J’avais plusieurs fois entendu parler de la Vallée des Merveilles dans le parc national du Mercantour sans jamais creuser davantage. Lorsque nous sommes arrivés dans la région, nous avions donc à cœur de visiter cette fameuse vallée afin de voir si elle porte si bien son nom. Pour une fois, nous n’avions regardé que très peu de topos, et ne savions donc pas vraiment à quoi nous attendre. Nous avons élaboré l’itinéraire à partir de la carte IGN de la vallée de la Vésubie (3741 OT). À la base, nous pensions marcher pendant 4 jours pour faire une grande boucle à travers la vallée des Merveilles et y incorporer les Mont Bégo (2872m) et Mont Clapier (3045m). C’était sans compter sur la météo automnale qui aura rendu impossible toute ascension. Si vous aussi vous souhaitez découvrir la vallée des Merveilles en randonnée itinérante, ce topo risque de vous intéresser.
Où se trouve la vallée des Merveilles ?
Ce qui est communément appelé la vallée des Merveilles est une vallée qui tient son nom de la présence de nombreuses gravures rupestres, préhistoriques pour certaines. Elle est située dans la partie sud-est du parc national du Mercantour, dans le département des Alpes-Maritimes. Entre la vallée de la Gordolasque et celle de la Roya, toutes deux sévèrement touchées par la tempête Alex en octobre 2020. Les dégâts très sévères de l’incident climatique ont d’ailleurs fortement compliqué les accès à la vallée des Merveilles. Pour connaître l’état des accès au moment où vous souhaitez effectuer ce trek, rendez-vous sur le site du refuge des Merveilles. Les informations sont mises à jour régulièrement. En cas de doute, vous pouvez appeler le gardien pour connaître les conditions exactes du moment.
La vallée des Merveilles ne désigne originalement qu’une seule vallée qui se trouve entre le refuge des Merveilles et la baisse de Valmasque. Bon à savoir, dans les Alpes du Sud, une baisse signifie un col.
Comme cette vallée ne représente qu’une petite partie de notre itinéraire, ce topo aurait donc dû s’appeler « randonnée dans le parc national du Mercantour ». Or le parc s’étend sur 685 km2. Nous avons donc pensé que le nommer avec le point d’intérêt principal serait plus parlant pour tout le monde.
Randonnée dans la vallée des Merveilles
Il existe une multitude d’itinéraires possibles pour découvrir la vallée des Merveilles. En temps normal, les points de départ possibles sont nombreux. À cause des dégâts causés par la tempête Alex et la destruction de nombreuses routes, le seul accès a été celui de la vallée de la Gordolasque pendant tout l’été. Les places de parking y sont restreintes et cela a occasionné des problèmes de stationnement importants. C’est là-bas que nous sommes partis, mais il était possible de se garer à proximité du lac des Mèches, qui représente l’itinéraire classique de cette randonnée.
Comme nous partions pour 3 ou 4 jours, se garer au parking de la Gordolasque était judicieux. Cela nous permettait de faire une boucle en démarrant vers le pas de l’Arpette et en rentrant par le refuge de Nice. Nous n’allons pas dévoiler ici tous les itinéraires possibles, mais seulement celui que nous avions prévu d’emprunter. Libre à vous de vous en inspirer pour préparer votre trek. Vous pouvez également effectuer une ou plusieurs randonnées à la journée si vous n’êtes pas équipés pour le bivouac ou que vous ne vous sentez pas suffisamment en confiance.
Se rendre dans la vallée des Merveilles
Comme nous l’avons mentionné plus haut, les accès pour effectuer une randonnée dans la vallée des Merveilles sont sujets au changement en fonction des conditions du moment. Vous pouvez consulter l’état d’ouverture des routes en direct avec le site inforoute06.
Pour atteindre le parking du pont de Countet dans la vallée de Valmasque, vous devrez vous rendre au village de Belvédère. Depuis le nord, en venant du col de la Bonette, vous devrez descendre la vallée de la Tinée puis rejoindre celle de la Vésubie. Passez Saint-Martin-Vésubie où vous pourrez avoir un aperçu des dégâts de la tempête Alex. Alors que l’évènement a eu lieu il y a tout pile un an quand nous traversons la vallée, les maisons effondrées et le lit de la rivière démontée sont toujours présents.
