Le Mont Charvin est un sommet emblématique du massif des Aravis. Véritable belvédère sur le Mont-Blanc, le Beaufortain et le Haut-Giffre, ce sommet a un panorama dégagé à 360 degrés. Du sous-bois au départ jusqu’au Mont Charvin en passant par les magnifiques alpages, cette randonnée est très diversifiée. L’intérêt ne se limite donc pas au point de vue sommital, bien qu’il soit extrêmement qualitatif. Pour nous, un tel sommet se savoure. Il est donc nécessaire d’aborder son approche de manière stratégique. Pour profiter au mieux du panorama, nous avons décidé de le gravir à la pointe du jour après une nuit de bivouac au bord du lac Charvin. Vous rêvez d’un lever de soleil sur le Mont-Blanc ? On vous propose de nous accompagner dans cette rétrospective et de découvrir toutes les informations pour réussir cette randonnée au sommet du Mont Charvin.
Randonnée au Mont Charvin : à savoir
Nous étions en Haute-Savoie depuis seulement quelques heures. C’était la fin du mois d’août, et nous étions fraîchement arrivés du Jura. Nous n’avions qu’une hâte : faire notre première randonnée dans les Alpes ! Garés sur un parking au bord du Fier dans le centre ville de Thônes, nous épluchions les possibilités de randonnées dans les environs.
Il est 15h quand je suis pris d’un vent de volonté et tranche pour le Mont Charvin. Je soumets l’idée à Ania et lui montre l’itinéraire. Elle semble emballée et me demande quand je souhaite partir. Ce sera pour ce soir. Un bivouac au lac du Mont Charvin, et nous attaquerons l’ascension une bonne heure avant le lever du soleil. Sur un coup de tête, nous préparions nos affaires et prenions la direction du départ.
Statistiques et carte de l’itinéraire
Avant de vous raconter cette randonnée, en voici les statistiques utiles et l’itinéraire.
| Distance | 15 km | Altitude min | 1385 m |
| Dénivelé + | 1100 m | Altitude max | 2409 m |
| Dénivelé – | 1100 m | Temps (A/R) | 4h (pour les bons marcheurs) |
Comme nous avons bivouaqué au lac et que nous sommes partis vers 5h du matin, nous n’avons pas fait une boucle. Nous avons laissé notre tente montée et sommes revenus sur place pour 8h afin de la démonter. Sachez que si vous effectuez cette randonnée à la journée, vous aurez la possibilité de faire une boucle.
Voici la carte qui retrace notre itinéraire pour cette randonnée au Mont Charvin avec bivouac au lac du même nom.
Passage aérien
Si vous souhaitez emprunter notre itinéraire, sachez qu’il comporte un passage qui peut s’avérer délicat pour ceux qui souffrent du vertige ou ne sont pas à l’aise sur les sections un peu engagées. Pas de panique, vous pouvez très bien accéder au Mont Charvin sans passer par cette section, suivez attentivement le topo pour mieux comprendre.
Le passage aérien se situe entre le lac du Mont Charvin et le sommet. Il s’agit d’une succession de sections de rocher de bonne qualité. Les prises sont nombreuses et faciles. Des chaînes en acier permettent de progresser plus sereinement. Si vous êtes téméraire, mais un peu frileux, n’hésitez pas à vous équiper d’un baudrier pour vous assurer. On vous dévoile tout ça dans la suite du récit de cette randonnée.
Mont Charvin 1ère partie : bivouac au lac
Si vous n’avez pas l’habitude de lire nos topos, vous ne savez pas encore que notre spécialité réside dans les randonnées à contre-courant. Ce que nous apprécions en montagne, c’est le calme et la sérénité qu’offre cet environnement. Nous recherchons les rencontres avec la faune sauvage, des vues dégagées depuis un sommet abandonné et des images qui resteraient gravées dans nos mémoires. Nous obtenons satisfaction en multipliant les bivouacs et en partant aux horaires de faible fréquentation. Dans le cas de cette randonnée au Mont Charvin, nous avons quitté le parking du départ sur les coups de 18h, lorsqu’il se vidait progressivement. Cela nécessite une certaine logistique et de l’adaptation, mais le résultat tient toutes ses promesses.
Départ du Parking des Sardoches
Plusieurs départs sont possibles pour vous rendre au sommet ou au lac du Mont Charvin. Nous avons opté pour le Parking des Sardoches (1385m). Depuis Thônes, il faut prendre la D12 direction Serraval. Une fois dans le village, prenez la D162 direction Le-Bouchet-Mont-Charvin et suivez la direction de La Savatte. Passez le lieu-dit et vous trouverez un panneau indiquant le Mont Charvin. La route est en très bon état, nous sommes parvenus au départ du parking sans problème avec notre vieux camping-car.
Il est donc 18h lorsque nos sacs sont enfin prêts et que nous refermons la porte de notre maison sur roues.
