Après avoir séjourné à Westport pendant un mois, il était temps de reprendre la route. La côte ouest de Nouvelle-Zélande, couramment appelée West Coast est une région à part entière. Le climat subtropical lui confère un biotope unique extrêmement riche. La pluviométrie annuelle y est impressionnante, mais cela ne semble pas affecter la bonne humeur permanente des locaux. Les rivières sont de couleur émeraude, les forêts luxuriantes et les chaînes de montagnes abritent des glaciers. Embarquez avec nous pour ce périple entre Westport et Wanaka, le long de la Tasman Sea, à la découverte des hauts lieux de la côte ouest de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande.
Aux environs de Westport
La ville de Westport, considérée comme la capitale de la région de la West Coast, est une petite bourgade de moins de 5000 habitants. Autant vous dire qu’en un mois, nous en avions vite fait le tour. Nous avons cependant trouvé que les environs sont assez intéressants. Le Cape Foulwind est notamment un arrêt de choix. Il dispose d’une petite colonie de phoques et d’une balade en bord de mer assez sympathique. Plus au nord, on trouve des petites marches le long des rivières et les plus aventureux iront jusqu’à Karamea, à l’extrême nord de la côte pour apprécier des paysages plus sauvages.
Nous avons effectué notre road trip en compagnie de Claire et Philippe, couple de Français avec qui nous échangions depuis un petit moment. Cela faisait un moment qu’Ania et moi n’avions pas partagé de moments sur la route en si bonne compagnie. C’est toujours un plaisir de faire un bout de chemin avec des gens intéressants avec qui on partage valeurs et vision des choses.
Pancakes Rocks de Punakaiki
En mettant le cap vers le sud, après avoir quitté Westport, la première étape se trouve à Punakaiki. À peine arrivés sur le parking, à la vue du nombre de vans de location, nous savions qu’il s’agissait d’un point d’intérêt touristique célèbre. Ces structures géologiques, appelées pancakes rocks pour leur forme rappelant une accumulation de pancakes dans une assiette, ont été formées par l’érosion au cours des dernières 30 millions d’années. L’accumulation de coquillages brisés en fragments minuscules, de sable et de roche calcaire, remués par les vagues et le vent ont donné lieu à ces étranges formations rocheuses.
Un phénomène naturel qui créé beaucoup d’engouement auprès de nombreux touristes qui viennent en masse pour se prendre en selfie devant les amas de roche. Les Pancakes Rocks de Punakaiki sont vraiment intéressants pour les amateurs de géologie. Les falaises abruptes et la Tasman Sea déchaînée après une tempête rendaient le paysage d’autant plus impressionnant pour nous.
Au niveau du village de Punakaiki, deux rivières terminent leurs courses dans la mer. Un sentier les longe et fait une boucle d’une 10ène de kilomètres. C’était une promenade paisible au cœur d’une forêt tropicale riche. Les arbres fougères sont toujours omniprésents. Il y avait déjà beaucoup moins de monde, les gens ne s’arrêtaient presque que pour les Pancakes Rocks.
Lake Brunner et Greymouth
Avant de rejoindre la charmante ville d’Hokitika, célèbre pour ses boutiques de vente de pierres précieuses (les jades) nous avons opté pour un crochet par le Lake Brunner. Ce grand lac naturel au milieu de la forêt offre des paysages magnifiques comparables à ceux de l’Europe du Nord ou du Canada. Les berges étaient paisibles, principalement parce qu’il n’est pas répertorié dans les guides touristiques et les rares habitations autour semblaient être des maisons de vacances inhabitées. Une étape vraiment sympa, hors des sentiers battus avant de retourner sur la route principale.
À Greymouth, pas grand-chose de très intéressant si ce n’est que nous avons dû rester 2 nuits à cause d’un petit problème technique sur le van. La batterie principale avait une perte de courant et n’était plus assez puissante pour la supporter. Donc le matin, nous étions contraints de démarrer avec les câbles et notre seconde batterie. Finalement, la fuite électrique fut trouvée et réparée et nous repartions avec une batterie neuve. Certains paysages de cette côte Ouest de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande nous ont agréablement rappelé la Tasmanie, une petite île préservée que nous vous encourageons à découvrir vivement.