C’est cauchemardesque et on ne peut même pas imaginer le calvaire vécu par les habitants depuis. Nous avons donc effectué toutes nos courses dans les villages des environs en privilégiant les petits commerces. C’est la moindre des choses pour soutenir ces gens qui vivent les prémices des changements climatiques à venir.
Si vous arrivez du sud, de Nice ou du Verdon, vous devrez remonter la Vésubie par la M19. Une fois au village de Belvédère, vous longerez la rivière Gordolasque jusqu’à arriver au terminus de la route.
Se loger dans le Mercantour
Si vous n’avez pas la chance de voyager avec un véhicule aménagé, il est judicieux de vous trouver un hébergement dans le coin. Il y a quelques campings dans les vallées environnantes, mais ils ferment assez tôt dans la saison. Après une bonne randonnée, vous aurez probablement envie d’un peu plus de confort. Gîtes, auberges et hôtels ont travaillé dur pour remettre leurs bâtiments en état et proposer des hébergements à la hauteur des attentes pour les saisons à venir.
Voici une petite sélection de logements qui pourrait vous intéresser :
Situé au coeur du village emblématique du Mercantour et avec vue sur les montagnes, ce petit appartement très charmant est un excellent point de chute pour explorer le parc national et se rendre dans la vallée des Merveilles.
La ville de Tende est localisée dans la vallée de la Roya, l’extrémité est du parc national du Mercantour à quelques kilomètres de la frontière italienne. C’est l’endroit parfait pour venir randonner dans la vallée des Merveilles
Cette chambre d’hôte est parfaite pour passer un week-end ou une semaine de vacances à proximité de la vallée des Merveilles. Vous serez très bien reçu, et logé dans des chambres confortables. Profitez de la très belle vue depuis la terrasse pour vous relaxer en rentrant de randonnée.
Cet établissement est très pratique pour découvrir la région tout en bénéficiant d’un camp de base confortable. Quoi de mieux qu’une chambre avec un lit moelleux après 3 jours à crapahuter et dormir sous la tente ? Très bien notée, cette chambre d’hôte dans le village est une valeur sûre.
Autre option, vous pouvez également louer un véhicule aménagé pour profiter des nombreux avantages du road trip. Le Mercantour est vaste et la découverte du parc en prenant le temps d’explorer ses routes de montagnes en van ou camping-car est une expérience incroyable. Notre partenaire Yescapa est une plateforme spécialisée dans la location de véhicules aménagés, et nous n’avons aucun doute sur le fait que vous trouverez votre bonheur.
3 jours de randonnée dans la vallée des Merveilles
Maintenant que nous avons passé en revue les détails pour accéder à cette randonnée et son itinéraire, nous pouvons commencer le récit de notre aventure. Comme pour chaque randonnée itinérante, nous sommes partis en autonomie totale. Nous avions donc des provisions pour 4 jours, tout notre matériel de bivouac et de photographie (trépied, téléobjectif, batteries…). Nos sacs étaient donc particulièrement lourds, autour de 18 kg pour le mien, et 15 kg pour Ania. Nous sommes habitués à porter de telles charges sur de longues distances, et à affronter un fort dénivelé quotidien. Cela dit, cet itinéraire s’est avéré plutôt tranquille puisque nous n’avons pas pu accéder aux sommets convoités.
Notre itinéraire
Nous avions donc prévu de partir pour 4 jours.
La première journée, au départ du parking du pont de Countet dans la vallée de la Gordolasque nous mènera jusqu’au refuge des Merveilles pour un bivouac sous la tente. Ensuite, nous avions en tête d’effectuer l’ascension du Mont Bégo, puis de redescendre et visiter la fameuse vallée des Merveilles et ses gravures. Nous aurions poursuivi jusqu’au refuge de Valmasque. De là, nous nous serions rendus au refuge de Nice, où nous aurions laissé nos sacs à dos pour gravir le Mont Clapier. Nous aurions bivouaqué au refuge de Nice et serions rentrés au parking du départ le lendemain.
