Le pic des Posets (3375m) également connu sous le nom de pointe de Llardana, est le deuxième plus haut sommet des Pyrénées. Les 29m qui le sépare du mythique pic d’Aneto (3404m) lui valent d’être beaucoup moins fréquenté que le toit de la chaîne. Pourtant, la randonnée au pic des Posets est magnifique. Depuis le sommet, le panorama est époustouflant. On y distingue entre autres le massif du Mont Perdu, celui du Vignemale et son voisin et grand frère l’Aneto. Dans ce nouveau topo, nous allons vous raconter notre randonnée au pic des Posets réalisée sur 2 jours avec une nuit en bivouac. Au départ du parking de la Espingantosa, nous avons gravi les 2000m de dénivelé positif en deux fois pour une arrivée au sommet au petit matin.
Randonnée pic des Posets : bon à savoir
Si vous prévoyez de vous lancer dans la randonnée du pic des Posets, il y a quelques détails utiles à connaître pour préparer correctement votre sortie. Si le sommet reste assez facile d’accès et ne présente pas de difficulté particulière, il s’agit tout de même d’une ascension à plus de 3000m d’altitude. Ce milieu est hostile, l’oxygène commence à se raréfier et il faut compter sur la présence de névés jusque tard dans la saison. Les conditions peuvent être rugueuses et ne doivent pas être prises à la légère.
Lors de notre ascension début juillet 2021, il y avait encore 2 gros névés. Au petit matin, ils étaient bien gelés. Il a donc fallu chausser les crampons. Si le piolet n’était pas nécessaire pour grimper, il s’agit d’un équipement de sécurité. Il permet de se rattraper en cas de chute. Pour accéder au sommet du pic des Poset, il est indispensable d’être correctement équipé.
Distance (A/R) | 19km | Altitude min | 1500m |
Dénivelé + | 1850m | Altitude max | 2375m |
Dénivelé – | 1850m | Temps (A/R) | 10h |
Bivouac dans le Parc Naturel Posets Maladeta
Dans les Pyrénées, le camping sauvage est interdit. Que vous soyez côté français ou espagnol de la chaîne, vous ne pouvez pas installer votre tente n’importe où et n’importe quand. En Espagne, le bivouac est extrêmement réglementé et les restrictions varient d’un parc à un autre. Dans le Parc Naturel Posets Maladeta, le bivouac est possible à une altitude supérieure à 2300m à condition de monter sa tente après 19h et de la ranger avant 8h.
Les feux de camp sont interdits et les chiens doivent être tenus en laisse. Il est également interdit de sortir des sentiers balisés afin de protéger la flore et la faune de montagne. Enfin, vous devrez redescendre avec tous vos déchets. Nous insistons particulièrement sur ce point parce que nous trouvons encore trop souvent emballages, masques et autres déchets plastiques en montagne au bord des sentiers et dans les cabanes.
Accès au départ
L’accès au parking de la Espingantosa est également soumis à une règlementation. La route étant étroite, elle n’est plus autorisée à la circulation entre fin juin et mi septembre. Un système de navette au départ du village d’Eriste est en place. Le bus part du grand parking près de l’office du tourisme. Vous pourrez acheter votre ticket directement dans le bus auprès du chauffeur. Nous avons dû fouiller pas mal sur les sites de l’office du tourisme de la vallée pour trouver les horaires de ces navettes. Voici les horaires de départ des navettes du parking de l’office du tourisme d’Eriste et du départ de la randonnée pour le pic des Posets.
Départ Ériste | 6h | 7h | 8h | 10h30 | 11h30 | 14h30 | 15h30 | 16h30 | 20h |
Départ parking Espingantosa | 6h30 | 7h30 | 8h30 | 11h | 12h | 15h | 16h | 17h | 20h30 |
L’aller retour en bus coûte 10,5€ par personne. Les navettes peuvent être bien remplies, surtout en fin de matinée. La plupart des randonneurs ne montent qu’au refuge Angel Orus. Comme nous avons prévu de bivouaquer, nous avons pris le bus de début d’après midi (14h30). Si vous souhaitez effectuer cette randonnée au pic des Posets à la journée, il faudra prendre le premier bus.