Hokitika et ses jades
Hokitika est une charmante petite ville côtière. On ne peut pas en dire autant de la météo puisque nous y avons subi la journée la plus pluvieuse de notre séjour jusqu’à présent. C’était assez impressionnant, mais relativement fidèle à l’image de la côte ouest. C’est dans cette ville que vous pourrez vous procurer des bijoux ornés de jades. Il s’agit de pierres précieuses qui se trouvent dans les rivières ou sur les plages de la côte ouest de l’île du Sud de Nouvelle-Zélande. Elles existent également en Indonésie et en Chine principalement.
La Pounamu (nom maori pour les jades néo-zélandaises) ou Greenstone (nom anglais) doit traditionnellement être offerte. Pour les Maoris, ces pierres ont toujours eu une signification et une importance bien particulière. Elles représentent un indicateur du statut social et des valeurs de celui qui la porte.
Pour les habitants originels du pays du long nuage blanc, les Pounamu renferment également une dimension magique.
Pas question de se l’acheter ou de la tailler soi-même d’après les traditions locales donc. Moi qui voulais trouver ma propre pierre et m’en faire un pendentif, c’est loupé. Heureusement, Ania savait que je souhaitais vraiment ma Pounamu en guise de souvenir. Je ne suis pourtant pas du tout un amateur de bijoux ou de souvenirs, mais il y a quelque chose qui m’attirait vraiment avec ces pierres néo-zélandaises, leur histoire et leur signification pour le peuple maori.
Les glaciers de la côte ouest
La côte ouest de l’île du Sud de Nouvelle-Zélande compte plusieurs glaciers. Franz Josef et Fox sont deux d’entre eux et probablement les plus connus de toute l’île. Ils sont assez facilement accessibles, du moins leur pied, ou plutôt ce qu’il en reste. Ces glaciers, qui étaient autrefois d’envergure impressionnante, ne sont plus que l’ombre d’eux même. Le réchauffement climatique les fait fondre à vitesse grand V. Ils sont menacés et le gouvernement néo-zélandais ne semblent pas s’inquiéter outre mesure. Et les touristes qui arpentent ses parois non plus d’ailleurs.
LES SURVOLS DES GLACIERS EN HÉLICOPTÈRES
J’ai été effaré de voir le nombre de vols en hélicoptères au-dessus de ces merveilles de la nature en perdition. Pendant notre visite, les vols n’ont littéralement pas cessé. Toute la journée, le bruit des hélices en rotation venait briser le silence de la forêt. La pollution sonore n’est pas le seul problème à cette mascarade. C’est également une source importante d’émission de CO2 entraînant le réchauffement climatique. Pourtant, tout le monde sait que ces glaciers sont en train de fondre et que cela représente un danger pour la planète et les humains. Les kiwis ne semblent pas vraiment préoccupés par la montée du niveau des océans et les conséquences désastreuses de la fonte des glaces.
Ce qui m’a probablement le plus choqué, c’est la quantité de publicités pour ces tours organisés que l’on retrouve dans tous les points d’information du pays. Les organismes gouvernementaux comme le Department of Conservation (DOC) dont la mission principale est la protection et l’entretien des parcs nationaux en NZ organisent et promeuvent ces activités extrêmement énergivores sans complexe. C’est un non-sens total. Brûler des gaz à effet de serre à l’aplomb de ces glaciers en perdition, j’en parlais déjà dans mon article sur le bilan de nos 6 mois en Nouvelle-Zélande me met hors de moi. Le constater de mes propres yeux fut encore pire que ce que je pensais.
Il y a plus de 40000 vols annuels au-dessus du glacier Franz Josef. Une partie d’entre eux inclut une pose sur le glacier et une randonnée à même la glace avec un guide.
Ces activités touristiques sans aucun intérêt (autre qu’avoir sa photo sur la glace, équipé de crampons et d’un piolet) émettent une quantité astronomique de CO2. Alors oui, j’ai pris un avion qui a traversé la moitié de la planète. Mais ce n’est pas une raison pour ajouter un vol en hélicoptère afin d’assouvir mon unique plaisir visuel à mon bilan carbone de voyageur.