Mais ça, c’était la théorie. En pratique, ça ne se passe malheureusement pas toujours comme prévu. Et pour cause, le violent vent du nord ne s’est pas arrêté de souffler. Il a amené avec lui une importante couverture nuageuse qui s’est installée sur les sommets.
Voici donc la carte de l’itinéraire que nous avons emprunté avec une couleur par jour. Les morceaux de sentiers que nous avions prévu, mais pas pu suivre figurent en noir.
Voici également les statistiques de ces 3 jours de marche :
Distance | 34 km | Altitude min | 1680 m |
Dénivelé + | 1800 m | Altitude max | 2680 m |
Dénivelé – | 1800 m | Temps de marche (sans pauses) | 13 h |
Comme le démontrent les données relatives à notre parcours, il ne s’agit pas d’un circuit trop exigeant physiquement. En rajoutant les deux ascensions que nous avions prévues, il aurait fallu compter 1500 m de dénivelé positif et négatif ainsi que 12 km de marche supplémentaires.
Jour 1 : du parking du pont de Countet au refuge des Merveilles
Dénivelé + | 834 m | Altitude min | 1680 m |
Dénivelé – | 400 m | Altitude max | 2514 m |
Distance | 9 km | Temps | 3h30 |
Sur le départ, nous constatons que beaucoup de voitures sont garées au pont de Countet. Nous ne le savions pas encore, mais c’est parce qu’il s’agissait de l’un des seuls accès à la vallée des Merveilles depuis la tempête Alex. Nous craignions de rencontrer énormément de monde en chemin. En partant sur les coups de 15h, nous ne croisons finalement pas grand monde dans la montée jusqu’au pas de l’Arpette.
Les 850m de dénivelé positif de cette première journée se font d’une traite. On commence dans la forêt avec une pente assez raide qui démarre les hostilités de la plus belle des manières. Pas le temps de s’échauffer, on gagne très vite 300 m d’altitude sur les 2 premiers kilomètres. À la sortie du bois, on croise nos premiers chamois de la rando. Ils ne sont pas très craintifs, étant donné que la zone est en parc national, ils ne subissent que très peu de pression de chasse. Peu farouches, ils sont faciles à photographier au téléobjectif.
Pas de l’Arpette
Les photos de chamois permettent de faire une petite pause et de manger un morceau. Après avoir récupéré un peu d’énergie, nous poursuivons en direction du pas de l’Arpette. Il est le point culminant de cette première journée. Ce col pointe à 2511 m d’altitude et il nous permettra de rejoindre le refuge des Merveilles. La montée finale pour accéder au col est courte et intense. Une fois au sommet, changement de t-shirt pour moi. Le vent est frais et la transpiration de la montée accentue l’effet de froid. J’utilise la technique classique du séchage de t-shirt sur mon sac à dos puisque je n’en dispose que de deux pour marcher dans les jours qui suivent.
Le pas de l’Arpette marque également l’entrée dans une zone sensible du parc national du Mercantour. À partir d’ici, et jusqu’au lac des Merveilles, il n’est pas autorisé de marcher avec des bâtons dont la pointe est en fer. Nous découvrons cette restriction au moment où nous passons le col, et plions donc nos précieux bâtons. Cela ne va pas rendre la descente facile, mais c’est la règle.
Nous aurons le plaisir de croiser d’autres chamois dans la descente. Ils nous aideront à oublier la souffrance infligée à nos genoux avec ces 500 m de dénivelé négatif sans bâtons.
Refuge des Merveilles
Il est environ 17h30 quand nous arrivons au refuge des Merveilles. La bâtisse est encaissée au milieu de plusieurs lacs. Il y a les lacs longs inférieur et supérieur, le lac Fourca et le lac Saorgine. Comme il n’est pas encore 19h et que nous sommes en zone coeur du parc, impossible de monter la tente. Nous décidons donc de passer au refuge pour boire un coup. Le gentil gardien nous autorise, si on le désire, à venir cuisiner à proximité du refuge et à manger au chaud. Nous prenons d’abord nos boissons et décidons d’aviser plus tard. C’est vrai qu’on n’est pas mal au coin du poêle bien chaud.