Randonnée pic de Posets : notre itinéraire
Pour accéder au pic des Posets, nous avons suivi l’itinéraire classique par le refuge Angel Orus et par la voie royale. Les nombreux témoignages à propos de l’accueil et de la qualité de la nourriture dans ce refuge ne nous ont pas encouragés à y passer la nuit. De plus, il est situé à 2148m, encore très loin du sommet que nous voulions gravir tôt le matin. C’est pour cela que nous avons choisi d’embarquer notre tente et de bivouaquer le plus haut possible.
Voici le tableau des statistiques de cette randonnée et la carte qui retrace notre itinéraire. Il vous permettra de préparer cette ascension.
Du parking de la Espingantosa au refuge Angel Orus
Après la trentaine de minutes de montée en navette, nous prenons la route du 2ème plus haut sommet des Pyrénées avec beaucoup d’excitation. Le sentier commence doucement à s’élever dans la forêt. Nous passons devant la jolie cascade d’Espigantosa avant de passer aux choses sérieuses. Pour accéder au refuge Angel Orus, il faut marcher environ 3,5km avec un dénivelé positif de 700m.
La montée le long du petit cours d’eau n’est pas très intéressante puisque nous sommes sous les arbres. Il n’y a que très peu de visibilité sur autre chose que les troncs pendant la majorité du parcours. En revanche, la diversité florale nous offre une petite distraction. Surtout à Ania qui se régale avec l’objectif macro.
Nous atteignons le refuge Angel Orus après environ 1h15 de marche et en profitons pour refaire le plein d’eau. Cette petite pause pour manger une barre et reprendre des forces ne nous fait pas de mal. À cette altitude, les arbres se raréfient et le paysage commence à s’ouvrir.
Du refuge au torrent Llardaneta
Notre objectif de cette première journée était de pouvoir bivouaquer au plus près du sommet. Il faut tenir compte du fait qu’au delà de 2500m d’altitude, la moraine, les blocs remplacent l’herbe. Il peut donc être assez compliqué de trouver un endroit plat à proximité d’eau où il est possible de planter les sardines de la tente.
Nous n’avons pas encore de modèle autoportant, il s’agit de notre prochain investissement, alors il va falloir composer avec une tente classique. À partir de 2500m, nous commencions donc à regarder pour un spot où passer la nuit en accord avec les restrictions du parc naturel Posets Maladeta. Nous voulions vraiment aller le plus haut possible pour réduire le dénivelé positif du lendemain matin.
Bivouac à 2700m d’altitude
Vers 2600m d’altitude, il faut suivre le ruisseau du canal Fonda qui se jette dans le torrent de Llardaneta. Attention à ne pas suivre le GR11 qui s’en va vers l’Ibon Llardaneta (lac). Notez qu’il est possible d’aller y bivouaquer. Cela représente un petit détour, mais avec du recul, c’est plat et herbeux.
À partir d’ici, les spots de bivouac se font de plus en plus rares, mais nous décidons tout de même de continuer à monter un peu. En arrivant à 2700m, nous pouvons distinguer un gros névé qui recouvre le ruisseau. Nous décidons alors de nous arrêter ici pour ce premier jour. Il se fait tard et les probabilités de trouver un spot de bivouac au delà de ce névé sont infimes.
Pour passer une nuit confortable, il aurait été préférable de redescendre d’une centaine de mètres de dénivelé.La fatigue aura eu raison de notre confort. Nous avons trouvé un petit emplacement pour poser la tente sans redescendre. Il présente toutes les caractéristiques du bivouac désagréable : cailloux, pente et exposé au vent. En contrepartie, il est près du ruisseau et dispose d’une vue spectaculaire sur la vallée !
