Vous voyagez en Australie ? Vous rêvez d’une immersion totale au milieu de plaines arides en compagnie de véritables cow-boys ? Nous l’avons fait ! La vie au grand air, reculé, loin de tout, entouré de bétail, de chevaux et de poussière n’est pas faite pour tout le monde. Âmes sensibles, s’abstenir, travailler dans un ranch en Australie risque de vous faire vivre un ascenseur émotionnel inédit.
Tous les deux pendant 6 mois, nous avons vécu la vie de rêve en Australie, sur une propriété qui propose des promenades à cheval allant de 2h à la journée entière. Découvrez l’histoire de notre expérience de vie dans l’Outback, probablement la période la plus marquante de notre voyage jusqu’à présent. Cet article est également un hommage à cette femme qui a littéralement marqué au fer rouge mon voyage, notre voyage.
Un ranch en Australie au milieu de nulle part
C’était en octobre 2017 et à cette époque, je ne connaissais pas encore Ania. Cela faisait quelques mois que je voguais à travers l’île continent, seul, et que je cherchais à vivre une aventure unique. J’avais rencontré une famille d’Australiens très accueillante qui m’a reçu quelques jours sur leur propriété en échange d’un coup de main par-ci par-là dans le jardin. Ces derniers avaient une amie de longue date qui vivait reculée dans le Parc National des Alpines, dans l’État du Victoria.
Cette dame, répondant au nom d’Helen Packer, gérait un ranch et une maison d’hôte. Elle employait fréquemment les services de backpackers en guise d’aide, en échange d’un toit et d’une place à table. Amoureux de nature et aventurier dans l’âme, j’acceptais d’aller séjourner un temps là-bas et découvrir ce qui m’y attendait. Je n’étais jamais monté sur le dos d’un cheval, mais l’idée d’essayer ne me déplaisait pas. Travailler avec des animaux et en pleine nature allait me changer du fruit picking ou des petits boulots dans le secteur du bâtiment. Je ne le savais pas encore, mais cette dame allait considérablement changer mon voyage.
Rencontre avec Helen Packer, propriétaire du ranch
Dès mon arrivée sur place, j’ai compris qu’il s’agissait d’un endroit unique. La grande maison, bâtie tout en bois et en pierre, trônait fièrement sur une colline surplombant la vallée d’une rivière. Les nombreux kangourous paisiblement attablés le long de la gravel road et l’absence de signal téléphonique m’ont fait réaliser que j’étais loin de tout. Le fait de ne pas avoir vu d’habitation sur les 30 derniers kilomètres aussi d’ailleurs.
C’est une dame de la 60ène d’année qui m’accueillit à mon arrivée. Les cheveux grisonnants, elle se déplaçait à l’aide d’une sorte de gros fauteuil roulant tout terrain. Un modèle qui semblait tout droit sorti du futur, aux roues aussi grosses et épaisses que celles d’un scooter miniature. L’engin lui permettait de se rendre presque partout sur sa propriété sans danger. J’apprendrais plus tard que sa mobilité réduite était due à une chute à cheval couplée à un AVC quelques années plus tôt. Mais Helen Packer n’était pas du genre à s’apitoyer sur son sort et les premiers échanges le montraient très bien.
Ce ne sont pas moins de 75 chevaux qui sont présents en quasi-liberté sur cette propriété de 120 hectares. Un étalon, 4 juments utilisées pour la reproduction et donc chaque année, 4 petits poulains. Tous ne sont pas débourrés et certains sont même relativement sauvages.
Premiers pas à cheval
Au départ, mon rôle était de m’occuper du jardin qui avait été laissé à l’abandon depuis trop longtemps. Une autre voyageuse française, Victoria, s’occupait de toute la logistique équine et de guider les balades. Après quelques jours à me battre contre les mauvaises herbes du potager, Helen et Victoria me proposaient de monter à cheval. Intrigué et content de découvrir ce monde totalement inédit pour moi, je faisais le grand saut sous les conseils avisés de ces dames. La première session s’est limitée à l’arène de sable mou et après seulement une 15ène de minutes sur le dos de mon valeureux destrier, je découvrais certains muscles de mon corps. J’avoue avoir eu du mal à marcher pendant plusieurs heures.
Quelques leçons de pratique plus tard, je savais seller mon cheval et commençais à parvenir à le diriger. J’accompagnais désormais Victoria dans les balades avec les clients et ce nouveau passe-temps me plaisait de plus en plus. La sensation de liberté ressentie lorsque l’on galope dans le bush est absolument unique.