Bivouac au refuge des Merveilles
Comme nous sommes dans le parc national, il n’est pas possible de bivouaquer partout. La zone de bivouac de ce secteur se situe à proximité du refuge. Nous nous lançons donc à la recherche d’un emplacement. Il n’y a qu’une seule autre tente ce soir-là, donc nous avons l’embarras du choix. On s’éloigne du refuge pour chercher une vue acceptable, et on trouve un bel endroit plat, sur de l’herbe, très propice à l’installation de notre nouvelle tente.
Il s’agit de la Vaude Hogan UL 2P, et si vous cherchez une tente 2 personnes, 3 saisons, légère et autoportante, il est fort probable que ce modèle vous convienne. On vous propose donc de découvrir notre article qui relate le test de cette tente.
Une fois notre abri de fortune monté, il est l’heure de passer à table. Ania n’a pas très faim, alors ce sera juste une soupe rapide, un peu de cake maison et quelques tranches de saucisson. On se rattrapera au petit déjeuner avec le gâteau aux noix et à la banane confectionné la veille.
Avant d’aller dormir, impossible de ne pas admirer le ciel étoilé du Mercantour. Les conditions sont moyennes à cause d’une couverture nuageuse qui masque partiellement la voie Lactée. Un peu de patience, et le vent pousse les nuages, laissant le champ libre à la voute céleste pour s’exprimer. Elle sort juste derrière la tente, l’occasion rêvée pour faire des essais photographiques. Nous sommes plutôt satisfaits du résultat. Quand le froid et le vent deviennent insupportables, on va se blottir dans nos duvets jusqu’au matin.
Jour 2 : vallée des Merveilles au refuge de Valmasque
Dénivelé + | 430 m | Altitude min | 2120 m |
Dénivelé – | 330 m | Altitude max | 2552 m |
Distance | 9 | Temps | 3h30 |
Après une bonne nuit de sommeil, le réveille sonne sur les coups de 7h. Après un petit déjeuner rapide et un pliage de tente express, nous prenons la route en direction de la vallée des Merveilles. Nous allons enfin voir les fameuses gravures rupestres dont tout le monde nous a tant parlé. Depuis le refuge, il faut remonter vers le Pas de l’Arpette franchi la veille et bifurquer à droite à la première intersection. Des panneaux indiquent la vallée des Merveilles et le règlement de la zone cœur du parc national du Mercantour.
Gravures rupestres de la vallée des Merveilles
Les premières gravures sont au niveau de la roche de l’éclat. On enchaine les différentes zones de vestiges, mais on s’attendait à ce qu’il y ait plus d’œuvres que cela. Il n’y a finalement que 4 sites contenant des gravures qui sont accessibles au grand public sans guide. C’est compréhensible parce que comme souvent, les gens ne respectent rien et ne peuvent pas s’empêcher de marquer les pierres avec leurs propres gravures.
Si vous ne prenez pas de guide, vous pourrez admirer les gravures suivantes :
- Roche de l’Éclat
- Le Christ
- Le chef de Tribu
- Roche de l’Hôtel
Une grande paroi de calcaire avait été utilisée pour représenter un navire pendant le Moyen-Âge. Malheureusement, la gravure a été intégralement recouverte de noms et dates de visiteurs qui se sont sentis obligés de marquer leur passage. Au même titre que des animaux sauvages qui urinent pour délimiter leur territoire. Ces gens ont ainsi détruit un trésor de l’Histoire. On ne remercie donc pas Jean Michel et ses copains qui ont bafoué ces gravures rupestres.
Lac des Merveilles
On quitte la zone des gravures de la vallée des Merveilles et il faut avouer qu’on reste un peu sur notre faim. On s’attendait à davantage de gravures. Si le soleil nous permettait de marcher sereinement en t-shirt en ce début de matinée, lorsqu’il se couvre c’est une tout autre histoire. Le vent se lève et à mesure que l’on gagne de l’altitude, le froid commence à être bien présent. On empile les couches, malgré le dénivelé positif, impossible de se découvrir.