Coucher de soleil splendide sur l’Aneto
Passer une nuit en altitude est généralement l’occasion de profiter de magnifiques coucher et lever de soleil. Quand les conditions s’y prêtent, nous apprécions aussi particulièrement profiter de l’absence de pollution lumineuse pour admirer le ciel étoilé. Après un bol de soupe et des pâtes au fromage de la vallée, j’ai décidé de prendre encore un peu de hauteur. Une barre rocheuse surplombe notre campement. Elle mène à une crête qui ressemble bien au meilleur endroit pour profiter des dernières lumières du jour.
Après un peu de grimpe malgré de bonnes courbatures, j’atteins la ligne de crête qui est en réalité un plateau. La vue à l’est est totalement bouchée par de hauts sommets. En revanche, j’ai le droit à un panorama totalement dégagé sur le massif de l’Aneto et de la Maladeta ! Ces sommets mythiques se teintent de rouge à mesure que le soleil disparait derrière l’horizon. Loin au nord, je distingue la vallée de Benasque. Le ciel y prend des couleurs rosées et le tableau est absolument sublime. Lorsque le spectacle est terminé, il est l’heure de rentrer à la tente où Ania m’attend avec une bonne tisane.
Courte nuit en altitude
Nous le savions, cela ne serait pas la meilleure nuit de bivouac de notre vie. Avant une ascension comme celle-ci, l’excitation est toujours présente et affecte la qualité du sommeil. Ici, c’est surtout le vent, la pente et les rochers sur lesquels nous étions installés qui ont perturbé notre nuit. Elle fut très courte et le réveil à 05h00 n’était pas des plus agréables.
Les Posets par la voie Royale
Après un petit déjeuner rapide composé de quelques tranches de quatre quart et d’un café soluble, nous plions la tente. L’excitation commence à monter. Une fois nos sacs chargés, nous prenons la route du pic des Posets avec la certitude d’y arriver les premiers. Il est 5h30 et le soleil ne se lèvera que dans une heure. C’est donc à la frontale que nous entamons cette ascension. Après seulement une centaine de mètres de dénivelé positif, nous arrivons au pied du névé.
Il faut alors chausser les crampons. Si la température n’a pas été très froide cette nuit, la neige est tout de même trop dure pour prendre le risque de monter sans équipement. Crampons aux pieds et piolets en main, nous commençons l’ascension de cette première petit difficulté. C’est Ania qui m’ouvre la voie. Elle s’en sort à merveille malgré la pente bien raide sur la première partie.
Après un replat, la neige laisse place à un éboulis. Il y a environ 500m de blocs à franchir avant d’arriver au pied d’un ultime névé. Il faut alors enlever les crampons en sachant que nous les remettrons d’ici une dizaine de minute. C’est chronophage et cela nous retarde un peu, mais il est totalement inutile de prendre des risques et de traverser un éboulis avec les crampons !
Ultime névé et arrivée à 3000
La section de blocs était bien plus fatigante que la montée du névé. Il serait même presque préférable de faire cette randonnée au pic des Posets lorsque tout le couloir est couvert de neige. Une fois arrivés au début de la seconde partie enneigée, nous posons à nouveau nos sacs à dos. Nous remettons nos crampons et repartons à l’assaut des Posets avec cet ultime névé.
Le départ est assez raide et l’inclinaison de la pente augmente à mesure que l’on se rapproche de la barre des 3000m d’altitude. On se rapproche de plus en plus de la Dent de Llardana (3085m). Nous prenons notre temps pour ne pas chuter. Le soleil se lève derrière nous et le spectacle est une nouvelle fois au rendez-vous. Lorsque nous arrivons enfin au col de la Dent de Llardana (3017m) nous pouvons enlever les crampons. Le reste de la course (350m de dénivelé positif tout de même) n’est fait que de blocs et de moraine.
Le paysage caractéristique de la barre des 3000m se dessine devant nous. Un environnement uniquement minéral et austère que j’aime tant. La rugosité du paysage me fascine. Elle indique que nous sommes sur un territoire hostile. Ania a mis un certain temps à vraiment apprécier ce type de paysage. Il peut être assez impressionnant alors que la végétation est plus rassurante.
Ascension finale dans le vent : poursuivre ou renoncer ?