3 mois de Woofing dans un ranch
Je suis resté chez Helen pendant 3 mois. Nourri, logé et blanchi, j’en profitais même pour en apprendre le plus possible sur l’équitation. Il faut dire qu’Helen s’y connaissait vraiment beaucoup, elle avait vécu entourée de chevaux toute sa vie. Grande voyageuse, elle avait traversé l’Australie à cheval, mais également la Namibie et le Botswana. Tout ça, c’était avant son AVC et d’être diagnostiquée d’une forme de leucémie incurable et d’une cardiomyopathie.
Elle n’était pas épargnée par les aléas de la vie, mais témoignait tout de même d’une grande envie de continuer à arpenter son écurie et donner des consignes à ses woofers. Excellente cuisinière, elle a régalé bon nombre de jeunes voyageurs venus se perdre et apprendre à ses côtés.
À l’issue de mes trois mois à travailler dans le ranch, il me fallait reprendre la route. J’avais un ferry pour découvrir la Tasmanie qui m’attendait. C’est la larme à l’oeil que je quittais Helen et son ranch, avec la promesse d’un retour un jour.
Être guide de ballade à cheval en Australie
Un an s’était écoulé depuis mon passage à Anglers Rest. J’étais resté en contact avec Helen. Nous travaillions alors dans un pub miteux du Sud-Ouest australien. Après avoir sillonné les trois quarts du pays (Tasmanie, Côte Est, Savannah Way, Gibb River Road et côte Ouest), nous avions besoin de travailler pour remplir des comptes en banques aux abois. Helen m’annonçait devoir partir à Sydney pour une durée indéterminée. Ni une ni deux, Ania et moi prenions la route pour aller saluer Helen peut-être une dernière fois. Nous avons conduit les 4000 km qui nous séparaient de la ferme en 3 jours seulement pour pouvoir profiter de deux jours en compagnie d’Helen avant son départ.
Elle nous proposa d’ailleurs de rester et de nous occuper de la ferme et de son business pendant son absence. Aidés par Cath, une voisine qui travaille pour Helen en absence de backpackers, nous serions responsables des logements, de la cuisine et des balades. L’idée de travailler dans un ranch en Australie, ensemble, nous a tout de suite séduits.
Du woofing à l’emploi
Nous avions cependant une réticence. Je n’avais jamais accepté d’argent de la part d’Helen malgré ses nombreuses propositions. Mais là, nous avions vraiment besoin de refaire le plein pour pouvoir continuer à voyager sans rentrer en France. Du coup, Helen a proposé de nous employer. Logés et nourris, nous serions payés 500$ par semaine chacun. Évidemment, nous n’allions pas compter nos heures. C’était une paye honnête en sachant que c’était pour rendre service à Helen.
Nous embarquions ainsi ensemble dans cette formidable nouvelle aventure. Au mois d’octobre et novembre, c’était assez calme niveau clientèle. Il y avait pas mal à faire dans le jardin et sur la ferme, mais nous prenions également des créneaux au pub local. Une superbe expérience, autant derrière le bar qu’en cuisine, qui nous vaut pas mal de chouettes anecdotes.
Coupés du monde pendant 6 mois au ranch
Pendant 6 mois, nous avons vécu un rêve éveillé dans les hautes plaines australiennes, entourés de kangourous et de chevaux. Nous en apprenions un peu plus chaque jour sur les chevaux et leur mode de fonctionnement.
La maison d’Helen n’est pas reliée à l’eau ou à l’électricité. Il n’y a même pas de signal téléphonique. On y vit avec une pompe dans la rivière et des panneaux solaires. Un mode de vie simple qui nous convenait totalement, mais nécessite de l’organisation et de la débrouille. Aujourd’hui en écrivant cet article et me remémorant les milliers de souvenirs accumulés pendant cette période de notre voyage, je suis très nostalgique. Nous étions loin de penser que nous deviendrions des nomades digitaux à cette époque.
L’absence de confort n’était pas vraiment un problème. Nous vivions au grand air et n’avions pas le temps de nous ennuyer. Nous en apprenions chaque jour un peu plus sur les chevaux. Le travail et l’apprentissage des plus jeunes était ce qui nous passionnait le plus. Apprendre à de jeunes cheveux d’à peine deux ans à accepter la présence de l’homme sur son dos requiert de bâtir une relation de confiance avec l’animal. Nous vivions là des moments très spéciaux en compagnie de spécialistes qui sont à jamais gravés dans nos mémoires.
