À l’occasion de notre trek de 3 jours dans les Pyrénées et après avoir franchi le sommet du pic du Néouvielle, nous avions décidé de nous attaquer au Turon, son petit frère. Il s’agissait donc de notre deuxième étape et nous avions décidé de bivouaquer au niveau des lacs Verts du Maniportet. Cela nous permettrait de gravir le Turon de Néouvielle pour le lever du soleil. Spectacle magique que de nombreux randonneurs et amoureux de la nature apprécient tant. Mais ce n’est pas la seule surprise que nous a réservé cette étape. Nous vous proposons de découvrir cet épisode de notre aventure en haute montagne, au coeur des Pyrénées dans ce nouvel article.
Randonnée Turon de Néouvielle
Le Turon de Néouvielle culmine à 3035m d’altitude. Il est bordé par le pic des Trois Conseillés qui le sépare de son grand frère, le pic de Néouvielle. Si son ascension est réputée facile, elle révèle cependant de la haute montagne et requiert une certaine condition physique pour atteindre le sommet.
Le départ classique pour cette randonnée se situe à Barèges, après l’auberge du Lienz chez Louisette. De là, vous marcherez en direction du refuge de la Glère. Vous passerez le lac de Det Mail, puis ceux du Maniportet (verts, bleu, glacé) avant une ascension finale dans un long éboulis.
En provenance du pic de Néouvielle nous avons donc suivi un itinéraire différent et nous sommes affranchi de toute la partie avant les lacs de Maniportet.
Notre itinéraire pour la montée au Turon de Néouvielle
En quittant le pic de Néouvielle, nous nous sommes dirigés vers la brèche de Chausenque. Arrivés au sommet de la brèche, nous avons la surprise de découvrir des nuages dans la vallée des lacs du Maniportet. L’autre versant, surtout au début, est sacrément raide. Il faut avoir le pied solide pour ne pas glisser. Certaines sections sont dépourvues de pierres, la terre friable peut être dangereuse. En dehors de cela, pas de danger particulier. Le bas de la brèche est un éboulis massif, il restait quelques névés qui après avoir été exposés au soleil se franchissaient sans problème sans crampon ni piolet. Nous n’avions pas de visibilité sur notre objectif du lendemain matin, le Turon de Néouvielle.
Bivouac au lac vert allongé du Maniportet
Pour trouver notre spot de bivouac, il aura fallu naviguer dans le brouillard. Quelques cairns permettent de se repérer. Ce n’est pas la première fois que je parcours cette section et le brouillard est souvent présent en fin d’après midi dans cette vallée. Il faut rester prudent et garder un œil sur la carte pour ne pas s’égarer.
Nous nous sommes installés sur l’un des rares patch herbeux que nous avons trouvé pour passer la nuit. Le programme du lendemain est riche : ascension du Turon de Néouvielle, brèche de Chausenque dans l’autre sens et direction la hourquette d’Aubert puis le lac Estagnol pour un nouveau bivouac.
Itinéraire pour monter au Turon de Néouvielle
Voici la carte de ce second jour de randonnée à travers la Réserve du Néouvielle dans les Pyrénées.
Le tracé en jaune représente l’ascension et le retour pour le Turon de Néouvielle depuis notre spot de bivouac. Le tracé en rouge représente la suite de notre itinéraire pour le second bivouac. Sachez qu’il est possible de redescendre ou monter au Turon de Néouvielle par la Coume de l’Estrelat. Si vous venez du refuge de la Glère, cela vous permettra d’emprunter des itinéraires différents à l’aller et au retour.
Nous sommes passés par les lacs de Maniportet à l’aller et au retour pour la simple et bonne raison que nous avions laissé notre tente et nos gros sacs à dos en place.
La voie lactée et le Néouvielle
Ania s’est levée au milieu de la nuit. À sa sortie de la tente, je l’ai entendu pousser un « Waow » de stupéfaction qui en dit long. Elle m’a tout de suite dit qu’il fallait que je vois ÇA. Elle parlait d’une voie lactée de malade au-dessus du Turon de Néouvielle, mais également de la comète Neowise qui passait de l’autre côté, sous la grande ourse. Un spectacle absolument saisissant, magique que j’ai observé et photographié pendant une heure.
Il était alors 2h du matin quand j’ai interrompu ce moment inoubliable pour retrouver le sommeil. Le froid, le vent, la fatigue et l’objectif du lendemain m’ont ramené à la raison. Dans 3h, le réveil allait sonner pour que nous accomplissions ce pourquoi nous étions là : l’ascension au Turon de Néouvielle pour le lever du soleil.