Les crampons rangés, nous prenons le temps de manger une barre pour se donner un peu d’énergie avant l’ascension finale. Les principales difficultés sont derrière nous, mais il reste tout de même un peu de chemin avant d’atteindre l’objectif du jour. Le soleil gagne de la hauteur et sentir la chaleur des rayons entrer en contact avec nos joues est un moment agréable. Même si nous n’avions pas vraiment besoin d’être réchauffés avec les efforts de la montée.
Après le passage du col et une petite montée bien raide, nous atteignons la ligne de crête. Surprise, le vent souffle très fort de ce côté. Chaque rafale nous force à l’arrêt tant il est violent. J’ai vraiment eu peur qu’Ania s’envole à plusieurs reprises. Même si nous sommes la plupart du temps recroquevillés au niveau du sol pour ne pas être trop exposés, chaque pause est une occasion de profiter de la vue.
Les accalmies font l’objet d’une petite progression. Pendant un moment, je songe à l’éventualité de faire demi-tour. Je mesure les risques. Le sommet n’est plus très loin. Les rafales sont parfois ponctuées par plusieurs minutes de répit. Il y a toujours des risques en montagne. Ici, ils ne me semblent pas insurmontables et n’engagent pas trop notre sécurité, nous allons continuer.
Nous ne négligeons jamais l’aspect sécuritaire. Renoncer à une ascension si proche du sommet est toujours frustrant, mais il vaut mieux ça que l’accident. Il est si vite arrivé. Nous avons fourni beaucoup d’efforts pour arriver ici et notre instinct nous pousse à poursuivre. Lorsque les conditions sont dangereuses, nous n’hésitons pas à faire demi-tour. Pour ce final du pic des Posets, nous avons choisi de ne pas abandonner. La crête n’est pas trop exposée, elle est bien large et en faisant attention et en prenant notre temps, il n’y a pas de raison de chuter.
Sommet des Posets
Après une ultime lutte contre le vent, nous voici arrivés au sommet des Posets. Un gros pilier de béton marque la cime. C’est le même que celui que l’on peut trouver au sommet du Vignemale ou du Mont Perdu. Dessus, l’inscription dit « Posets 3369m« , nous sommes bel et bien sur le 2eme plus haut sommet des Pyrénées. Vous noterez probablement la différence d’altitude annoncée qui varie selon les cartes. Qu’importe l’altitude réelle, l’essentiel n’est pas là. Cet accomplissement nous procure beaucoup d’émotion.
Là-haut, le panorama sur les autres sommets pyrénéens emblématiques est grandiose. Le massif du Mont Perdu avec le Cylindre et le Marboré sortent des nuages. Sur sa droite, le Vignemale et sa pique longue, le Balaïtous, le pic Long et le pic de Néouvielle sont également reconnaissables. Côté espagnol, le pic de la Maladeta et l’Aneto sont eux aussi de la partie. Le cairn sommital est suffisamment haut pour nous protéger du vent, ce qui rend l’observation très agréable. Nous sommes seuls là haut et on savoure ce moment de plénitude. C’est vraiment plaisant de profiter d’un tel panorama de cette manière.
Ce sommet et cette heure de contemplation n’ont fait que renforcer notre amour pour les Pyrénées. Ce territoire fantastique qui nous apporte tant d’évasion.
Descente du pic des Posets
Vers 9h nous amorçons le retour. Le long de la crête, le vent s’est légèrement calmé. En arrivant au col de la Diente de Llardana, nous apercevons les premiers randonneurs qui arrivent. Ils sont partis tôt du refuge et sont assez surpris de voir qu’ils ne sont pas les premiers sur place. Nous leur expliquons notre démarche de bivouac au plus près des sommets et ils sont assez admiratifs. Je crois même que nous en avons convaincu certains.