L’avantage à travailler dans un ranch en Australie, c’est que chaque jour est différent. Parfois, le matin, il fallait courir, pas encore totalement habillé, parce que l’étalon avait cassé une clôture. Cela mettait en danger toute la propriété. Il fallait se dépêcher de l’isoler et surtout de rafistoler ce qui le maintient loin de quelques 50 juments de la ferme. D’autres fois, on pouvait boire notre café tranquillement sur la terrasse, en profitant du lever du soleil. Les aléas de la vie à la ferme nous ont énormément enrichis.
Un été à travailler dans un ranch en Australie
Fin décembre, Helen était revenue de Sydney. Elle était partie dans l’espoir de recevoir une transplantation cardiaque, mais elle a été jugée trop faible pour supporter l’opération. Cet échec lui a donné un coup au moral. Son retour à la maison a été difficile. Il faisait très chaud et elle se fatiguait très vite. Mais en bonne indépendante qu’elle a toujours été, Helen n’aimait pas qu’on lui rende service si elle ne le demandait pas. Du coup, sa frustration prenait un peu le pas sur sa bonne humeur habituelle. Entre la chaleur étouffante et les nombreux feux environnants, l’ambiance pouvait être tendue parfois. La région a été frappée par un feu de forêt ravageur en 2002 et les esprits en sont encore très marqués.
Au mois de février, Helen devait se rendre à Melbourne pour des examens de santé. C’est Ania qui l’a conduite (7h de route tout de même). Elles en ont profité pour manger des produits français au bord de la mer pendant que je tenais la baraque. J’étais vraiment content que le courant passe bien entre elles, deux femmes très importantes dans ma vie. Helen a été hospitalisée pour ses tests et les médecins ont voulu la garder en observation. Du coup, Ania est remontée parce que c’était vraiment une période d’activité importante ici. Et seuls avec Cath, nous avions du mal à gérer. Nous avions parfois 3 groupes de touristes dans la même journée.
Après 2 semaines à l’hôpital et plusieurs tentatives infructueuses de sortie, Helen est décédée. C’était le 21 février. Cette nouvelle nous a secoués. Le téléphone de la propriété n’a pas arrêté de sonner pendant une semaine. C’est qu’elle avait beaucoup d’amis aux 4 coins du monde. Le mot d’ordre général était à la tristesse, mélangé de soulagement.
Fin de notre séjour au ranch d’Helen
Après tant d’années de lutte et de souffrance, elle était libérée. Helen ne souhaitait pas de funérailles. Une cérémonie d’hommage aurait tout de même lieu, mais on ne savait pas quand. Elle avait un frère, que nous n’avions rencontré qu’une fois ou deux au préalable. D’ailleurs, il comptait garder le business en activité, au moins un temps. Nous n’étions donc pas à la rue. Ce qui était une bonne nouvelle puisque mes parents avaient prévu de nous rendre visite au mois de mars et de loger sur place !
Nous devions quitter l’Australie pour la fin de mon visa le 25 mars et nous souhaitions garder une 10ène de jour pour vendre le 4×4 à Melbourne. Du coup, entre le décès d’Helen et notre départ de la ferme, il restait 3 semaines. C’était vraiment une période bizarre. Même si elle n’avait pas été très présente ces derniers temps, il manquait quelque chose. Peut-être l’absence des instructions chaque matin relatives aux chevaux, aux clients, au menu du soir…
Finalement, mes parents ont pu venir et nous avons passé deux très chouettes semaines ici. Il n’y avait pas trop de clients donc nous pouvions bien profiter d’eux. Nous les avons même mis sur des chevaux et emmenés en promenade. C’était vraiment bon de les retrouver après 2 ans loin de la maison.
Aujourd’hui, je repense souvent à Helen. Je me demande ce qu’elle penserait de tout ce que nous sommes devenus. J’aimais beaucoup lui écrire de longs mails et lui raconter nos voyages. Ça la maintenait en vie qu’elle disait.
Le ranch aujourd’hui
Le ranch tourne toujours à l’heure actuelle. Je ne pense pas qu’ils emploient les services de woofers, mais je peux me renseigner pour les éventuels intéressés.
Si vous voulez monter à cheval et galoper dans le bush australien, il faudra vous rendre à Anglers Rest. C’est un lieu-dit situé à 30 km de la petite ville d’Omeo dans le Victoria. C’est une vallée de moyenne montagne splendide. De nombreuses espèces d’eucalyptus y sont présentes et la faune y est abondante. Vous y trouverez kangourous, wallabies, wombats et ornithorynques en bon nombre.