Montée dans la forêt
La direction du Mont Charvin est indiquée par un petit panneau jaune qui devrait vous être familier si vous fréquentez la montagne. Le sentier s’enfonce dans la forêt vers l’est avant de bifurquer au nord en direction du Chalet de la Praz. On surplombe la bâtisse en traversant une magnifique clairière ou quelques vaches paissent en toute tranquillité.
Après quelques dizaines de mètres de dénivelé supplémentaire, la densité de la végétation s’effrite. La sortie du sous-bois est imminente, les conifères disparaissent au profit des alpages. Nous sommes à 1500m d’altitude, et il n’y a plus d’arbres. Sacré constat pour nous qui avons l’habitude de fréquenter les Pyrénées où l’étagement de la végétation est situé au dessus des 2000m.
Aulp de Marlens et les alpages
Il s’agit de notre première rencontre avec les alpages des Alpes. Ici, l’immensité me fascine. Nous avons quelques belles vallées ouvertes dans les Pyrénées, mais là, nous sommes sur une dimension nettement supérieure. Le sentier serpente dans ces vastes prairies où les vaches sont en pâture. Après un ressaut, nous atteignons l’Aulp de Marlens. La ferme d’altitude « Le Vent des Cimes » y propose le gîte, le couvert et l’achat de fromages typiques de la région. Du Reblochon AOP et du fromage de chèvre. Des animaux qui vivent dans un tel cadre ne peuvent que produire de l’excellent fromage. Nous sommes malheureusement déjà trop chargés pour nous y arrêter. Peut-être y ferons nous un stop au retour.
Nous continuons notre avancée vers le lac du Mont Charvin avec pour objectif d’arriver avant le coucher du soleil. Profiter des dernières lueurs est un moment que nous apprécions particulièrement en altitude. En sortant de la ferme, les chèvres se mettent à nous suivre. Nous avons dépassé un couple qui monte avec un chien qui leur a certainement fait croire qu’il était temps d’aller manger plus haut. Le troupeau nous a donc accompagnés sur plusieurs centaines de mètres. Chaque individu nous a gratifiés de ses caresses délicates. Lorsque la pente est devenue plus raide, elles ont renoncé et ont finalement fait demi-tour.
Peut-être que je devrais me reconvertir en berger après tout ?
Col des Porthets
Si vous souhaitez vous rendre directement au sommet du Mont Charvin sans passer par le lac, il vous faudra prendre une bifurcation vers 1840m d’altitude. Pas de panique si vous la loupez, vous aurez une deuxième chance au niveau du « Pied de la Combe » où un panneau vous indique la direction du sommet du Mont Charvin (vers le sud).
Si comme nous vous désirez passer par le lac, il faudra continuer vers l’est en direction du col des Porthets. La pente est bien raide sur cette section. Elle n’est pas très longue et on progresse assez rapidement jusqu’à atteindre la ligne de crête qui mène au col. La vue depuis le col des Porthets est plutôt agréable, et le vent qui jusqu’à présent était absent nous rafraîchit après l’effort de la montée.
Lac du Mont Charvin
Depuis le col, il faut redescendre un peu avant de passer un petit ressaut qui mène direction le lac du Mont Charvin. Il est 19h45 quand nous arrivons sur les rives du plan d’eau. Il nous aura donc fallu 1h45 sans nous presser pour arriver au lac. Quelques tentes sont déjà montées. Après un peu de recherches pour trouver un petit coin de verdure plat, nous installons la notre et filons sur la crête pour profiter du coucher du soleil.
Les lumières sont dorées. Elles nous rappellent que les journées ont déjà bien raccourci et que l’automne n’est plus si loin. La fraîcheur s’installe et lorsque le soleil disparaît, il est l’heure d’aller se faire à manger. Ce soir, au menu, nous avons des pâtes au pesto maison concocté par la maman d’Ania. Le basilic et l’ail proviennent directement de son potager. Pour nous mettre dans l’ambiance, nous avons aussi pris un bon morceau de tome de Savoie. De quoi prendre des forces pour l’ascension du Mont Charvin le lendemain. Je n’avais pas pris mon trépied pour photographier les étoiles, mais je n’ai pas résisté à la tentation de prendre quelques images de ce joli ciel nocturne, avec les moyens du bord.
Mont Charvin 2ème partie : l’ascension
4h45, le réveil sonne. Nos yeux s’ouvrent péniblement et il faut lutter pour sortir de nos duvets confortables. L’idée de gravir le Mont Charvin par la face est et de voir le soleil se lever derrière le Mont Blanc nous aide à trouver la motivation. On avale rapidement quelques barres céréales et on enfile nos lampes frontales pour nous mettre en route. Depuis le lac, les premiers hectomètres se passent tranquillement dans l’herbe. Vers 2085m d’altitude, le terrain devient rocheux et les choses sérieuses commencent.