Voici quelques clichés de cette nuit magique. N’hésitez pas à nous suivre sur Instagram pour découvrir toutes les photos de nos aventures en direct.
Lever de soleil depuis le Turon de Néouvielle
Nous avions pour objectif d’arriver au sommet du Turon de Néouvielle avant le lever du jour pour profiter de cet autre spectacle. Les évènements de la nuit ont corrompu la réussite de cette mission. Nous nous sommes bel et bien réveillés sur les coups de 5h, or sortir du duvet nous aura pris plus de temps que prévu. Il fait froid, noir et il faut puiser loin dans notre mental d’acier pour trouver la motivation.
Après avoir avalé une demi barre céréale chacun et une compote, nous nous mettons finalement en route. Il est 5h40 et les lampes frontales sont de rigueur pour trouver les cairns et le semblant de sentier. Derrière nous, la lumière du lever du jour et des couleurs absolument superbes. Le dessin des pics dans ces conditions lumineuses est tout bonnement magnifique. On discerne bien le pic du Midi de Bigorre et son observatoire. Quel spectacle !
Ascension du Turon de Néouvielle
La section de cette randonnée que nous avons faite est majoritairement constituée d’éboulis. Un très long pierrier avec une pente régulière marque le début des hostilités une fois le lac Bleu de Maniportet dépassé.
À l’issue de ce long éboulis, il y a une petite cheminée à franchir. Il faut parfois poser les mains, mais rien de bien méchant et à la portée de tous à condition de faire attention.
Nous sommes à la mi-juillet et il reste un beau névé qui est bien gelé en ce tout début de mâtinée. Mais il reste néanmoins assez facile à franchir et sans danger réel dans le sens de la montée. Pour la descente, nous tâcherons de l’éviter en passant uniquement dans les cailloux.
Un dernier passage dans les rochers permet d’accéder au sommet. Nous nous retournons régulièrement pour admirer le spectacle et les couleurs qui changent minute après minute.
Sommet du Turon de Néouvielle
6h30, nous sommes au sommet du Turon de Néouvielle. Le soleil est déjà levé, nous n’avons pas réussi notre mission. Qu’importe, la magie opère. C’est notre deuxième passage au-dessus de la barre mythique des 3000m en moins de 24h. Pour la chaîne pyrénéenne, cela commence à être conséquent.
Depuis le sommet du Turon du Néouvielle, la vue est imprenable. Le barrage de Cap de Long est à nos pieds, environ 900m en-dessous de nous. On voit l’arrête de Cap de Long, la hourquette de Bugarret et le mythique lac Tourrat, encore partiellement gelé. On distingue très bien les pics Long, Campbiel, Badet, de Bugaret, tous emblématiques du secteur. De l’autre côté, ce sont les trois conseillers et le pic de Néouvielle qui offrent un panorama spectaculaire.
Au sommet du Turon, deux courageux randonneurs avaient passé la nuit. Un dans une petite tente autoportante et l’autre, dans son duvet à l’abri d’un mur de cairn. Une rencontre très agréable au petit matin. Nous avons bien évidemment échangé à propos de la scène magique qui s’était produite dans la nuit. Et nous étions d’accord, c’était irréel.
Petit déjeuner au bivouac après l’ascension
Après une bonne heure de féerie au sommet du Turon de Néouvielle, il est temps de nous remettre en route vers le campement. La descente se fait sans difficulté. Nous prenons beaucoup de photo de ce lieu, très austère dans lequel peu de vie se développe. À cette altitude, la seule végétation qui pousse est un peu d’herbe. Il n’y a pas d’arbre, de prairie ou de buisson pour servir de refuge ou de nourriture à des animaux.
De retour à la tente, nous savourons un bon café et un petit déjeuner de montagne : pain, fromage et pancetta sont de mise. Il faut prendre des forces pour la suite de la journée. Si elle n’a même pas commencé pour certains, voilà déjà 3h que nous sommes sur le pont.
Rangement express de notre matériel de campement et nous nous remettons en route pour la suite de notre trek, direction la brèche de Chausenque.
Réserve Naturelle du Néouvielle
Point important que je n’ai pas précisé et qui mérite d’être énoncé : il est interdit de bivouaquer dans la Réserve Naturelle du Néouvielle en dehors des aires de bivouac des lacs d’Aubert et d’Orédon. Pour arriver à notre spot de bivouac de cette deuxième nuit, il nous faudra traverser la réserve et en sortir avant de pouvoir installer notre campement.
