Beaucoup de randonneurs néophytes se sont lancés sur les chemins de la haute montagne cet été. Il est apparu clairement que bon nombre d’entre eux ne connaissaient pas vraiment le comportement à adopter en présence d’animaux de montagne. Qu’il s’agisse d’animaux sauvages ou d’un troupeau en pâture, le respect de la faune est primordial. Les accidents arrivent, un patou agressif, une vache qui protège son veau… mais certains ne sont pas liés au hasard et résultent d’un comportement irresponsable de la part des randonneurs. Quand aux isards, marmottes, bouquetins et autres vautours, certaines règles sont également à respecter afin de ne pas les perturber ou pire, les mettre en danger. Enfin, il n’est pas toujours possible de randonner avec son chien.
Nous vous proposons de passer en revue les règles et bons comportements à adopter afin de déranger le moins possible les animaux de montagne. Nous avons la chance d’avoir une faune très riche dans les Pyrénées. Il en est de même dans les Alpes et autres chaînes de montagnes françaises. Si nous souhaitons la conserver et la protéger il faut adopter les bons gestes.
Les animaux de montagne d’élevage
Qui n’a jamais apprécié le son des cloches d’un troupeau de vaches en pâture ? Ou bien le bêlement des brebis en estive qui semblent se plaindre du rythme imposé par le berger ? Cela fait des siècles que l’Homme emmène ses troupeaux en altitude pour la saison estivale. En tant que randonneurs et usagers de la montagne, nous devons respecter ces bêtes et les déranger le moins possible. Voici un petit récapitulatif des règles à respecter avec un troupeau en montagne.
Comment se comporter face à un troupeau de vaches en montagne ?
Il n’y a pas de raison de craindre le troupeau. Cependant, il s’agit d’animaux, leur comportement n’est pas toujours prévisible et pour éviter de les déranger et de risquer un accident, il est préférable de les contourner. Alors que faire lors de la rencontre avec un troupeau de vaches ?
- Gardez votre calme
- Restez sur le chemin
- Tenez-vous à distance
- Si les vaches sont installées sur le chemin, évitez-les
- Si les éviter est impossible, passez dans le troupeau
- Marchez doucement
- N’effectuez aucun geste brusque
- Ne caressez ni les vaches ni les veaux
- Si vous avez un chien, tenez-le en laisse
Tout cela peut sembler logique n’est-ce pas ? Pourtant, beaucoup de randonneurs ne respectent pas ces règles de précaution. La tentation du selfie est trop forte. Il faut à tout prix caresser ce petit veau de quelques mois parce qu’il est trop mignon. Et c’est ainsi qu’arrivent les accidents.
Comportement à adopter pour passer un troupeau de brebis
Les brebis seront souvent protégées par un patou. Le patou, c’est un gros chien de berger blanc. Son rôle est de garder le troupeau. Pour lui, vous pouvez représenter une menace pour les animaux. Il est donc fréquent que le patou se mette à courir vers vous quand vous approchez du troupeau. Il est indispensable de ne pas vous affoler si cela arrive. Le parc national des Écrins a réalisé une excellente vidéo pour expliquer comment réagir face aux chiens de troupeau.
Vous l’aurez compris, comme avec les vaches, il faut contourner les brebis pour éviter de les déranger. Avec un peu de chance, vous n’aurez pas à affronter le patou qui se contentera d’aboyer depuis les abords du troupeau. S’il approche, essayez de lui parler, ne le fixez pas dans les yeux et ralentissez. Ne montrez aucun signe d’agressivité. Si vous avez un chien, il est impératif qu’il soit tenu en laisse. Mettez un objet entre le chien et vous, mais attention à ne pas vous montrer agressif. Ne jamais utiliser vos bâtons de marche pour tenir le chien à distance, il se sentirait agressé.
Les animaux de montagne : la faune sauvage
Si vous vous levez de bonne heure, vous aurez de bonnes chances de rencontrer la faune sauvage qui peuple les vallées. Dans les Pyrénées, vous pourrez aisément voir isards, marmottes et vautours fauves. Les plus chanceux tomberont sur le Gypaète barbu, plus grand vautour d’Europe. Vous pourrez également avoir le privilège de voir des bouquetins ibériques selon le massif que vous fréquentez.
Nous avons vraiment une chance inouïe d’avoir autant d’animaux sauvages autour de nous. Pour nous, chaque sortie est une nouvelle tentative d’observer cette faune magnifique. Il est cependant important de déranger le moins possible ces animaux. Avec des espaces naturels de plus en plus restreints, leur habitat se réduit un peu plus chaque année. Nous construisons des routes, villages, stations de ski et de sports d’hiver, sentiers de randonnée et VTT qui amenuisent le milieu de vie des animaux de montagne.