Arête du Pas de l’Ours
En arrivant autour de 2100m d’altitude, le rocher est bien présent et la partie se corse pour ceux qui souffrent du vertige. Si vous êtes habitué à la haute montagne et aux randonnées où il faut mettre les mains, vous ne devriez rencontrer aucune difficulté. La section qui se profile jusqu’au sommet est en réalité la fin de la via ferrata d’Ugine via le Pas de l’Ours. Nous l’avons empruntée sans recourir à un équipement particulier. Nous utilisons des chaussures de randonnée montantes semi-alipinistes avec une semelle en Goretex. Si le terrain est humide, il est alors très dangereux de s’aventurer sur l’arête. Préférez aborder le Mont Charvin par la voie normale en face ouest en cas de pluie.
Éclairés par nos frontales, on progresse tranquillement le long des parois rocheuses. Vous vous en doutez, difficile de faire des photos dans ces conditions à 5h30 du matin et sans trépied. Si vous souhaitez voir des images de cette ascension, vous pouvez retrouver les vidéo dans notre story à la une « Aravis » sur notre compte Instagram. Vous trouverez également des images de cette section en plein jour à la fin de l’article.
Les premières lueurs commencent à se dégager et font ressortir le relief. À mesure que nous progressons et gagnons de l’altitude, la luminosité augmente.
Sommet du Mont Charvin
Nous atteignons le sommet environ 45 minutes après être partis de notre campement. Nous sommes largement en avance sur le soleil et allons pouvoir profiter de cet instant magique. Les plus belles lumières sont, pour nous, durant la demi-heure qui précède le passage du soleil au-dessus de l’horizon. La silhouette des sommets du Mont-Blanc ressort à merveille. L’orange vif marque les lignes de crêtes de ces dizaines de pics qui nous sont encore inconnus. Nous en prenons littéralement plein les yeux. Le couple avec le chien, que nous avions dépassé la veille, a bivouaqué au sommet. Ils restent dans leur tente et loupent ce spectacle féerique. Ils ne sortiront qu’une fois le soleil au-dessus du Mont-Blanc. C’est à ce moment-là que nous amorçons la descente. Lorsque le soleil a franchi l’horizon, c’est le contre-jour total et on ne voir presque plus rien.
Descente du Mont Charvin vers le lac
Nous n’avons pas le choix et devons rentrer par le même itinéraire pour récupérer notre matériel de bivouac. On prend donc la section de via ferrata en descendant. Ce n’est pas difficile, il suffit d’être prudent et de prendre son temps. Une petite demi-heure nous aura suffi pour regagner le lac du Mont Charvin. De retour à la tente, il est l’heure de prendre le petit déjeuner avant de plier bagage. Une fois la tente rangée, nous nous mettons en route pour rentrer.
Retour au parking
Nous ne trainons pas trop sur le retour. L’affluence commence à être conséquente sur le sentier. Le lac du Mont Charvin est très populaire et attire beaucoup de monde. Lorsque nous passons devant la ferme, la boutique n’est pas encore ouverte, dommage. Nous avalons la descente en seulement une petite heure et arrivons à notre camping-car quelque peu fatigués. Il n’est que 10h, mais il nous semble que nous sommes debout depuis une éternité. L’avantage, c’est que nous pouvons prendre tout de suite une bonne douche pour nous remettre sur pieds. Pendant ce temps là, la tente sèche tranquillement au soleil.
Randonnée Mont Charvin : le bilan
Cette ascension du Mont Charvin par le lac était une très bonne entrée en matière pour notre périple dans les Alpes. J’étais quelque peu inquiet de me retrouver au milieu des remontées mécaniques dans chaque vallée. C’était une idée reçue que j’avais et je suis plutôt content que cela ne soit pas avéré. Les téléphériques, télésièges et autres infrastructures qui dégradent la montagne tant sur le plan visuel qu’environnemental ne sont vraiment pas ma tasse de thé. En réalité, en cherchant un peu, il est tout à fait envisageable de se retrouver dans des vallées totalement sauvages et faiblement développées pour le tourisme de masse. C’est plutôt de très bon augure pour la suite.
Le cadre splendide qu’offre le massif des Aravis avec le lac du Mont Charvin et le point de vue du sommet attirent beaucoup de monde. En période estivale, l’affluence est conséquente et il peut même s’avérer complexe de trouver une place sur le parking. Pour cela, nous vous recommandons de partit très tôt le matin, ou de bivouaquer.
Vous avez des questions sur notre itinéraire ? Vous voulez plus de détails sur cette ascension du Mont Charvin ? N’hésitez pas à nous en faire part en commentaire, ou via notre compte Instagram où nous nous faisons un plaisir de vous répondre !
À très vite pour la suite !
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Ben & Ania sont deux aventuriers amoureux de la nature et passionnés par ce vaste monde qui nous entoure. Quand ils ne sont pas sur les sentiers de randonnées, par monts et par vaux, ils créent du contenu pour les entreprises qui font appel à leurs talents. En travaillant à distance, ils peuvent se permettre de voyager en continu. Pour ça, ils ont choisi Jolly-Jumper, un camping-car Hymer B534 de 1990. Découvrez leurs univers faits de sommets enneigés, de treks loin de la 4G et de feux de camps bien arrosés. Pour ne rien louper, suivez leurs aventures sur ce blog ou via leurs réseaux sociaux !