Le sommet de la brèche de Chausenque fait office de limite. En la franchissant, nous serons de retour dans la réserve. Pour en ressortir, il faudra nous rendre à la hourquette d’Aubert. Pour parvenir à notre destination, il nous aura fallu traverser plusieurs éboulis et un névé bien glacé, inévitable. Ce versant n’étant pas encore ensoleillé, c’est de la glace qui recouvrait la surface du névé. Sans crampons, l’exercice s’est avéré assez complexe et dangereux.
De la brèche de Chausenque à la hourquette d’Aubert
Deux solutions s’offre à nous pour traverser la Réserve Naturelle du Néouvielle. Retourner au lac d’Aubert et emprunter le chemin sur le versant de montagne en face qui mène à la hourquette du même nom. Ou bien couper à flanc de montagne depuis le bas de la brèche et emprunter un itinéraire de ski de randonnée.
Nous avons choisi de limiter la distance et de prendre le hors sentier. Au programme, de gros éboulis et quelques cairns pour indiquer brièvement la direction à suivre. Heureusement, nous sommes toujours en possession d’une carte IGN et l’étude des lignes de contours nous a permis de ne pas trop faire de détours.
C’était une traversée assez pénible durant laquelle j’ai pas mal souffert du genou. Nous avons donc pris le temps pour éviter une blessure inutile. Je ne vous recommande pas cette traversée, sauf si vous êtes un montagnard aguerri. Pour les débutants, et surtout si vous ne savez pas lire une carte IGN topographique, restez sur le sentier. Ce passage est dangereux et vous pourriez vous retrouver au pied de barres rocheuses infranchissables.
Bivouac au lac Estagnol
La hourquette d’Aubert offre une très belle vue sur le lac Estagnol dans la vallée Dets Coubous et de l’autre côté sur les lacs d’Aubert et Aumar. Il y avait déjà deux tentes quand nous sommes arrivés et il ne restait qu’un petit spot sur du plat pour installer notre campement. Avec le lac juste en contre-bas, nous avions une belle vue plongeante sur son eau turquoise.
La fatigue accumulée des deux journées de trek, du dénivelé et surtout des longs passages dans les gros blocs s’est faite ressentir. Une fois installés, nous n’avions plus la force de bouger. Entre l’ascension du Turon de Néouvielle, la brèche de Chausenque et le passage hors sentier, nous avons passé le plus clair de notre journée à marcher dans des éboulis. Ce qui est extrêmement usant et pénible.
Turon de Néouvielle : notre bilan de cette ascension
L’ascension du Turon de Néouvielle au petit jour était un moment magique. La nuit de bivouac passé au pied de ces sommets mythiques était tout aussi exceptionnelle. Réaliser la montée quand il fait encore nuit présente de nombreux avantages :
- Il n’y a personne
- Il fait une température parfaite
- La lumière offre un spectacle grandiose
Si vous choisissez de bivouaquer au refuge de la Glère, il vous faudra partir très tôt pour arriver au sommet du Turon de Néouvielle au lever du jour. Il faut compter 2h entre les deux points. Choisir un emplacement de bivouac plus proche du Turon permet de le laisser en place le temps de l’ascension et de monter léger. Attention à bien avoir levé le camp dès 9h pour respecter la règlementation relative au bivouac en montagne.
Le lendemain serait donc notre dernier jour de trek. À la base, nous pensions rentrer par la hourquette d’Aubert. Finalement, nous avons décidé le lendemain matin d’emprunter un autre chemin. Nous vous racontons cette ultime journée de randonnée dans la Réserve Naturelle du Néouvielle dans l’article sur le Pic de Madamète.
Vous pouvez découvrir tous nos autres récits de randonnées dans les Pyrénées. Si cette rubrique récente du blog est encore en construction, elle est chaque semaine agrémentée d’un nouvel épisode. Nous espérons que cet article vous aura plu et nous attendons avec beaucoup d’intérêt vos réactions.
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Ben & Ania sont deux aventuriers amoureux de la nature et passionnés par ce vaste monde qui nous entoure. Quand ils ne sont pas sur les sentiers de randonnées, par monts et par vaux, ils créent du contenu pour les entreprises qui font appel à leurs talents. En travaillant à distance, ils peuvent se permettre de voyager en continu. Pour ça, ils ont choisi Jolly-Jumper, un camping-car Hymer B534 de 1990. Découvrez leurs univers faits de sommets enneigés, de treks loin de la 4G et de feux de camps bien arrosés. Pour ne rien louper, suivez leurs aventures sur ce blog ou via leurs réseaux sociaux !
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