La cohue
Il faut remettre les crampons pour la descente du névé qui est assez impressionnant dans ce sens. Il y a de plus en plus de monde qui arrive et c’est un peu n’importe quoi. Personne ne fait attention aux autres. Nous avons attendu qu’un groupe termine la montée avant d’entamer la descente. D’habitude, nous sommes toujours très courtois et nous prenons la peine de nous écarter quand on croise un groupe. Que ce soit en descente ou en montée, nous ne voyons pas d’inconvénient à laisser passer les autres randonneurs qui arrivent dans l’autre sens. Quand il s’agit d’une section un peu plus engagée, on attend que les autres aient terminé avant de passer, c’est une règle de base de la randonnée.
Dans ce névé, les randonneurs ne nous ont pas laissés finir de descendre et sont montés tout droit dans notre direction. Nous avons été obligés de nous écarter et n’avons même pas eu droit à une réponse quand nous leur avons gentiment dit bonjour dans leur langue maternelle.
Ce type de comportement peut vite devenir dangereux. Si Ania ou moi étions tombés, nous les aurions entrainés dans notre chute. Il est malheureusement de plus en plus observé. C’est notamment le cas sur les sommets les plus populaires.
Nous avons recueilli des dizaines de témoignages hallucinants sur le pic d’Aneto et la véritable cohue qui a lieu là haut. Nous avons vu passer des photos sur les réseaux sociaux, de randonneurs en crampons sur les gros blocs du Pont de Mahomet alors qu’il est totalement dépourvu de neige. D’une part cela met ces personnes en danger, mais cela peut également affecter la sécurité des autres randonneurs engagés dans le passage. Cela augmente considérablement le risque de chute et c’est totalement inutile.
Éviter le monde
J’ai tendance à prendre un peu trop à cœur ces rencontres désagréables en montagne. D’une manière générale sur nos randonnées dans les Pyrénées côté espagnol, nous n’avons pas senti beaucoup de courtoisie de la part des autres randonneurs. Très peu feraient ne serait-ce qu’un demi-pas de côté pour vous faciliter le passage.
Ça n’enlève heureusement rien au cadre qui est vraiment fantastique, mais cela nous conforte dans notre idée de randonner en semaine aux heures où il n’y a personne. À savoir, démarrer notre itinéraire en fin d’après-midi, bivouaquer et repartir très -très- tôt le matin. Cette petite astuce nous permet d’avoir un temps d’avance (et/ou de retard) sur le gros de la troupe. Il offre surtout la possibilité de profiter du coucher et du lever du soleil en toute tranquillité.
C’est exactement ce que nous avions appliqué pour nous retrouver totalement seuls au sommet du Pic du Canigou.
Suite de la descente
Vers 11h nous arrivons au lieu de notre bivouac. L’endroit est propice pour une pause puisque l’on retrouve le cours d’eau. Rien de tel qu’un bon rafraîchissement après les montées en pression du début de la descente. Ça aide à garder son sang-froid et les idées claires. Nous sommes désormais confrontés à un dilemme. Soit nous allons devoir nous dépêcher pour arriver avant 12h et avoir la dernière navette de la matinée. Soit nous sommes contraints à prendre notre temps et attendre le bus de 15h. Avec la nuit que nous avons passée, nous faisons très vite une croix sur la possibilité d’arriver avant 12h sans devoir repartir en hélicoptère. Ce sera donc une descente « tranquille ».
Après une heure de descente, nous sommes déjà au refuge Angel Orus. Nos estomacs commencent à se creuser et c’est le moment de faire une pause pour se ravitailler. Comme il n’y a pas d’arbres à proximité immédiate du refuge, on poursuit un peu la descente pour trouver de l’ombre. Il cogne sacrément fort le soleil côté espagnol ! Nos sandwichs sont rapidement avalés parce que les moustiques commencent à nous dévorer. La sieste à l’ombre d’un pin tant espérée est compromise, reportée à l’arrivée au parking.
Du refuge au parking
Du refuge au parking, la descente est une formalité. Il n’y a pas grand chose à raconter hormis une anecdote relative à la folie humaine. Nous avons croisé une famille d’espagnols qui semblait monter au refuge. Nous les avons vu arriver d’assez loin et nous sommes mis sur le côté pour les laisser passer. Avant d’atteindre notre niveau, ils se sont arrêtés et ont pris les masques accrochés à leur biceps pour le mettre sur leur visage. En plein air, avant de nous croiser pour deux secondes et demi, ils se sont sentis obligés de faire ce geste.
