’en dehors de l’été, le coin soit plus calme que le reste du parc. C’est une autre bonne raison d’y venir en automne ou au printemps.

Si vous entreprenez cette randonnée en fin de saison, n’oubliez pas de partir bien équipé pour faire face au froid et aux conditions bien différentes de la période estivale. La nuit, les températures sont souvent dans le négatif. La présence du poêle dans le refuge permet de se passer d’un duvet trop technique. En plein hiver, si le stock de bois est épuisé, il vous faudra cependant monter avec de quoi chauffer l’édifice.

Soutenir les villages du Mercantour

Nous espérons que ce topo vous aura donné envie de suivre cet itinéraire. Si vous passez dans le coin, n’oubliez pas de faire vos courses et de contribuer au commerce local. Les artisans et commerçants de la région ont vécu des mois de galères qui ne sont malheureusement pas terminés plus d’un an après la tempête Alex. Nous encourageons ainsi tous nos lecteurs à faire vivre ces vallées qui en ont besoin. Plutôt que d’acheter votre nourriture en grande surface, pensez aux petites épiceries qui se battent pour survivre après la catastrophe climatique d’octobre 2020.

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous en faire part sur notre compte Instagram. C’est toujours un plaisir d’échanger avec d’autres passionnés de randonnée.

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