Le lac des Merveilles se situe à mi-distance entre le refuge éponyme et la Baisse de Valmasque. C’est un joli petit lac de montagne naturel. Cela mérite d’être souligné car de nombreux lacs du parc national du Mercantour ont été endigués d’un barrage. Cet aspect a également un peu terni l’image que nous avions du parc. Lorsque nous passons au bord du lac, nous sommes surpris par le décollage d’un grand rapace. Le temps de sortir le téléobjectif et il est déjà trop loin pour le photographier. Il me semble qu’il s’agit d’un aigle royal, mais je ne peux pas encore en être sûr.
En montant vers la Baisse de Valmasque, l’oiseau réapparait. Cette fois-ci, il reste suffisamment longtemps pour que je puisse le prendre en photo. L’identification est formelle et il s’agit bien d’un aigle royal subadulte. Une observation magnifique, assez rare qui démontre que les efforts de conservation du parc national sont payants. Un peu plus haut, c’est une harde de chamois qui nous fait le plaisir de s’arrêter à proximité du sentier.
Baisse de Valmasque
Nous arrivons au point haut de la journée, la Baisse de Valmasque (2552m). Ici et pour toute la suite de la randonnée, nous serons très exposés au vent de nord glacial qui s’intensifie. Les chamois l’avaient bien compris, ils se sont dirigés vers la vallée des Merveilles pour s’abriter, et ils avaient bien raison. À mi-chemin de la descente, nous quittons le GR 52 pour prendre la sente qui longe le lac du Basto. La suite du périple consiste à longer les lacs du Basto, Noir et Vert pour arriver au refuge de Valmasque.
Vers midi, on trouve un coin abrité derrière un gros bloc pour déjeuner. Les bourrasques glaciales nous ont forcés à empiler 3 couches. Je ne suis vraiment pas frileux et c’est très rare que je doive recourir à 3 couches quand je marche, mais là c’était une nécessité absolue. L’eau des petits ruisseaux qui se jettent dans le lac était déjà gelée alors que nous n’étions que début octobre.
Lacs Noir et Vert
Après la pause repas au lac du Basto, on reprend la route en direction du refuge. Il nous tarde d’arriver pour nous mettre à l’abri, car la météo est vraiment menaçante. On marche donc assez vite pour rester réchauffé. Dans ces conditions, les appareils photo restent la majorité du temps accrochés aux sangles de nos sacs à dos. Pourtant, le cadre était vraiment agréable en dépit du fait que les lacs étaient tous des barrages artificiels. Nous arrivons au refuge et il n’y a pour le moment personne. Quelques chamois ont pris possession des environs, et je me réjouis d’aller les photographier.
Refuge de Valmasque
Sur le site internet du refuge, nous avions lu qu’il n’était plus gardé à cette période. Nous avons alors pris nos quartiers dans la partie hivernale et allumé le poêle. Comme vous pouvez vous en douter, le petit café au coin du feu aura été très appréciable. Nous sommes rapidement rejoints par un couple de randonneurs et par le gardien. Il s’agit en réalité du dernier week-end de la saison pour lequel le refuge sera gardé, et il attend du monde le lendemain. Nous pensions être seuls, mais nous sommes finalement en bonne compagnie.
L’après-midi sera donc placé sous le signe de la récupération. J’aurais quand même profité de quelques sorties pour aller photographier les nombreux chamois qui vivent dans le coin. Le soir venu, nous profitons de la présence du gardien pour commander quelques bières et bénéficier de sa connaissance du coin pour prévoir l’itinéraire du lendemain. Les conseils d’un gardien de refuge sont toujours précieux quand vous arpentez un massif inconnu. Il nous recommande une voie pour accéder au refuge de Nice que nous emprunterons si les conditions sont bonnes.