Ce blog n’est pas voué à débattre de l’actualité. Il y a bien assez d’autres supports qui s’en chargent à notre place et nous matraquent des mêmes informations rébarbatives tous les jours. J’espère d’ailleurs très fort devoir supprimer ce paragraphe d’ici quelques mois. Mais ce geste, il m’a rendu profondément triste. Nous passons tout notre temps libre en montagne pour échapper à toute cette folie. C’est vraiment dommage de la retrouver la-haut.
Après que nous soyons passés, je me suis retourné et ai observé la famille remettre leur masque sur leur biceps. J’aurais peut être dû leur expliquer quel était le bon mode d’utilisation du masque chirurgical. Dans le cas présent, ils prennent plus de risque d’attraper le virus avec cette mauvaise utilisation que s’ils n’en avaient pas du tout. Je ne vais pas m’éterniser sur cette situation, vous n’êtes pas là pour ça, mais j’éprouvais tout de même le besoin d’en parler. À chaque fois que je trouve des masques dans la nature, je suis outré. Encore plus quand c’est en haute montagne où ils n’ont définitivement rien à y faire ! Je ne vous en voudrais donc pas si vous réagissez à cette anecdote dans les commentaires ou sur nos réseaux sociaux.
Nous avons atteint le parking vers 13h30 et avons donc plus d’une heure d’attente avant l’arrivée de la prochaine navette. Je peux enfin m’allonger et profiter de ma sieste tant attendue. Quand Ania me réveille, la navette est devant nous. J’avoue que j’étais un peu dans le gaz sur le trajet qui nous a reconduit au parking. J’avais qu’une hâte : retrouver notre camping-car et prendre une bonne douche !
Randonnée pic des Posets : Bilan
Le pic des Posets est vraiment un balcon de luxe sur les Pyrénées. Comme il est le deuxième plus haut sommet de la chaîne, il domine tous les autres pics environnants à l’exception de l’Aneto. Nous avions d’ailleurs pour objectif d’enchainer avec ce dernier. Nos discussions avec d’autres passionnés nous ont quelque peu rebutés. Faire la queue pour arriver au sommet et ne pas pouvoir en profiter ne nous fait vraiment pas rêver. En été, il y a vraiment énormément de monde. Nous allons en montagne pour y trouver une harmonie avec la nature. Cela implique de la solitude et du calme, ce qui n’est à priori pas du tout le cas du pic d’Aneto. Nous conservons tout de même cette ascension dans un coin de nos têtes pour plus tard.
Revenons à la randonnée du pic des Posets. Si elle est plutôt courte (19km aller retour), elle représente tout de même un dénivelé positif de 1850m. C’est donc une course assez exigeante à la journée. La couper en deux avec un bivouac permet de davantage savourer. Nous ne sommes pas en quête de faire le plus de dénivelé possible sur une même journée. Notre approche de la montagne est similaire à celle du voyage. Nous prenons le temps de l’apprécier. Cela ne veut pas dire qu’on se traine sur les sentiers. Simplement que nous préférons passer une nuit sous la tente en altitude en partant en fin de journée pour assister aux plus belles lumières.
On recommande cette randonnée à ceux qui ont une certaine expérience de la haute montagne. Jusque tard dans la saison, les crampons et le piolet sont nécessaires pour franchir le couloir de la voie royale avant le col de la Dien de Llardana.
Vous avez des questions sur cette randonnée au pic des Posets ? N’hésitez pas à nous les poser sur notre compte Instagram. Vous pourrez également y trouver la story de cette aventure avec photos et vidéos.