ALTERNATIVE AU VOL EN HÉLICOPTÈRE
Pour voir les glaciers de près, il n’est pas nécessaire de voler. Vous pouvez vous rendre aux pieds de ces monuments naturels par vos propres moyens. Un sentier relativement court et facile d’accès y mène. Pour ceux qui veulent prendre de la hauteur, il y a la randonnée Alex Knob Track. C’est une ascension de 9 km pour 1100m de dénivelé positif. Elle offre un excellent point de vue sur le glacier Franz Josef, mais également un panorama à 360 degrés sur les montagnes environnantes et la Tasman Sea. C’est un endroit absolument magnifique qui vaut très largement les efforts effectués pendant la montée. Il nous a fallu tout juste 2h30 pour atteindre le sommet et 2 petites heures pour redescendre.
Si vous vous rendez aux pieds des glaciers, vous pourrez constater la réduction massive de leur taille ces 50 dernières années. Mais c’est probablement l’accélération depuis 20 ans qui va vous choquer le plus. Si après avoir vu ça vous souhaitez toujours aller brûler de l’énergie fossile pour un vol en hélico, c’est que vous ne vous souciez pas vraiment de cette chère planète.
Je vois passer sur les forums Facebook des questions assez fréquentes sur « Quelle est la meilleure compagnie pour un vol en hélicoptère au-dessus des glaciers ? ». J’avoue être choqué par la quantité de gens qui, totalement décomplexés, renseignent sur leur expérience à ce propos. Il était même question de faire de la motoneige sur les glaciers très récemment. Les gens n’ont donc honte de rien ? Ils ne se rendent pas compte des conséquences de leurs actions ?
Fonte des Glaciers en nouvelle-Zélande & hélicoptères
Je devais être sacrément naïf pour ne pas me rendre compte de l’impact catastrophique du tourisme sur la nature. En parcourant les blogs et discutant avec d’autres voyageurs sur Instagram, je me rends compte que c’est pareil partout dans le monde. Que malheureusement, la plupart des gens qui font du tourisme ne se soucient pas de leur empreinte carbone. Ils se disent qu’il faut en profiter et se faire plaisir à tout prix avant qu’il ne soit trop tard. C’est assez désolant et de ce fait, me fait considérer avec encore plus d’importance notre bilan carbone.
Je suis assez remonté contre le DOC. Dans le centre d’information de Franz Josef, il y a un tableau coloré de nuances de vert. Sur ce tableau, on peut lire tout un tas de phrases en lien avec le changement climatique et sa menace, l’écologie et la nature. Il y a un coin avec une question et des Post-its sont à dispositions des visiteurs pour y répondre. Cette question est : « Comment pourrait-on réduire notre impact sur l’environnement ? ». Sérieusement ? À seulement une 10ène de mètres du comptoir pour réserver un vol en hélicoptère au-dessus des glaciers ? J’ai d’abord cru à une blague ou à un mauvais rêve, mais c’était bien réel.
Je suis conscient qu’en traversant la planète, je n’ai pas fait un cadeau à mon bilan carbone. Une fois de plus, je le répète, c’est un acte qui me fait beaucoup réfléchir. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons décidé d’adopter le slow travel et de rester le plus longtemps possible dans chaque pays et de limiter nos trajets aériens au maximum. Mais quand on a déjà traversé la planète, comment peut-on en remettre une couche avec ce genre d’activités sans se poser de questions ?
côte ouest de l’île du Sud de Nouvelle-Zélande : fin
Il nous a fallu plusieurs jours pour avaler la pilule des glaciers. On ne s’en est d’ailleurs toujours pas vraiment remis. Heureusement, la fin de la côte ouest était beaucoup plus calme et paisible. Nous avons retrouvé le bord de mer après avoir fait quelques arrêts notamment pour voir le lac de Paringa. Une fois le village d’Haast atteint, il faut à nouveau s’enfoncer dans les terres.
Direction Wanaka, mais avant d’y parvenir, une longue route de montagne spectaculaire vous attend. Le col d’Haast est magnifique. Sur la route, il y a les Blue Pools. Quand on a vu le nombre de voitures au parking, on a décidé de ne pas s’arrêter. Nos nombreuses randonnées hors des sentiers battus nous ont permis de découvrir des rivières à l’eau cristalline de même envergure, mais sans aucun touriste qui se prenait en photo devant.
L’arrivée au lac de Wanaka est un moment unique, absolument fantastique. La route qui descend du col offre un panorama splendide sur le début du lac. La rivière Makarora et sa transformation en plan d’eau translucide sont de pures merveilles. Il y a encore 60 kilomètres de route avant d’atteindre la ville de Wanaka. Cette route oscille sur les collines et longe également le lac d’Hawea, barrage artificiel à l’est du lac Wanaka. Il est tout de même très joli. Nous aurons droit à une magnifique lumière de fin d’après-midi qui nous vaudra quelques très jolies photos. De quoi achever en beauté ce road trip sur la côte ouest de l’île du Sud de Nouvelle-Zélande.