La soirée se poursuit tranquillement autour du poêle. Nous prenons beaucoup de plaisir à discuter montagne avec Jean Luc et Martine. Ces deux retraités ont une pêche d’enfer, ils viennent de traverser la France à vélo d’est en ouest, aller-retour ! On adore les refuges pour ces rencontres éphémères qui sont d’une très grande richesse. Ce n’est malheureusement pas toujours aussi riche, si vous ne l’avez pas lu, vous pourrez découvrir pourquoi dans l’article sur le refuge de Vens, lui aussi dans le parc national du Mercantour.
Jour 3 : Refuge de Valmasque au refuge de Nice
Dénivelé + | 600 m | Altitude min | 1680 |
Dénivelé – | 1000 m | Altitude max | 2693 m |
Distance | 16 km | Temps | 6h |
À la base, notre itinéraire prévoyait l’ascension du Mont Clapier (3045 m). Le gardien du refuge de Valmasque nous avait recommandé de passer par le Pas Est du Mont Clapier (2828 m) avant de redescendre vers le refuge de Nice. On ne savait pas encore si on ferait l’ascension du Mont Clapier en jour 3 ou 4. Finalement, le passage indiqué s’est retrouvé totalement bouché par les nuages. Les versants nord étaient bien gelés et nous n’avions pas nos crampons. La décision a été difficile à prendre, mais il nous fallait abandonner cette idée et reprendre le GR52 pour franchir la Baisse de Basto et descendre vers le refuge de Nice.
Baisse de Basto
Depuis le refuge de Valmasque, nous avons donc dû à contrecoeur reprendre le chemin inverse effectué la veille. Nous sommes remontés jusqu’à l’intersection où nous avions laissé le GR 52. La montée vers la Baisse de Basto (2693 m) est assez régulière. On prend de la hauteur sur le lac éponyme ce qui offre un panorama fort sympathique. En chemin, on croise quelques jeunes chamois peu farouches qui se laissent photographier volontiers.
La fin de l’ascension du col se fait par un long pierrier dont nos jambes se souviennent encore. À l’arrivée au sommet, la vue est belle et on constate que le Mont Clapier est totalement bouché lui aussi. Il n’y a pas vraiment d’espoir pour que ça se dégage. Il est encore tôt, on se dit qu’on avisera en arrivant au refuge de Nice, mais c’est mal engagé pour ce sommet qui surplombe la vallée des Merveilles.
Refuge de Nice
La descente du Baisse de Basto est délicate. C’est très raide et instable. Le gel recouvre l’herbe et le sol est particulièrement dur et glissant. Après les premiers hectomètres, la pente est moins impressionnante. On traverse alors un long pierrier. On arrive à une intersection qui pourrait nous ramener directement au parking de la Gordolasque. Le but de cette randonnée dans la vallée des Merveilles était tout de même de gravir au moins un sommet et nous voulions nous donner encore une chance de réussir.
Nous ne prendrons donc pas ce sentier qui descend vers le lac Autier. On poursuit en direction du refuge de Nice afin de voir si un créneau météo pourrait nous permettre de monter au Mont Clapier. Quelques bouquetins profitent des rares rayons du soleil qui parviennent à percer les nuages. Au loin, des mâles et leurs grandes cornes sont postés en observation sur une ligne de crête.
On passe à côté du lac Niré et on poursuit en suivant le GR 52. À proximité du refuge, il est midi passé et nous pensons de plus en plus que le Mont Clapier est compromis. On prend notre repas et il faudra ensuite prendre une décision. 3 options s’offrent à nous :
- Tenter l’ascension du Clapier dans la brume
- Attendre le lendemain pour tenter l’ascension
- Rentrer au parking
Prise de décision
Clairement, l’ascension d’un sommet à plus de 3000 m par mauvaises conditions météo n’est pas une bonne idée. En montagne, il faut parfois faire preuve d’humilité et savoir renoncer. Nous avons donc annulé et sommes restés raisonnables. L’idée de rester tout l’après-midi au refuge et d’attendre le lendemain pour l’ascension ne nous emballait pas. Il faisait froid, le vent du nord n’avait pas cessé et il commençait à y avoir beaucoup de monde de surcroit.