Ben & Ania sont deux aventuriers amoureux de la nature et passionnés par ce vaste monde qui nous entoure. Quand ils ne sont pas sur les sentiers de randonnées, par monts et par vaux, ils créent du contenu pour les entreprises qui font appel à leurs talents. En travaillant à distance, ils peuvent se permettre de voyager en continu. Pour ça, ils ont choisi Jolly-Jumper, un camping-car Hymer B534 de 1990. Découvrez leurs univers faits de sommets enneigés, de treks loin de la 4G et de feux de camps bien arrosés. Pour ne rien louper, suivez leurs aventures sur ce blog ou via leurs réseaux sociaux !
Coucou et merci pour ce retour !
Un peu fatigué de la cohut des alpes j’envisage d’aller dans les pyrénées cet été et je cherche des idées, en voilà une intéréssante où je pourrais emmener mes filles de 9 et 11 ans, même si là aussi, il y a du monde…
Bonjour David,
Malheureusement la recrudescence de la fréquentation en montagne n’épargne pas nos belles Pyrénées. Il reste néanmoins possible de profiter des sommets dans le calme en bivouaquant. Les ascensions au lever du jour permettent de se retrouver seul au sommet et de bénéficier du magnifique spectacle des premières lueurs du jour. Pour les Posets avec les enfants, on recommande de bien faire attention aux conditions d’enneigement, les névés persistent jusque tard dans la saison. Le réchauffement climatique tend à changer la donne et ce qu’on qualifiait d’année normale n’a plus vraiment de valeur aujourd’hui. J’imagine que vous connaissez déjà tout cela, mais on se doit de le rappeler à nos lecteurs pour ne pas être tenus pour responsables en cas d’accident.
On attend votre retour sur cette course avec impatience.
Profitez bien,
Ben & Ania
Ahhhh les espagnols… 🙂 Loin de moi l’idée de faire une polémique mais j’ai fait le pic du Taillon (3144m) ce weekend et comment dire… ils sont spéciaux et…bruyant (un espagnol avait d’ailleurs fait la remarque en demande de baisser un peu le volume). En revanche, je n’ai pas rencontré d’impolitesse, je laisse également passer les gens (que ce soit en montée ou en descente) et j’ai été remercié 9 fois sur 10.
Le pic des Posets sera sur ma liste pour début Octobre si les conditions le permettent.
Merci pour ce très beau récit et ces magnifiques photos
Bonjour Julien,
Effectivement, le pic du Taillon n’est pas l’endroit le plus approprié pour trouver du calme et de la sérénité. 🙂 Nous autres français avons également notre lot d’énergumènes, particulièrement compétents quand il s’agit de faire du bruit.
Pour les Posets en octobre, il faudra partir équipé selon les conditions. Ces dernières années, les chutes de neige précoces ont rendu ce type d’ascensions plus périlleuses. Mais je suis sûr que vous savez déjà tout ça et vous souhaite d’apprécier autant que nous l’avons fait le panorama en haut de ce merveilleux sommet !
Ben & Ania
Bonjour
L’aérosolisation en extérieur et le port du masque en solo dans sa voiture sont des choses incompréhensibles pour moi.
Je fuis les sommets réputés en juillet/août, je vais sur ces sommets en juin, septembre/octobre et en semaine de préférence.
Sinon la montagne est vaste et il y a moyen de trouver des coins où l’on sera tranquille en juillet/août. Le 16/07/2021, j’ai été sur 2 sommets de 2800m dans les Encantats sans rencontrer personne après le parking de la plaine d´Aigüestortes. Le 6/08/2016 j’étais seul au sommet du Soum de Ramond alors que les personnes défilaient sur le Mont Perdu voisin. Voilà 2 exemples mais j’arrive à remplir mes week end estivaux sans problème et en faisant des nouvelles randos.
Merci pour vos articles
Nous sommes tout à fait d’accord, aucun problème pour trouver des sommets peu fréquentés et offrant tout de même une vue exceptionnelle. Cela dit, la fréquentation de plus en plus importante de la montagne en période estivale n’est pas sans conséquences. Faune, flore, propreté et la légendaire quiétude qui règne au-dessus d’une certaine altitude sont grandement menacés. C’est pour cela que nous essayons de sensibiliser au maximum au respect de la nature et des autres usagers.