Pour les observer, équipez-vous de jumelles ou d’un zoom puissant. Nous avons une paire de jumelles Frehel 10×32 qui permettent un grossissement x10. En ce qui concerne les photos, l’objectif XF 100 – 400 f 4.5 -5.6 de Fujifilm est un véritable bijou. Son piqué est excellent et il permet d’immortaliser les rencontres avec isards, marmottes et vautours tout en restant à distance.
Les isards des Pyrénées
Les isards sont une espèce endémique des Pyrénées. S’il ressemble fortement au chamois des Alpes, il s’agit bel et bien de deux espèces différentes. C’est un animal de montagne, gracieux et très intelligent. L’isard des Pyrénées est capable de grimper 1000m de dénivelé positif en 15 minutes. Même les meilleurs traileurs du monde ne peuvent pas faire ça.
La forte pression de chasse jusque dans les années 1960 a failli le voir disparaître. Protection et réintroduction ont permis l’établissement de belles populations désormais.
Dans notre vidéo sur les isards dans les Pyrénées catalanes, nous avons eu la chance de tomber sur une harde d’au moins 40 individus. C’est un spectacle fantastique qui restera gravé dans nos mémoires pour longtemps. Notre plus grande fierté, c’est probablement le fait de ne pas avoir dérangé ces animaux. L’approche a été longue et minutieuse, vent de face. Cela nous a permis d’être discrets et de les observer pendant plusieurs heures.
Nous avons également rencontré deux belles hardes lors de notre circuit autour des lacs d’Ayous et du Pic du Midi d’Ossau.
Les vautours dans les Pyrénées
Le vautour a subi la même pression intense que l’isard. Considéré à tort comme un danger pour les brebis, il a failli disparaître de la carte en France. Il y a 4 espèces de vautours dans les Pyrénées :
- Vautour fauve
- Vautour moine
- Gypaète barbu
- Vautour Percnoptère
L’impact humain est malheureusement un facteur important dans la baisse de population de toutes les espèces de vautours. Le vautour fauve semble subsister puisque nous en croisons tout de même bon nombre, presque à chaque visite de la haute montagne. Les vautours sont des charognards, ils se nourrissent des cadavres d’animaux.
Le Gypaète barbu prélève les os et les emmène très haut dans le ciel. Il les lâche sur des rochers pour les briser et en manger le contenu. Un oiseau fascinant !
Les marmottes
C’est l’un des animaux les plus mignons qui existent. Les marmottes sont vraiment attachantes avec leur petite bouille. Elles vivent dans des terriers. Ces galeries sont de véritables réseaux sous-terrain qui peuvent atteindre 50m de long. Les marmottes s’y réfugient à l’approche du moindre danger, après avoir sifflé pour prévenir les autres.
À la fin du printemps, les petits viennent de naître, ces petites boules de poil ignorent encore tout du monde qui les entoure. Naïfs, ils sont faciles à observer. Ce n’est pas une raison pour vous approcher trop près et les toucher ou nourrir.
Bouquetins ibériques dans les Pyrénées
Alors qu’ils avaient totalement disparus depuis plus de 100 ans, les bouquetins ibériques sont de retour dans les Pyrénées. C’est grâce à l’excellent travail du Parc National des Pyrénées qui a engagé un travail de réintroduction dans les années 2000. Aujourd’hui, plus de 200 individus peuplent le massif ! Nous avons eu le plaisir d’en croiser lors de notre randonnée au pic du Montcalm. Peu farouches, ces animaux sont tout de même très sensibles à l’impact humain. Ils ne doivent pas être approchés de trop près afin de ne pas les déranger. Les mâles se distinguent par leurs longues cornes recourbées.
Les bouquetins ibériques bagués sont identifiés pour le suivi par les équipes du Parc.
Chamois des Alpes
Dans les Pyrénées, nous avons les isards. Dans les Alpes, nous avons eu l’occasion de rencontrer leurs cousins les chamois. Leur comportement est assez similaire à celui des isards et pour trouver un dimorphisme entre les deux espèces, il faut se lever tôt !
Nos randonnées dans les Alpes nous ont donné l’occasion d’observer de nombreux chamois. Ces animaux sont vraiment impressionnants quand ils se déplacent en montagne. Leur grâce est couplée à des performances vraiment exceptionnelles.
Bouquetin des Alpes
Les Alpes disposent également de leur espèce de bouquetin endémique. Cet animal n’est vraiment pas farouche, ce qui a conduit au déclin des populations lorsque sa chasse était permise. Nous avons observé de nombreux bouquetins des Alpes pendant nos randonnées au lac de Peyre et au refuge de Presset. Malheureusement, de nombreux touristes pensent qu’il s’agit d’un animal de compagnie et s’approche très -trop- près au point de prendre des selfies avec ces animaux sauvages.
Pourquoi il ne faut pas nourrir les animaux sauvages ?