L’affluence, avec beaucoup de gens de passage pour la journée, très mal équipés pour la plupart, nous a rebutés. Nous poursuivrons donc le long du GR52 pour rentrer au parking.
Retour par la vallée de la Gordolasque
C’est donc un peu frustrés d’abréger cette randonnée dans la vallée des Merveilles que nous entamons la longue descente vers le parking. Cette journée aura été la plus longue en matière de temps de marche et de distance. Et le retour vers le pont de Countet aura été assez long.
Heureusement, il est ponctué par la rencontre avec une nouvelle harde de chamois. Il y a peut-être une trentaine d’individus, dont beaucoup de jeunes qui gambadent dans les pentes herbeuses au bord de la rivière. Après cette parenthèse enchantée, nous poursuivons la descente. Il y a du monde, nous sommes pourtant début octobre et ce ne sont pas encore les vacances. Au niveau de l’intersection avec le sentier qui monte au lac de l’Autier, nous restons sur la droite. La plupart des gens passent à gauche, ce qui nous permet de profiter de la fin de la randonnée dans le calme.
À l’arrivée au parking, nous sommes exténués. Ces 3 journées auront tout de même été bien remplies et marquées par des sacs assez lourds. En cause principalement, le matériel photo et la nourriture prévue initialement pour 8 repas et 3 petits déjeuners.
Randonnée dans la vallée des Merveilles : le bilan
À l’instar de tout le parc national du Mercantour, la vallée des Merveilles abrite une faune sauvage très riche et diversifiée. C’était pour nous l’un des gros points positifs de cette randonnée. Nous avons croisé près d’une centaine de chamois, une dizaine de bouquetins, une hermine et un aigle royal. C’est un bilan vraiment positif. Du côté des paysages, les couleurs d’automne avaient tout juste démarré, ce qui donnait une ambiance assez sympathique. Les mélèzes n’étaient par contre pas encore orange, il aurait fallu venir quelques semaines plus tard.
Nous aurions vraiment beaucoup aimé pouvoir gravir un sommet comme le Mont Bégo ou le Mont Clapier. Cela nous aurait permis de surplomber totalement la vallée des Merveilles et d’avoir un point de vue panoramique intéressant. Les conditions n’étaient pas réunies et nous avons préféré miser sur la prudence. Une décision que nous ne regrettons absolument pas, ce n’est que partie remise !
Si vous êtes de passage dans le Mercantour, on vous recommande chaudement d’aller voir la vallée des Merveilles et de l’explorer sur plusieurs jours. Si vous n’avez pas de matériel de bivouac, les refuges ne manquent pas. On vous recommande d’opter pour l’arrière-saison afin d’éviter la très forte affluence estivale.
Si vous avez des questions relatives à ce trek dans la vallée des Merveilles, n’hésitez pas à les formuler en commentaire de cet article. Vous pouvez aussi nous envoyer un message sur les réseaux sociaux, on prend beaucoup de plaisir à échanger avec vous sur les différents itinéraires proposés.
Vous cherchez d’autres itinéraires de randonnée dans les Alpes ? On vous recommande particulièrement :
- Le lac de Peyre
- Le glacier noir
- Le refuge de Presset
- La haute vallée de l’Ubaye
- Une nuit au sommet du Mont Thabor (3178m)
- Le Queyras
Ben & Ania sont deux aventuriers amoureux de la nature et passionnés par ce vaste monde qui nous entoure. Quand ils ne sont pas sur les sentiers de randonnées, par monts et par vaux, ils créent du contenu pour les entreprises qui font appel à leurs talents. En travaillant à distance, ils peuvent se permettre de voyager en continu. Pour ça, ils ont choisi Jolly-Jumper, un camping-car Hymer B534 de 1990. Découvrez leurs univers faits de sommets enneigés, de treks loin de la 4G et de feux de camps bien arrosés. Pour ne rien louper, suivez leurs aventures sur ce blog ou via leurs réseaux sociaux !