Il est possible de dormir sur place, dans l’une des chambres ou cabanes hyper cosy de la propriété, ou même de camper dans le jardin. Le site n’est pas très à jour, mais il vous fournira un bel aperçu des perspectives de balades à cheval autour du ranch.
Comment trouver un travail dans un ranch en Australie
Si vous êtes en voyage en Australie et que vous aimez la nature et les animaux, nous ne pouvons que vous encourager à vivre une expérience similaire. C’est une sacrée aventure humaine qui permet d’apprendre énormément, autant sur soi que sur le monde qui nous entoure. Nous avons développé un panel de compétences énorme pendant ces 6 mois et nous en sommes vraiment fiers.
Pour travailler avec des chevaux, il y a également plusieurs options :
- Les centres équestres / ranch proposant des promenades à cheval
- Les cattle stations ou élevages de bovins qui travaillent parfois à cheval pour rassembler le bétail.
- Les écuries de courses hippiques qui embauchent jokeys et palefreniers
Pour trouver l’opportunité de travailler dans un ranch en Australie, il y a plusieurs possibilités :
- Le porte à porte
- Prospecter les annonces sur les sites internet (Gumtree, Seek, groupes Facebook)
- Le bouche à oreille
- Commencer par du woofing et peut-être recevoir l’opportunité d’un travail rémunéré
Notre article de conseils pour travailler en Australie est un indispensable avant de se lancer. Il regroupe des conseils issus de nos retours d’expériences de nos deux années de PVT.
Travailler dans un ranch en Australie et jours de ferme
Attention si vous souhaitez travailler pour renouveler votre visa, il faut savoir que tous les établissements équestres comme celui pour lequel nous avons travaillé relèvent du secteur du tourisme. Il en est de même pour les écuries de courses. De ce fait, ils ne sont pas éligibles pour la collecte des 88 jours de ferme. Si vous souhaitez être entouré de chevaux mais tout de même travailler et faire vos jours de ferme, il faudra vous diriger vers une cattle station.
Ces grandes exploitations aux usages multiples, souvent, travaillent très souvent avec des chevaux pour rassembler le bétail en plus des moto cross, 4×4 et autres quad. Vous serez souvent logé et nourri sur place en plus d’avoir un salaire. Selon l’endroit et votre degré de maîtrise, vous pourrez très bien gagner votre vie dans une cattle station.
Travailler dans un ranch en Australie : bilan
Travailler dans un ranch en Australie est assez usant. Il vous faut être prêt à faire des efforts physiques en permanence. L’été, il fait jusqu’à 45-50 degrés à l’ombre. Ces conditions couplées à l’isolement ne sont pas faites pour tout le monde. Assurez-vous de bien considérer tous ces points avant de vous lancer.
Vous devez disposer d’un visa Working Holiday pour pouvoir travailler dans un ranch en Australie. Même pour du volontariat. actuellement en PVT en Australie ? Prêts à partir ? Vous n’avez pas encore d’assurance voyage ? Il est très important de souscrire à une assurance lorsqu’on part à l’aventure. Surtout si vous travaillez dans des métiers à risque comme avec les chevaux. Nous avons choisi le CAP Working holiday chez Chapka et on ne peut que le recommander.
Envie d’en savoir plus sur nos deux ans au pays des kangourous ? Découvrez tous nos articles de voyage en Australie.
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Ben & Ania sont deux aventuriers amoureux de la nature et passionnés par ce vaste monde qui nous entoure. Quand ils ne sont pas sur les sentiers de randonnées, par monts et par vaux, ils créent du contenu pour les entreprises qui font appel à leurs talents. En travaillant à distance, ils peuvent se permettre de voyager en continu. Pour ça, ils ont choisi Jolly-Jumper, un camping-car Hymer B534 de 1990. Découvrez leurs univers faits de sommets enneigés, de treks loin de la 4G et de feux de camps bien arrosés. Pour ne rien louper, suivez leurs aventures sur ce blog ou via leurs réseaux sociaux !
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Bonjour, j’aimerais vraiment avoir les coordonnées du ranch où vous avez travaillé. J’adore les chevaux ! Merci beaucoup !
Bonjour Noémie,
Malheureusement, ce n’est plus possible de faire du Woofing. Quelqu’un y travaille à plein temps depuis que nous sommes partis.
Bonne continuation et bon voyage 🙂