Il est dangereux pour la santé des animaux de leur donner de la nourriture. Outre le fait que leur organisme n’est pas habitué à digérer les produits de notre alimentation, les habituer à de la nourriture facile peut les mettre en danger. Lors des périodes difficiles où la nourriture naturelle se fait rare, les animaux développent leur instinct de survie. Or, s’ils ont été habitués à être nourris par l’Homme, ils peuvent renoncer à chercher dans l’espoir que cela se reproduise. Donner à manger aux animaux sauvages les encourage également à se rapprocher des humains.
Si cela vous semble être une bonne action, il n’en est rien. Certains utilisent également la nourriture pour attirer les marmottes et les prendre en photo. Ce comportement est irresponsable. Pourquoi ne pas vous contenter de les observer manger leur nourriture naturelle et éviter autant que possible de les déranger ?
Randonnée avec son chien
La consigne est claire : dans le Parc National des Pyrénées, les chiens sont interdits. Sont autorisés uniquement les chiens de berger pour conduire ou protéger les troupeaux et également les chiens guides d’aveugles ou de recherche de personnes disparues. Nous avons pourtant vu énormément de gens randonner avec leur chien dans l’enceinte du Parc National cet été. Les panneaux sont bien mis en avant, mais certains semblent volontairement les ignorer.
Ce n’est pas pour priver vos amis à 4 pattes de leur liberté qu’ils n’ont pas le droit d’entrer dans le parc national. Il faut savoir que les parcs nationaux sont des réserves naturelles. Il s’agit des rares lieux où la faune et la flore sont entièrement protégées. La présence de votre chien peut perturber les animaux de montagne qui trouvent refuge dans le parc. Ils sont effectivement perçus comme des prédateurs et engendrent du stress sur la faune sauvage. Il peuvent également transmettre des maladies au moyen de parasites.
En dehors du Parc National, c’est au cas par cas. Certaines communes ont mis en place des mesures visant à obliger la tenue des chiens en laisse sur les sentiers de randonnées. Il s’agit d’arrêtés préfectoraux et des panneaux signalent les règles à respecter.
Beaucoup de maîtres de chiens ont bravé les interdictions du Parc National cet été et s’étonnent quand on leur fait une remarque à ce propos. Il existe de nombreuses possibilités de randonnées où vous pouvez amener votre chien. Respecter les règles du Parc National permet de conserver un libre accès à ces espaces naturels, mais surtout, de les préserver au maximum.
Amoureux de la nature et de la montagne, pourquoi ne pas vous plier à ces petites exigences pour conserver une montagne sauvage autant que possible ?
Animaux de montagne : mot de la fin
J’espère que ces quelques images de la magnifique faune des Pyrénées vous auront donné envie de la protéger. Respecter les animaux, c’est aussi bien ne pas essayer de se prendre en photo à côté d’eux que ne pas les nourrir. C’est également ne pas les effrayer autant que possible. Mais c’est surtout ramasser ses déchets et ne rien laisser derrière soi. Si vous ne connaissez pas encore les règles, je vous invite à lire mon article relatif au bivouac dans les Pyrénées.
En ce qui concerne les animaux d’élevage, ces troupeaux ne sont pas non plus des attractions touristiques. Ils ne sont pas là pour que vous vous preniez en photo à leurs côtés. Ni pour recevoir des caresses et autres gestes affectueux.
L’Homme cause beaucoup de dégâts à la nature et à la montagne. Lorsque l’on part en randonnée, nous mettons tout en œuvre afin de réduire au maximum notre impact.
Cela passe par le ramassage des déchets trouvés en chemin, la limitation maximale de notre consommation de plastique et le respect de la nature et des règlementations en place pour sa protection. Cet article sur les animaux de montagne vous a plu ? N’hésitez pas à nous faire part de votre ressenti en commentaire.
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Quel que soit le massif, nous partageons toutes les informations pour vous permettre d’explorer à votre tour et d’observer la faune de montagne dans son milieu naturel.
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Ben & Ania sont deux aventuriers amoureux de la nature et passionnés par ce vaste monde qui nous entoure. Quand ils ne sont pas sur les sentiers de randonnées, par monts et par vaux, ils créent du contenu pour les entreprises qui font appel à leurs talents. En travaillant à distance, ils peuvent se permettre de voyager en continu. Pour ça, ils ont choisi Jolly-Jumper, un camping-car Hymer B534 de 1990. Découvrez leurs univers faits de sommets enneigés, de treks loin de la 4G et de feux de camps bien arrosés. Pour ne rien louper, suivez leurs aventures sur ce blog ou via leurs réseaux sociaux !
[…] Les vautours sont de retour, ils ont dû déjà terminer leur festin. Ils se mettent à défiler tour à tout, à flanc de montagne. J’arrive à changer d’objectif suffisamment vite et à en capturer quelques images. Je ne me lasserai jamais du spectacle qu’offrent les animaux sauvages de montagne. […]
[…] et de réaliser une fois de plus de chouettes clichés. Connaissez-vous les bonnes pratiques pour appréhender correctement les animaux de montagne […]