Bonjour . Nous sommes un couple accompagné de notre labrador de 1 an et avions pour projet de faire une randonnée en autonomie complète de 3-4 jours fin août . Les premières étapes ne sont pas trop longues mais la dernière l’est plus , est il possible de la faire en 2 fois ?
Merci de votre réponse .
Bonne journée . Camille et Benjamin
Bonjour Camille et Benjamin,
Il est tout à fait possible de couper la dernière étape avec une nuit au refuge de Nice. C’est ce que nous avions prévu si la météo pour le Mont Clapier était favorable.
Malheureusement, il n’est pas possible de randonner avec son chien dans le parc national du Mercantour. Des dérogations sont possibles uniquement pour :
– Les chiens utilisés pour la protection, la conduite et la surveillance des troupeaux ;
– Les chiens guidant des personnes aveugles ou assistant des personnes handicapées ;
– Les chiens appartenant aux résidents des hameaux accessibles par une voie carrossable, s’ils sont tenus attachés ou enclos à proximité immédiate des bâtiments.
J’espère que vous irez tout de même découvrir cette magnifique vallée.
Bonne balades,
Ben & Ania
Bonjour,
Superbe récit, ça donne envie. Serrait il possible de récupérer le fichier GPX de se terk ?
Merci D’avance, Jean Marie
Bonjour Jean Marie,
Nous fonctionnons à l’ancienne avec une bonne vieille carte IGN et n’avons pas de montre GPS pour relever le tracé. Donc désolé, mais du coup nous ne possédons pas de fichier GPX. Si vous vous inquiétez pour la navigation, c’est vraiment bien balisé et tous les refuges et cols sont fréquemment indiqués par des panneaux. J’espère que vous prendrez autant de plaisir que nous dans cette formidable vallée, très bonnes randonnées à vous.
Ben & Ania
Bonjour. Fin juin 2022 le Gr de la Baisse de la Valmasque jusqu’à la Baisse du Basto était enneigé ainsi que la descente jusqu’au vallon du Niré en allant vers le refuge de Nice:neige instable.
J’ai habité 30 ans vers Belvédère et souvent la descente de la Baisse du Basto est enneigée; Contactez le gardien du refuge de Nice, c’est le meilleur conseillé.
Françoise
Bonjour Françoise, effectivement, les conditions hivernales peuvent perdurer jusque tard dans la saison, surtout sur les versants nord. Et les gardiens de refuge sont d’excellentes sources d’information, même si nous préférons éviter de les déranger au maximum. Ils sont déjà très sollicités. Avec tous les outils disponibles pour connaitre l’enneigement en conditions réelles, il est dommage que des centaines de personnes les appellent pour leur demander l’état des sentiers.
Merci pour votre retour en tout cas 🙂 Vous habitez une formidable région qu’il nous tarde de visiter à nouveau.
Bonjour,
Merci pour votre récit qui donne très envie de tenter l’expérience ! Est-ce que vous pensez que cet itinéraire est réalisable mi avril? Merci d’avance et bon courage pour vos prochaines aventures !
Bonjour Tom,
Cela dépend vraiment des conditions du moment et surtout de l’enneigement. Certains secteurs de la vallée des Merveilles sont très exposés à des couloirs avalancheux. Un rapide coup d’oeil sur https://meteofrance.com/meteo-montagne/alpes-du-sud/enneigement indique qu’il reste encore 70 cm de neige à 2500m d’altitude sur les versants nord du Mercantour. Cela peut fondre très vite, mais il est préférable d’attendre que les couloirs soient bien purgés avant de se lancer sur ce type d’itinéraire. Étant donné le déficit de neige global et les températures anormalement chaudes annoncées pour le printemps, il est possible que tout soit dégagé mi-avril (ce qui n’est pas vraiment une bonne nouvelle pour la montagne malheureusement). J’espère que vous prendrez autant de plaisir que nous à sillonner cette fabuleuse vallée ! N’hésitez pas à nous donner des nouvelles ici de votre sortie 🙂 Mais surtout, soyez vigilant. Les belles journées de printemps sont vraiment très dangereuses si les couloirs n’ont pas été purgés.
Ben & Ania