Côte ouest Nouvelle-zÉLANDE : ACTIVITÉS
Si vous souhaitez visiter les glaciers de la côte ouest de Nouvelle-Zélande et le célèbre Mont Cook, voici une sélection d’activités moins destructrices que le vol en hélicoptères. On n’encourage pas le saut en parachute, étant donné qu’il implique un vol dans un petit avion. Mais cela reste moins catastrophique que les très nombreux hélicoptères qui volent autour du massif toute la journée. Si vous deviez le faire une fois dans votre vie, c’est probablement le meilleur endroit.
Côte ouest Nouvelle-Zélande : un peu de positif
Si notre hiver et le début du printemps ont été difficiles à vivre, l’arrivée des beaux jours nous a fait du bien au moral. Le retour sur la route et les nouvelles rencontres y sont également pour beaucoup. Cette descente de la côte Ouest de l’île du Sud nous aura permis de découvrir des paysages nouveaux et variés. C’est donc tout contents que nous poursuivons notre chemin et l’exploration du Pays du Long Nuage Blanc.
L’épisode des glaciers, s’il a un peu entaché cette partie du voyage, nous aura donné pas mal à réfléchir. C’est toujours intéressant de prendre un peu de recul sur notre manière de voyager et de constater ce qui se fait autour de nous. Se pencher sur les différents modes de consommation, mais aussi sur l’impact de nos activités est très enrichissant. Cela permet d’aborder le voyage différemment et de prendre conscience de nos actions. L’article sur le bilan carbone du voyageur, prend ici tout son sens.
Si vous avez l’intention d’effectuer un vol en hélicoptère, réfléchissez à deux fois avant de vous lancer. Ces glaciers ne seront probablement plus là dans 20 ans. Ce n’est pas une raison pour aller les survoler. C’est même une raison supplémentaire pour ne pas le faire. Si vous l’avez fait, est-ce que vous aviez conscience de l’impact de ce geste ? Vous le regrettez ? Nous serions très curieux d’avoir vos témoignages en commentaires alors n’hésitez pas à nous donner votre point de vue sur cette controverse.
Ben & Ania sont deux aventuriers amoureux de la nature et passionnés par ce vaste monde qui nous entoure. Quand ils ne sont pas sur les sentiers de randonnées, par monts et par vaux, ils créent du contenu pour les entreprises qui font appel à leurs talents. En travaillant à distance, ils peuvent se permettre de voyager en continu. Pour ça, ils ont choisi Jolly-Jumper, un camping-car Hymer B534 de 1990. Découvrez leurs univers faits de sommets enneigés, de treks loin de la 4G et de feux de camps bien arrosés. Pour ne rien louper, suivez leurs aventures sur ce blog ou via leurs réseaux sociaux !
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J’avais aussi été choquée par l’histoire des glaciers, surtout que la majorité des chemins d’accès ont été fermés pour limiter la pollution (ou plus probablement pour faire dépenser plus aux touristes 😅).
Là on est à Kaikoura et on débattait de la pertinence d’aller voir les baleines en bateau quand je me suis rendu compte que la plupart des compagnies proposaient de les survoler en avion ou en hélicoptère. Je sais que le bilan carbone d’un voyage en NZ est forcément désastreux mais est ce qu’on a besoin de toujours en rajouter une couche ?
Je comprends l’envie de voir plein de choses extraordinaires mais si ca doit accélérer dramatiquement leur disparition, je préfère m’abstenir.
On a exactement la même philosophie. Et ça fait vraiment plaisir de lire que nous ne sommes pas seuls 🙂
La NZ a bâti la plus part de son business du tourisme sur des activités qui polluent et dénaturent son environnement. Le pays, les entrepreneurs mais également les touristes sont en cause.
Certains disent justement qu’après avoir fait 30h d’avion, un peu plus ou un peu moins de pollution ne change pas grand chose. Je pense que c’est justement ce genre de détails qui font la différence entre un voyage responsable et un voyage qui pollue.
J’espère qu’on va croiser votre route avant la fin de votre séjour 🙂